Peu connue en France, la militante anglaise pacifiste et féministe Vera Brittain voit son best-seller adapté au cinéma. 3 raisons d’acheter son ticket.
Pour (re)découvrir une auteure essentielle
Si les Anglais la connaissent bien, au point de l’étudier à l’école, Vera Brittain n’a pas exactement la notoriété d’une Françoise Sagan dans l’Hexagone. Et, à la fin de ce paragraphe, vous devriez normalement convenir que c’est regrettable. Auteure, en 1933, de Testament of Youth (littéralement Testament de jeunesse), son best-seller absolu dans lequel elle raconte sa vie de vingtenaire pendant la Première Guerre mondiale, Vera Brittain était aussi une féministe et pacifiste engagée. Dans Mémoires de jeunesse, on la voit batailler pour entreprendre des études à Oxford contre l’avis de son père, rejeter en bloc l’idée du mariage, se porter volontaire comme infirmière auprès des blessés de guerre, puis, à l’approche de l’épilogue, poser les premiers jalons de son militantisme futur.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Vera Brittain ne craignait pas plus le bad buzz que la douleur physique.
Dans la vraie vie -et notamment celle qui commence après la période couverte par le film-, Vera Brittain fut une fervente défenseuse de la paix, membre de la Société des Nations et de plusieurs organisations pacifistes. Chroniqueuse régulière pour le magazine Peace News, elle a signé, quelques décennies plus tard, des articles contre l’apartheid et le colonialisme, ainsi qu’en faveur du désarmement nucléaire. Pendant la Seconde Guerre mondiale cependant, son opposition au bombardement de l’Allemagne lui a valu son lot de haters. Mais Vera Brittain ne craignait pas plus le bad buzz que la douleur physique: en 1966, alors qu’elle se rendait à une conférence pour y prendre la parole, une mauvaise chute dans une rue de Londres lui a coûté plusieurs fractures, dont une au bras gauche… Ce qui ne l’a pas empêchée d’honorer son engagement. À l’heure où sort en salles ce superbe film, on a décidément envie d’en savoir plus sur cette femme hors-normes. Hélas, Testament of Youth ne bénéficie d’aucune édition française. Allô les éditeurs?
© Mars Distribution
Pour suivre une actrice qui monte: Alicia Vikander
On l’a vue dernièrement en femme-robot à l’affiche du film Ex Machina. En reine danoise dans Royal Affair. Ou sous les traits de Kitty Stcherbatskï dans Anna Karenine. Elle affole les magazines féminins pour ses liaisons: l’une, de cœur, avec l’acteur Michael Fassbender, dont l’anatomie n’a plus de secret pour personne depuis le film Shame, l’autre, de raison, avec la maison Louis Vuitton, dont elle est depuis peu l’égérie. Vous l’aurez compris, Alicia Vikander est l’actrice bankable du moment et, pour une fois, on a bien envie de continuer à faire enfler cette grosse bulle d’amour médiatique. D’abord, parce que sa performance dans Mémoires de jeunesse tient du grand art: douce, rigoureuse, déterminée, compatissante, bouleversée, amoureuse, rebelle, Alicia Vikander incarne une Vera Brittain nuancée. Et glisse, avec la légèreté de la soie, de la jeune anglaise de bonne famille confinée dans sa demeure romanesque, à l’infirmière volontaire confrontée aux horreurs de la guerre des tranchées.
“J’ai été frappée par le fait que les femmes n’avaient pas le droit de faire grand-chose et n’étaient pas censées faire d’études.”
On a aussi un faible pour le parcours plutôt atypique de cette actrice, Suédoise de 26 ans, danseuse classique de formation, qui est en train de mettre Hollywood à ses pieds d’ex-ballerine. Discrète, bosseuse, elle a le chic pour choisir des rôles forts et porteurs de sens. Au sujet de Vera Brittain, elle dit: “J’ai notamment été frappée par le fait que les femmes n’avaient pas le droit de faire grand-chose et n’étaient pas censées faire d’études. Vera était accompagnée d’un chaperon ne serait-ce que pour prendre un train, et elle a dû se battre contre sa famille et même la société dans son ensemble pour pouvoir aller à l’université et suivre des études. C’est sidérant de voir le chemin qu’on a fait en quelques années seulement.” En janvier 2016, on la retrouvera à l’affiche d’un autre film au thème pas anodin: The Danish Girl, de Tom Hooper, qui vient d’être présenté à la Mostra de Venise. Elle y interprète Gerda Wegener, l’épouse de Lili Elbe, artiste danoise transexuelle que l’histoire retient comme étant la première personne à avoir été opérée pour changer de sexe. Aux États-Unis, les paris sur un potentiel Oscar sont déjà ouverts.
© Mars Distribution
Parce que vous pouvez y emmener n’importe qui
Mec, meuf, meilleur(e) pote, sœur, mémé ou parents, Mémoires de jeunesse est un film “valeur sûre”, que vous pouvez aller voir avec n’importe qui. La présence de Kit Harington dans la campagne anglaise donne par exemple l’impression que Jon Snow s’est incrusté dans Downton Abbey: un bon point pour les fans de la famille Crawley, comme pour ceux de Game of Thrones. Les décors et les costumes somptueux, le raffinement des accessoires jusque dans leur moindre détail et les prises de vues extérieures, dans la paisible campagne anglaise ou le long des vieilles pierres d’Oxford, raviront quant à eux les filles à chats et les personnes du troisième âge.
“Pour certaines scènes qui se déroulent dans un hôpital de campagne en France, la production a même fait appel à des personnes réellement amputées.”
Ces dernières, l’œil affûté par des heures passées devant les émissions de Stéphane Bern, ne seront d’ailleurs pas insensibles à la minutie avec laquelle l’Histoire a été ici reproduite. Pour certaines scènes qui se déroulent dans un hôpital de campagne en France, la production a même fait appel à des personnes réellement amputées. “Elles ont été dépêchées par l’agence Amputees in Action dont les figurants comptent de nombreux anciens combattants de la guerre en Afghanistan”, peut-on lire dans le dossier de presse. Cette belle histoire vraie qui parle autant d’amour et de perte, que de courage et de détermination, devrait trouver écho chez un nombre assez conséquent de spectateurs.
Faustine Kopiejwski
{"type":"Banniere-Basse"}