Chaque semaine, Clélie Mathias, auteure de On n’est jamais mort en politique!, décrypte un échec politique dans l’actualité.
“Je ne veux pas qu’il arrête”, rouspète Louis Sarkozy apprenant la défaite de son père. Il semble bien le seul à être triste ce dimanche 6 mai 2012 à l’Élysée.
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Dans son documentaire Campagne intime sur Nicolas Sarkozy, Farida Khelfa, une proche de l’ex-couple présidentiel, a eu la chance de filmer un moment rare: un vaincu dans son intimité. Et pourtant, le résultat est étonnant, quelque peu déroutant même. Au moment de la défaite, paroxysme attendu de ce film, il ne se passe… rien!
Pas de larme, pas d’étreinte, pas de regrets, pas de colère, même pas un commentaire sur le gagnant. Rien. Un dimanche soir ordinaire en somme. Tout le monde est tranquille. À commencer par Carla Bruni (véritable objet de ce documentaire, il faut quand même l’admettre!). C’est l’un des rares moments en cinquante-deux minutes où la première dame ne chante pas, mais elle paraît totalement indifférente à l’événement. Comme si elle s’en réjouissait même. La voilà qui va de chambre en chambre annoncer la défaite aux enfants: “C’est probablement pas sûr (qu’on puisse gagner)”, plaisante-t-elle.
Quant au principal intéressé, quelle sérénité! Lui qu’on dit pourtant colérique est étrangement calme. Nicolas Sarkozy relit à haute voix son discours de défaite devant son équipe, quelques ministres et anciens ministres. Comme si de rien n’était. Comme s’il s’agissait d’une banale réunion.
Enfin, Édouard Balladur arrive! Le président défait le reçoit à part. Ahhhh!!! Il va sans doute se passer quelque chose… Nicolas Sarkozy va-t-il se livrer? Va-t-il enfin se confier à ce proche conseiller?
Non.
Quel intérêt de filmer l’intimité si c’est finalement pour n’en montrer que très peu?
Les deux hommes, rejoints par Carla Bruni, échangent quelques mots. Très peu d’ailleurs. Il est question d’un éventuel retour. Nicolas Sarkozy ne se voit pas en “recours”. On lui conseille tout de même de ne pas fermer de portes. Conseil qu’il suivra.
Étranges, étranges tout de même, ces réactions placides… J’ai du mal à y croire. Comment peut-il rester de marbre alors qu’il a mené une campagne éreintante et qu’il finit par se faire battre par un adversaire qu’il n’a même pas vu venir? Quelle humiliation pour un homme comme lui! Alors pourquoi ne voit-on pas ce Nicolas Sarkozy-là?
Les scènes véritablement intimes auraient-elles été coupées? Quel intérêt de filmer l’intimité si c’est finalement pour n’en montrer que très peu? Quel intérêt de filmer Nicolas Sarkozy en peignoir en train de faire des papouilles à sa fille si c’est pour passer à côté de la véritable humanité du personnage? Mauvais choix de communication, si cela en est un!
Finalement, le seul sincère dans ce documentaire, c’est le plus jeune fils, Louis, dans le couloir. La vérité sort de la bouche des enfants.
Clélie Mathias
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