Puisque Karl Lagerfeld inspire le monde de la mode, nous avons décidé de soumettre nos créatrices favorites à ses mantras. Profonds, futiles, dingues ou drôles, les propos du Kaiser ne laissent personne indifférent. Cette semaine, Tammy Lo, cofondatrice de la marque de maroquinerie Tammy & Benjamin, répond à l’interview “Karl vous parle”.
“Vous verrez, tout le monde confond la porte avec le mur mais c’est bien là qu’est l’entrée de notre showroom”, prévient Chloé Siegmann, la directrice de la communication de Tammy & Benjamin. En effet, dans cette petite rue du 12ème arrondissement parisien, une fois devant la porte, on a un doute; mais on reconnaît le logo et on frappe. C’est Tammy Lo, 31 ans, cofondatrice de la marque qui nous ouvre. Avec Benjamin Pincemaille, son associé, ils se sont lancés dans la maroquinerie en 2009. À l’époque, tout est fait “en mode artisanal”, ils participent à quelques salons professionnels “très confidentiels” et le bouche-à-oreille leur ramène leurs premières clientes.
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Ce n’est qu’au début de l’année 2013 que les choses sérieuses débutent: “On a commencé à avoir des stocks, des revendeurs et à faire des gros salons”, raconte Benjamin Pincemaille, 28 ans. Il vient du nord de la France et ce sont ses études d’ingénieur qui l’ont amené à Paris. Très vite, il change de voie et rejoint une école de commerce. C’est à cette époque qu’il rencontre Tammy Lo par l’intermédiaire d’amis en commun. “Je me serais bien passé des études, j’ai l’âme d’un autodidacte, confie Benjamin Pincemaille. Depuis que je suis petit, j’aime l’idée de construire des projets de A à Z. J’avais vraiment envie de lancer une entreprise; finalement, c’est tombé sur la mode par hasard quand j’ai rencontré Tammy.” Tammy Lo, elle, a étudié la communication d’entreprise à Hong Kong avant de venir s’installer à Paris en 2006 pour intégrer Esmod. “Quand j’étais enfant, je voulais devenir artiste ou créatrice, je faisais du piano et je dessinais”, se souvient Tammy Lo. La création finit par l’emporter. Et le choix de son association avec Benjamin Pincemaille n’est pas un hasard: “Je ne voulais pas avoir de chef et j’avais envie de bosser avec quelqu’un qui n’était pas créateur car deux créateurs qui travaillent ensemble, ça finit toujours mal! (Rires.)”, assure Tammy Lo. Cette dernière a voulu s’inspirer des sacs portés par nos grand-mères, “un objet qu’on connaît déjà, qui nous rappelle des souvenirs et avec lequel on se sent bien” mais aussi “quelque chose de pratique et joli à regarder”.
Instagram/tammyandbenjamin
Tandis que Benjamin Pincemaille s’occupe du développement commercial et Tammy Lo de la création, Chloé Siegmann, 25 ans, a rejoint le duo en 2013 pour travailler sur l’image et la communication de la marque. Leurs sacs -comptez entre 190 et 600 euros- et accessoires sont fabriqués en France, dans un atelier du 10ème arrondissement parisien. Non pas tant par défense de l’artisanat français que par simplicité: “C’est plus facile pour les contrôles et les changements de dernière minute, explique Benjamin Pincemaille, mais au niveau de la qualité, ce n’est pas forcément mieux.” Les pièces métalliques, elles, sont réalisées en Asie ou à Hong Kong tandis que les cuirs proviennent aussi bien du Brésil, d’Italie, de Chine que de France: “On regarde la qualité avant de regarder la provenance.” Avec une quarantaine de points de vente dans le monde -une dizaine en France- Tammy & Benjamin a pour ambition d’ouvrir sa propre boutique à la rentrée 2016: “On souhaite grossir et privilégier la vente en direct”, détaille Benjamin Pincemaille. Nous avons confronté Tammy Lo aux mantras du Kaiser.
“Je hais les montres, c’est la raison pour laquelle je suis toujours en retard.”
Je porte une montre car j’aime l’objet, j’adore l’avoir sur moi mais je ne la regarde jamais. D’ailleurs, je suis très souvent en retard. Quand j’étais enfant, je me faisais engueuler car j’arrivais en retard à l’école. Maintenant, j’assume, je ne me sens même pas mal quand j’arrive en retard à un rendez-vous, c’est juste que je ne peux pas être à l’heure!
Instagram/tammyandbenjamin
“Je trouve les tatouages horribles. C’est comme vivre dans une robe Pucci 24 heures sur 24.”
Le tatouage en lui-même n’est pas horrible mais certains le sont clairement! Personnellement, je ne suis pas tatouée, c’est comme si j’étais obligée de porter un pull Ed Hardy toute ma vie.
“Pensez rose, ne le portez pas!”
Non, je ne suis pas d’accord. Je trouve les rose pâles très poétiques, ils m’évoquent la nostalgie, la tristesse. C’est super quand on est dans ce mood-là.
“Les pantalons de jogging sont un signe de défaite. Vous avez perdu le contrôle de votre vie, donc vous sortez en jogging.”
Je pense en effet qu’on perd le contrôle de sa vie quand on laisse ses fesses s’affaisser! (Rires.)
“Si je pouvais être réincarné en un accessoire de mode, ce serait un shopping bag.”
L’idée de porter des choses lourdes ne me plaît pas du tout! Je préfèrerais être une pochette pour ne contenir que les choses essentielles.
Instagram/tammyandbenjamin
“Le vêtement ne doit pas t’aller, c’est toi qui dois aller au vêtement.”
On porte les vêtements, ce ne sont pas eux qui nous portent. Je pars du principe que l’on peut tout porter si l’on a confiance en soi.
“Je suis une sorte de nymphomane de la mode qui n’atteint jamais l’orgasme.”
C’est triste de penser comme ça!
“Si vous me demandiez ce que j’aurais préféré inventer dans la mode, je vous répondrais la chemise blanche. Pour moi, une chemise, c’est la base de tout. Tout le reste passe après.”
Je suis totalement d’accord avec ça! Une chemise blanche rend beau n’importe qui. C’est ça la mode d’ailleurs, faire en sorte que les gens se sentent mieux et encore plus beaux.
“On n’est jamais trop habillé, ni pas assez habillé avec une petite robe noire.”
Dans la plupart des cas, c’est vrai. Après, ça dépend évidemment de la situation: si on part en randonnée en petite robe noire, on peut considérer que l’on n’est pas assez habillé! (Rires.) La petite robe noire est peut-être un peu facile mais elle ne sonne jamais faux, c’est la sécurité!
Propos recueillis par Julia Tissier
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