Ce n’est pas parce qu’elle est en pleine promo de son nouvel album, Motel Bamako, que la chanteuse Inna Modja s’arrête de poster sur Instagram. On a remonté sa timeline en sa compagnie.
Pour son troisième album, Motel Bamako, Inna Modja est allée chercher l’inspiration du côté du Mali, le pays où elle a grandi. Son premier extrait Tombouctou est un morceau de rap en bambara qui nous emmène loin des sentiers musicaux qu’elle a explorés jusqu’à présent. Si l’Afrique est omniprésente dans l’album et la tournée de l’artiste, elle fait aussi partie des images qui reviennent souvent sur son compte Instagram, nous donnant un rapide aperçu de ce continent vers lequel tous les regards se tournent en ce moment.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
“Ce projet de Motel Bamako, c’est tellement nouveau par rapport à ce que j’ai fait avant que c’est flippant, on sait que les gens vont être un peu déphasés.”
“Ce n’est pas du tout comme les gens l’imaginent, en plus moi j’ai grandi dans une Afrique moderne où j’ai toujours voyagé, sourit la jeune femme. Le continent n’est pas en retard, il est beau et créatif, car le manque booste la créativité. Ce projet de Motel Bamako, je le porte depuis trois ans avec mon compagnon Marco Conti Sikic, qui connaît aussi très bien l’Afrique, et c’est tellement nouveau par rapport à ce que j’ai fait avant que c’est flippant, on sait que les gens vont être un peu déphasés. Mais pour l’instant l’accueil est génial.” Et les likes se comptent par centaines à chaque fois qu’Inna Modja publie une photo. Interview en 10 Instagram.
La toute première photo (Mai 2012)
“Celle-là, elle remonte à ma tournée précédente! Je ne joue plus de cette guitare, aujourd’hui, je joue de la kora. À l’époque, j’avais eu 35 likes pour cette photo, ce qui est déjà pas mal. (Rires.) J’adore l’idée de partir de zéro et de donner petit à petit envie aux gens de me suivre. C’est ce qui me plaît sur Instagram: bien mieux qu’avec les mots d’un statut, on peut faire partager ce qu’on vit grâce aux photos. Une belle photo, c’est vivant.”
“J’espère que pour cet album, je vais pouvoir faire une tournée en Afrique.”
À Bamako avec ses nièces (Avril 2013)
“Je vois tout de suite que cette photo date, car aujourd’hui ma nièce qui est à droite sur la photo mesure 1,80m! Quand je vais à Bamako, on prend souvent ce genre de photos avec mes nièces, on s’amuse bien ensemble. La robe que je porte a été faite par ma sœur, j’aime le mélange entre le côté très moderne et très traditionnel de cette tenue. Elle est à l’image de ma famille: on a grandi au Mali et au Ghana, mais on a été éduqués de façon moderne par nos parents. J’espère que pour cet album, je vais pouvoir faire une tournée en Afrique car à chaque fois que j’y vais, on me demande quand je donnerai un concert, j’ai un public là-bas qui en a marre que je ne vienne pas.”
Soutien au mariage gay (Juin 2015)
“J’ai posté cette photo, accompagnée du hashtag #lovewins, quand le mariage gay a été autorisé par la Cour Suprême sur tout le territoire américain. Qui est-on pour interdire à d’autres d’avoir les mêmes droits que nous? J’ai été ébahie de voir tous ces gens descendre dans la rue en France pour protester contre le mariage pour tous. La liberté, c’est quelque chose de précieux, et mon combat contre l’excision est un combat pour cette liberté, qui doit être accordée aux femmes et aux petites filles, qu’on mutile dans leur chair au nom de la tradition. J’aurais préféré ne pas être excisée mais, en témoignant, je dis que, malgré ce bouleversement, une vie est possible après. Je suis fière d’avoir porté cet engagement aux Nations Unies à New York.”
“J’aime les gens qui prennent leur destin en main et c’est ce que Zahia a fait.”
À Roland-Garros avec Zahia (Juin 2014)
“Elle est géniale Zahia, c’est une petite poupée toute frêle en vrai. J’aime les gens qui prennent leur destin en main et c’est ce qu’elle a fait, alors qu’elle s’est retrouvée, même pas majeure, dans un tourbillon qui lui échappait complètement. C’est une personne intelligente, drôle, courageuse, qui me soutient dans mon combat contre les violences faites aux femmes. Il ne faut pas oublier que dans l’affaire qui porte son nom, elle n’était pas seule à blâmer, loin de là, mais c’est à elle que tout le monde s’en est pris. Elle s’est battue et elle a su se relever.”
Passion Nutella (Avril 2015)
“C’était un après-midi chez belle-maman où on a fait des crêpes au Nutella. Le Nutella rend tout meilleur, le chocolat aussi d’ailleurs. Je suis une vraie gourmande, j’aime manger, j’aime profiter de la vie. J’ai grandi en Afrique, où on me disait tout le temps de manger, que j’étais trop maigre… mais c’est ma constitution, je suis peule, et les femmes peules sont maigres!”
Selfie aéroport à Roissy-Charles de Gaulle (Janvier 2015)
“Je m’apprêtais à commencer le tour du monde que j’ai fait avec Marco. On est partis deux mois cette fois-ci, mais un jour, on aimerait bien partir un an. On voyage beaucoup, on est toujours entre deux avions, on adore aller découvrir des nouvelles cultures. Lui est italo-croate, moi je suis malienne, et quand on rentre à Paris, on se sent encore un peu en voyage car on n’est pas d’ici. Notre appart est d’ailleurs un appart de vrais bohémiens, avec des objets rapportés de partout!”
“La mode marque une époque autant que la musique.”
La mode, la mode, la mode (Octobre 2012)
“Cette photo a été prise quand est sortie la collab Margiela et H&M: j’adore autant l’un que l’autre. Pour moi, la mode n’a rien de futile ni de frivole, elle marque une époque autant que la musique. Les créateurs sont des artistes, et s’habiller, c’est s’exprimer. J’ai toujours affirmé ma différence à travers mes tenues car, quand j’étais ado, j’avais un physique atypique, j’étais très grande et je n’avais pas de formes comme mes copines, alors je créais mon propre look, je courais les friperies de Bamako. En Afrique, on choisit ses tissus en wax et on va chez le tailleur, il n’y a pas de Zara. Les boubous, les sapeurs, ça fait partie de la culture du continent.”
Frida Kahlo (Janvier 2015)
“C’est un génie, humainement et artistiquement. Elle a mené une vie difficile en vivant un amour qui l’a à la fois consumée et inspirée. C’est une femme forte, qui n’a jamais rien lâché malgré son corps brisé par un accident et par la maladie, et qui semble encore si actuelle en 2015. Elle a ouvert la porte aux femmes artistes, c’est dommage qu’on les entende encore si peu aujourd’hui.”
“Je suis contente si j’ai pu donner envie aux filles d’être telles qu’elles sont et d’aimer leurs cheveux au naturel.”
Si, si, la famille (Décembre 2013)
“Je prends souvent des photos avec ma grand-mère et elle est d’ailleurs dans le clip de Tombouctou, comme ma mère. Elle vit au Mali, elle a 96 ans et elle est ultra-moderne: c’est elle qui a encouragé ma mère, sa première fille, à étudier et à devenir indépendante. Dans ma famille, il y a beaucoup de femmes et elles ont toutes du tempérament.”
Nappy girl (Août 2013)
“C’est rare de me voir avec des tresses, j’aime porter mes cheveux au naturel, je le fais depuis dix ans, alors que ce n’était absolument pas la mode quand je suis arrivée à Paris. Je me prenais des remarques, on trouvait ça négligé, mais aujourd’hui ça change et je suis contente si j’ai pu donner envie aux filles d’être telles qu’elles sont et d’apprendre à aimer ce que la vie leur a donné.”
Propos recueillis par Myriam Levain
{"type":"Banniere-Basse"}