Davantage familière des plateaux que des planches, l’actrice Sabrina Ouazani est à l’affiche de sa première pièce de théâtre, Amour sur place ou à emporter. Rencontre en avant-première.
On se doute qu’avant de monter sur les planches pour la première fois, les comédiens sont toujours stressés. Mais Sabrina Ouazani se rajoute des petits défis personnels, puisqu’elle a décidé de rentrer de Dubaï le matin même de la reprise d’ Amour sur place ou à emporter dont elle est à l’affiche au Théâtre du Gymnase. Et a raté son avion. En retard sur tout son planning, elle en a oublié qu’elle avait rendez-vous avec Cheek. Fair-play, elle a quand même répondu avec le sourire à nos questions, deux heures avant de monter sur scène pour sa première -qui n’en est pas tout à fait une, car elle a déjà joué, cet été, le rôle originellement tenu par Amelle Chahbi. La pièce explore les différences culturelles au sein du couple, particulièrement comiques quand ce dernier est composé d’un noir et d’une arabe. Interview en avant-première.
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Comment te sens-tu à deux heures de la reprise?
Stressée, car ça fait un mois qu’on n’a pas joué. On a fait un filage rapide avec Oumar Diaw aujourd’hui et j’ai eu quelques trous. Mais je suis hyper contente de reprendre. Le jour de ma vraie “première”, il ne fallait pas me parler, j’avais envie de mourir tellement j’avais le trac!
Tu as un rituel avant d’entrer en scène?
Oui, je fais plein d’exercices que je ne faisais pas au cinéma. Par exemple, je fais un truc très bizarre que Lambert Wilson m’a appris: je dis mon texte en tirant la langue très fort, ça permet de relâcher la mâchoire. Omar se fout de ma gueule, mais ça marche! Avec lui, on a un autre rituel. On se met sous un halo de lumière rouge qui ne s’allume que quelques secondes avant le début de la pièce, on se tape dans les mains et on se dit: “On va s’amuser!”.
Tu es superstitieuse?
Oui, et je fais des trucs que ma mère m’a transmis. En général, avant de me lancer, je me dis toujours un petit “bismillah”, qui veut dire “au nom de dieu”, pour m’envoyer des bonnes vibes.
Y aura-t-il quelqu’un de spécial pour toi dans la salle ce soir?
J’ai une amie qui est de passage à Paris, donc elle vient ce soir car elle ne pouvait pas à un autre moment. À ma première “première”, il y avait des amis proches, ma famille, mon agent. J’en avais besoin, même si avec le recul je me dis que j’étais meilleure au bout d’une semaine. Mes parents, eux, ont pris l’habitude de venir me voir une fois par semaine, c’est un rituel entre nous, d’autant plus étonnant que mon père n’avait jamais trop regardé mes films avant, il y avait une sorte de pudeur de sa part. Mais maintenant il se lâche. Un soir, il a même crié dans la salle “C’est ma fille!”, j’étais hyper émue.
Est-ce qu’on se prépare de la même façon pour une pièce que pour un film ?
Pas du tout. Surtout moi qui n’apprends jamais mes textes avant un film, pour laisser une grande part à la spontanéité. Au théâtre, ce n’est pas possible, on n’a pas le droit à l’erreur, on répète avant pendant un mois. Ce que j’ai découvert sur scène, c’est l’interaction avec le public que tu n’as jamais au cinéma, où tu dois attendre un an après la fin du tournage pour avoir les premières réactions. Là, c’est immédiat, les gens viennent me voir à la fin, ils réagissent pendant le spectacle, j’adore!
Y a-t-il une chose qui te stresse particulièrement avant de monter sur les planches ?
Oublier mon texte. Ça m’est arrivé une fois au début, quand c’était encore Noom Diawara qui jouait avec moi, et il m’a relancée un peu plus tard dans la scène. Je m’en voulais, mais je me suis rendu compte après le spectacle que personne n’avait rien vu, alors autant ne pas le dire. (Rires.)
C’était dur de passer après Amelle Chahbi ?
Ce n’est pas évident de reprendre un rôle, et c’était flippant de passer après Amelle, qui était une copine avant la pièce, et qui est devenue une amie. Heureusement, elle m’a bien coachée, elle m’a dit de mettre ma patte, que désormais c’était mon rôle et qu’il fallait que j’en fasse quelque chose qui me ressemble.
Maintenant que tu as découvert le théâtre, quel personnage rêverais-tu de jouer ?
Juliette, dans Roméo et Juliette. J’ai adoré le livre, la pièce et le film Roméo+Juliette (ndlr: de Baz Luhrmann). D’ailleurs je pense que je connais plein de répliques par cœur à force de le regarder!
Propos recueillis par Myriam Levain
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