“Qui n’a pas été amoureux de Sophie Marceau?”

Ronja Räubertochter

Ronja était la fille la plus cool que j’aie jamais vue quand j’avais huit ans, même si son père était un vrai méchant (ndlr: en VF, le romand d’Astrid Lindgren dont est tirée cette série s’appelle Ronya, Fille de brigand). Je voulais la connaître, devenir son ami et partager toutes ses péripéties avec elle. Elle était tellement courageuse. Je regardais cette série religieusement. C’est ce qui m’a donné le goût des aventures en extérieur: escalader des montagnes, pénétrer dans des vieux bâtiments délabrés, ce genre de choses. 

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Heidi

J’ai grandi dans les montagnes du sud de l’Allemagne et Heidi était l’un de ces étranges dessins animés japonais conçus pour les téléspectateurs allemands. Il y en avait beaucoup à l’époque: les producteurs faisaient réaliser l’animation pour pas cher au Japon et produisaient le reste en Allemagne. Ils utilisaient de la musique allemande ou tchèque pour mettre par-dessus. J’ai toujours adoré les bandes-son de ces dessins animés. La plupart d’entre elles étaient écrites par un Tchèque qui s’appelait Karel Svoboda -ma préférée de toutes est celle de Pinocchio. Malheureusement, la musique de Heidi tire un peu trop vers le Schlager, mais ça ne m’empêchait pas de regarder ce programme avant d’aller me balader dans les montagnes. 

Billie Holiday

J’ai étudié le jazz pendant assez longtemps mais, honnêtement, je n’ai jamais vraiment aimé le milieu. Personne ne jouait par amour de la musique. On aurait dit du sport. Horrible. Mais, après ça, j’ai commencé à jouer dans un groupe de krautrock allemand qui s’appelait Embryo, et eux ne faisaient pas semblant. Ils jouaient formidablement bien de leurs instruments et uniquement pour de bonnes raisons. Le leader du groupe, Christian Burkhard, a été mon gourou pendant des années. Et l’est peut-être encore inconsciemment. Dans les années 60, il a tourné avec Mal Waldron, le pianiste attitré de Billie Holiday. Et, aussi fou que ça puisse paraître, j’ai moi aussi eu l’occasion de tourner avec lui. C’était une expérience tellement incroyable que j’en ai les larmes aux yeux rien que d’y penser. Cet homme était d’une grande humilité, et il pouvait tirer tout ce qu’il voulait d’un piano. Sa musique vous déchirait le cœur. Donc évidemment, on écoutait beaucoup Billie Holiday à cette période. Vraiment beaucoup. Elle est de loin ma chanteuse de jazz préférée. Quelle dimension tragique dans sa voix! Existe-t-il plus cool qu’elle? Je n’avais jamais ressenti ça avant. Je suis tombé amoureux, pour de vrai. 

Sophie Marceau

En voilà une spécialement pour vous, les Français. J’étais complètement amoureux de Sophie. Mais qui ne l’a pas été? J’imagine, qu’en France, tout le monde a vu La Boum, mais en Allemagne, ce n’était pas du tout aussi connu. Je ne sais pas trop pourquoi, mais je l’avais en vidéo. On le regardait secrètement avec mes amis et on s’entraînait à danser des slows. Ça nous a pris quelques années avant de pouvoir pratiquer pour de vrai. On recevait des enfants français dans notre école pour des échanges et les garçons roulaient des pelles à des filles que nous n’osions même pas regarder. Ils étaient toujours tellement en avance sur nous. Je les détestais. En tout cas, j’aime toujours cette chanson. Ah, les fantasmes d’ado…

Auntie Dot / Nana

En dehors de ma femme, ce sont les deux femmes les plus formidables que j’ai connues. Ma mamie (ndlr: Nana) vivait avec un couple plus âgé, tante Dot (ndlr: Auntie Dot) et oncle Bill et, quand on leur rendait visite à Liverpool, on rigolait toute la journée jusqu’à se pisser dessus. Ils ont été la plus grande source de bonheur de mon enfance. Ils jouaient aussi tous deux du piano extrêmement bien et on passait des heures autour d’eux dans le salon à chanter des chansons. J’aimerais beaucoup savoir jouer comme ça. J’essaie encore. J’aurais aimé qu’ils vivent pour toujours. Malheureusement, on ne trouve rien sur eux sur YouTube. Mais voici tout le gang, avec mon frère, ma sœur et ma maman dans ce fameux salon.

Propos recueillis par Faustine Kopiejwski