En plus d’avoir une belle gueule, Jason Silva, le présentateur de “Brain Games”, a des neurones.
Ce n’est pas parce qu’il est beau que Jason Silva n’a rien dans le crâne. Au contraire: ce philosophe de 31 ans, élevé au Venezuela et installé à New York, présente sur la chaîne National Geographic l’émission “Brain Games”, qui décrypte sur un mode pédagogique et ludique tout ce qu’est capable de faire notre cerveau. Ce passionné de technologie, habitué des conférences Ted et fin connaisseur d’Albert Camus, confie qu’il n’a qu’une angoisse: qu’on ne sache pas qu’il réfléchit. Qu’il se rassure, on a bien compris qu’on avait affaire à une tête.
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Quel est ton philosophe préféré?
Parmi les classiques, j’aime beaucoup Nietzsche et Kierkegaard. Je trouve les théories de Kierkegaard sur la schizophrénie et la dépression super intéressantes. Mais je m’intéresse aussi à des philosophes contemporains, comme Ernest Becker, qui a écrit The Denial of Death et analyse comment l’être humain, conscient qu’il va mourir, construit des remparts à la mort comme l’art ou la religion. Enfin, j’adore Erik Davis et sa théorie de la techgnosis: avant, on recherchait la transcendance à travers la religion, aujourd’hui on la cherche dans la technologie.
De la philosophie à la science, il n’y a qu’un pas?
J’aime beaucoup le va-et-vient qui existe entre la métaphysique et la physique. La transcendance est un phénomène cérébral qui peut être chimique mais c’est aussi ce qui définit notre humanité: c’est la religion, Dieu, Gaïa… nous avons le désir d’être connecté au sacré et à l’inspiration. J’aime cette danse entre la philosophie et la science. J’ai toujours été intéressé par la science, la technologie et tous les domaines liés aux idées. Je crois que ce que j’aime par-dessus tout, c’est m’émerveiller; je suis accro à la fascination, car ça me met dans un état d’exaltation.
Enfant, te posais-tu déjà des questions métaphysiques?
Ma mère est une artiste et ma maison au Venezuela a toujours été pleine de sculptures bizarres. Par exemple, quand j’avais 14 ans, il y en avait une représentant une jeune mariée couchée dans une ambulance, voilée et ligotée, avec un tatouage disant “voici la mariée nue et attachée, tout le monde fête son suicide”. Voilà ce qu’était la vision de ma mère du mariage, après avoir divorcé de mon père (rires). Tu peux imaginer ce que c’est, une enfance comme ça. Ma mère mettait son cerveau et sa créativité au service de son art et m’a toujours encouragé à m’exprimer sans censure.
Tu étais bon à l’école?
J’étais bon quand j’aimais la matière. Si le prof m’inspirait, j’avais de bonnes notes, sinon j’avais tendance à m’ennuyer.
Combien de langues parles-tu?
J’ai étudié le français au lycée mais je ne le parle pas vraiment, je préfère écouter les femmes françaises, je trouve ça tellement sexy! Plus sérieusement, je parle anglais et espagnol. J’ai grandi au Venezuela mais j’allais à l’école américaine, donc j’ai toujours lu en anglais. Je dirais que mon anglais est plus élaboré tandis que mon espagnol est ma langue de conversation. Et si je ne trouve pas le mot en espagnol, je l’ai généralement en anglais. J’ai lu dans le New York Times que les personnes bilingues développent davantage d’outils cognitifs: parler deux langues, c’est un peu avoir deux systèmes de compréhension, deux cerveaux en un.
As-tu des passions secrètes un peu geek?
J’aime aller seul au ciné en pleine journée. J’ai adoré la trilogie de Richard Linklater, Before Sunrise, Before Sunset et Before Midight. Mais j’ai été déçu par le dernier, j’imagine que c’est ce qui arrive quand on obtient ce qu’on veut. Alors que les premiers parlaient de désir… J’aime aussi marcher dans un parc avec mes amis philosophes et littéralement philosopher pendant deux heures.
Propos recueillis par Myriam Levain
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