Sélectionné pour son premier film à La Quinzaine des réalisateurs du dernier festival de Cannes, Guillaume Gallienne signe l’adaptation de son one-man show autobiographique écrit en 2008 et réussit l’exploit de tenir à la fois son propre rôle et celui de sa mère. Mais à qui s’adresse-t-il vraiment?
1- Aux personnes trop prudes pour aller voir “L’Inconnu du lac”
“Jouissons sans entrave!” Tel aurait pu être le slogan du soixante-sixième festival de Cannes tant les questions du sexe, du genre et de l’amour ont traversé nombre des films sélectionnés cette année. L’Inconnu du lac d’Alain Guiraudie, La vie d’Adèle d’Abdellatif Kechiche, Les Rencontres d’après minuit de Yann Gonzalez furent autant de manières de filmer l’amour et d’en proposer des définitions renouvelées. Si les approches et les discours des cinéastes diffèrent et parfois même s’opposent, une même préoccupation les lie, celle de l’identification du désir et sa réalisation. Le film de Guillaume Gallienne, nettement plus prude mais aussi plus comique, est traversé par la même question et décrit la trajectoire d’un jeune homme qui tente de dessiner les contours de son désir.
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2- Aux garçons qui aiment se déguiser en princesses, aux filles qui aiment jouer aux cowboys
Guillaume n’aime pas le sport et adore se déguiser en princesse et, puisqu’il se livre à des activités traditionnellement réservées aux filles, ses parents pensent qu’il aime les garçons. CQFD. Mais ce n’est pas tant l’hypothétique homosexualité du garçon qui dérange son entourage, -quoiqu’il n’échappe pas aux insultes et aux humiliations quotidiennes-, que le décalage entre ce qu’il fait et ce que, en tant qu’être de sexe masculin, il est censé faire. Guillaume Gallienne interroge ici les rôles et les fonctions que l’on associe à l’homme et à la femme, joue et rit des codes pour pouvoir s’en affranchir.
3- À toutes les femmes
Véritable déclaration faite aux femmes, Les garçons et Guillaume, à table! révèle l’attention et l’admiration avec lesquelles Guillaume Gallienne observe les femmes depuis sa plus tendre enfance, reprenant leurs gestes et leurs voix avec une rare délicatesse. C’est en incarnant le rôle de sa mère, aristo excentrique et gouailleuse que le sociétaire de la Comédie-Française montre l’étendue de son talent et réussit sans difficulté à échapper à la caricature. Il offre aussi à ses actrices de bien jolis rôles, à Diane Kruger notamment, qui brise son image habituellement si lisse. Enfin, Guillaume Gallienne souligne au passage le machisme ambiant et ça, comme le dit si bien le titre de son émission sur France Inter, Ça peut pas faire de mal!
Louise Riousse
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