Chaque semaine, Clélie Mathias, auteure de On n’est jamais mort en politique!, décrypte un échec politique dans l’actualité.
“- I missed something once before. I won’t… I can’t let that happen again.
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– It was ten years ago. Everyone missed something that day.
– Everyone is not me.”
Ceux qui connaissent la série Homeland auront reconnu le générique.
La saison trois vient de démarrer aux États-Unis.
Mais la France n’est pas en reste. Nous aussi, on a notre Carrie Mathison!
Une héroïne blonde au teint pâle qui voit/prend des ex-otages pour des agents doubles.
“J’ai ressenti un malaise en voyant ces images (ndlr: la libération des otages français au Niger) (…). On avait l’impression de voir des images d’hommes qui étaient très réservés, deux portaient la barbe taillée de manière étonnante… L’habillement était étrange… et cet otage avec le chèche sur le visage, cela mérite peut-être quelques explications de leur part…”
Ouhhhhh… On imagine déjà la suite. Flash au noir. Changement de décor. Une table dans une pièce fermée. Des caméras sur les murs. À peine libéré, l’un des otages est assis, enchaîné. La blonde vient lui parler: “Pour qui travailles-tu maintenant? As-tu été retourné? Es-tu un espion au service d’Al-Qaida au Maghreb islamique?”
Je viens de me rendre compte que la blonde n’était pas une actrice dans un décor de la CIA. Mais une femme politique au micro d’Europe 1 ce jeudi matin. Désolée. J’ai confondu.
Stoooooppppp… On arrête tout. Je me suis trompée. Je viens de me rendre compte que la blonde n’était pas une actrice dans un décor de la CIA. Mais une femme politique au micro d’Europe 1 ce jeudi matin. Désolée. J’ai confondu. L’espace d’un instant, j’ai cru à un spoiler de Homeland.
Il s’agissait en fait de Marine Le Pen.
Eh oui. Visiblement, la présidente du Front National a trop regardé la série américaine. Elle s’y est crue. Erreur. Échec même!
Nous voici en présence d’un bel exemple de dérapage. Comme à l’époque de son père.
Et en seulement quelques phrases, Marine Le Pen a saboté des années d’effort pour la dédiabolisation du parti. Comment apparaître comme une femme politique responsable quand on ose de tels amalgames?
Elle s’est bien rendu compte du problème d’ailleurs. Preuve en est: ce rétropédalage un peu plus tard dans la journée quand elle a expliqué qu’il fallait y voir une maladresse d’expression.
Bref, quitte à regarder des séries, elle ferait mieux d’oublier Homeland et de passer à Borgen, une femme au pouvoir.
Clélie Mathias
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