Tous les vendredis, retrouvez les aventures de Romy Idol. Mecs, boulot, famille, quotidien: Romy, c’est nous en pire.
C’était un soir de mars. Il faisait clairement un temps à ne pas mettre Jean-Paul Sartre dehors et je serais bien restée, moi aussi, vautrée sur le canapé, ambiance détendue du coussinet. Hélas, le lecteur DVD de ma freebox était bien entendu coincé et mon Télé Z ressemblait à l’annuaire du néant. Bien sûr, je ne dis pas que je n’ai pas hésité (il y avait quand même l’intégrale des clips de Christina Aguilera en version espagnole sur Clubbing TV), mais il faut parfois se faire violence: c’était décidé, j’irais au cinéma. Après moult hésitations, mon choix s’était porté un peu par hasard sur un film avec Ryan Gosling et Bradley Cooper au générique, ainsi que le mot “pines” dans le titre.
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Nolan35 parlait d’un “très bon film taciturne” quand floflo2204 évoquait “une histoire originale, prenante et par-dessus tout terriblement triste”.
Les spectateurs lui avaient attribué la note spectaculaire de 4 étoiles, nolan35 parlait d’un “très bon film taciturne” quand floflo2204 évoquait “une histoire originale, prenante et par-dessus tout terriblement triste”. Terriblement triste, oui, notamment parce qu’à un moment -ATTENTION, SPOILER-, Ryan Gosling meurt. Et c’est là que ça coince. Moi je m’en fiche que Ryan Gosling y passe au bout de trente minutes, vu que, de toute façon, il est amoureux d’Eva Mendès (quand j’avais appris la nouvelle, j’avais surmonté ma peine avec l’aide du professeur Abouba.) Non, ce qui m’a tuée, moi, c’est que la greluche assise à deux sièges de moi, pendant la scène fatidique, elle était carrément MORTE DE RIRE. Ambiance le mec il se fait éclater la cervelle, l’assistant maquillage s’est galéré à nous faire une belle marre de sang bien réaliste, c’est tragique à souhait, et la meuf, elle rit.
Il y a des fois, comme ça, où les gens ont très envie de rire. Ils font la roulette russe sur Allociné et, quel que soit le film sur lequel ils tombent, ils veulent que ça leur “donne la banane”.
Ça fait une demi-heure que le film a commencé, tout le monde a bien compris que c’était un gros mélo qui allait t’arracher toutes les larmes de ton corps (et je rappelle qu’on est tous composés de l’équivalent en eau de vingt-six bouteilles de Breizh Cola), mais la meuf, elle croit qu’elle est en train de regarder Astérix. Il y a des fois, comme ça, où les gens ont très envie de rire. Ils font la roulette russe sur Allociné et, quel que soit le film sur lequel ils tombent, ils veulent que ça leur “donne la banane”, au mépris des avertissements de floflo2204. La liste de Schindler? Mouahahahah. La vie de Jésus? On dirait Bienvenue chez les Ch’tis, en plus fun. Amour de Haneke? Ça aurait dû s’appeler Humour.
Ma copine Sonia a une théorie là-dessus, elle pense que c’est à cause de la crise, les gens en ont marre, leur quotidien est trop rance, ils voudraient que leur vie soit un smiley géant mais c’est loin d’être le cas alors ils guettent la blague, coûte que coûte, et si elle n’arrive pas ils se la fabriquent tous seuls. D’où l’étonnant succès de Happiness Therapy et l’hilarité générale qu’il déclenchait en salles, alors qu’il faut bien le dire, ce film n’est PAS DRÔLE, il est même glauque (mais il y a le mot “happiness” dans le titre en France, comme une injonction à se poiler).
Je dis que, crise ou pas, la greluche à gauche, elle n’avait même pas encore de dents qu’elle se fendait déjà la poire devant Bambi -qui, comme chacun sait, comporte l’une des scènes les plus insoutenables de l’histoire du cinéma.
Il y a sans doute du vrai dans la théorie de Sonia, mais moi je dis que, crise ou pas, la greluche à gauche, elle n’avait même pas encore de dents qu’elle se fendait déjà la poire devant Bambi -qui, comme chacun sait, comporte l’une des scènes les plus insoutenables de l’histoire du cinéma, pas très loin d’E.T. Pourtant, il y a parfois de bonnes raisons de rire, même dans un mélo. Dans celui dont je parle aujourd’hui, il y a par exemple le stylisme catastrophique de Ryan Gosling, qui ressemble à un métalleux d’Ibiza. Ou sa décoloration ridicule, qui lui donne des airs de balayette anémique. Mais ça, Martine à gauche, ça lui passe au dessus de la tête. Elle rit Martine, mais pas aux mêmes moments que moi. Elle et moi, on partage bien moins que du cinéma.
Romy Idol
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