Tour à tour puissant, poignant ou cuisant, La Seule chose à briser, c’est le silence, ouvrage collectif dirigé par Nadia Hathroubi-Safsaf, traite des violences faites aux femmes. Retour avec elle sur le choix de cette thématique, mais aussi sur la perception de ces violences dans la société.
Pourquoi avoir choisi d’écrire et de faire écrire sur le thème des violences faites aux femmes dans La Seule chose à briser, c’est le silence?
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C’est un thème qui me tenait à cœur depuis longtemps car je pense que le phénomène est minoré. Pourtant, même vus à la baisse, les chiffres font peur. Chaque année, en France, plus de 216.000 femmes sont victimes de violences commises par leur conjoint ou petit ami. Parmi elles, seules 16% osent déposer plainte. Que dire des enfants? Rien qu’en 2013, 33 enfants ont été tués dont 13 en même temps que leur mère, et 2 femmes enceintes sont décédées.
Comment définirais-tu ces violences?
On pense à tort qu’elles sont forcément physiques, mais la violence peut être aussi verbale, morale. Les humiliations, les insultes, c’est de la violence. Cela crée une situation d’enfermement pour la femme qui commence à croire son bourreau. Il y a des femmes qui subissent cela des années avant d’en prendre conscience. L’aborder à travers la fiction permet de frapper les esprits. On a déjà tous entendu un fait divers. Puis on passe hélas à autre chose. C’est ce que je veux éviter. Chaque morte compte, chaque morte a une famille, des amis, peut-être même des enfants.
“Il faut mettre aussi en garde les jeunes filles contre les premiers signes. Une première claque en appelle souvent une seconde.”
Comment les différents contributeurs du livre ont-ils été choisis?
Ils sont déjà auteur(es) comme Marlène Schiappa, Nadia Moulaï, Fatima Aït Bounoua ou Rachid Santaki et avaient des engagements militants auxquels je suis aussi sensible. J’ai ouvert à d’autres qui avaient un regard intéressant ou différent comme les journalistes Chloé Juhel, Karima Peyronie ou Nadia Sweeny.
Les campagnes contre les violences faites aux femmes se succèdent ces dernières années. Comment ces violences sont-elles perçues dans la société française?
Pour beaucoup de gens, une claque ou quelques insultes de temps en temps, ce n’est pas grave. Il y a tout un travail d’éducation à faire dès l’école. Frapper une femme par jalousie, ou parce qu’elle est habillée d’une certaine manière, c’est grave. Une femme qui dit non à un rapport sexuel n’est pas en train de jouer. Tout cela, il faut le marteler aux jeunes garçons. Il faut aussi mettre en garde les jeunes filles contre les premiers signes. Une première claque en appelle souvent une seconde.
Au cinéma, le film Nos femmes, sorti en salles fin avril, a fait polémique. Il raconte l’histoire de trois amis qui décident de protéger l’un des leurs alors que ce dernier a tué sa femme. Qu’en as-tu pensé?
Je ne l’ai pas vu. Mais rien ne peut excuser la mort d’une femme.
Propos recueillis par Assmaâ Rakho-Mom
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