Avec son projet intitulé No Go Zones, Julien Bottriaux cherche à donner une autre image des quartiers populaires de Paris, loin des clichés auxquels nous sommes habitués.
À quoi ressemble la vie à Belleville, Château d’Eau ou Magenta? Le reportage de Fox News et ses No-Go Zones, diffusé en janvier peu après les attentats, désignait certains quartiers parisiens populaires comme des zones de non-droit. Face à cette aberration, le photographe Julien Bottriaux, 34 ans, a eu l’idée de partir à la rencontre de leurs habitants pour les shooter et les interroger sur leur vie quotidienne, avant de rassembler son travail sur un Tumblr.
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La chaîne américaine décrit ces quartiers populaires comme des zones de non-droit où la charia dicte la vie quotidienne et où les non-musulmans ne seraient pas bienvenus.
Juste après les attentats de Paris, Julien Bottriaux cherche déjà une façon de parler du vivre-ensemble. “J’avais pensé à la station Belleville, où quatre arrondissements se réunissent, le mélange de population y est très intéressant, explique-t-il. Puis Fox News et leurs “No-Go-Zones sont arrivés.” En tant qu’habitant d’un des quartiers visés, le photographe est interpellé par les images et les stéréotypes véhiculés par l’émission. La chaîne américaine décrit ces quartiers populaires comme étant des zones de non-droit, où la charia dicte la vie quotidienne et où les non-musulmans ne seraient pas les bienvenus. Avant de s’excuser quelques jours plus tard.
Léa, 28 ans: “Cette ville, ce quartier, ça représente l’histoire de ma famille. Mon arrière-grand-père travaillait aux forges de Vulcain qui fabriquaient des outils au début du XXème siècle.” Lire la suite du témoignage ici. © Julien Bottriaux
Rapidement, cette accumulation d’infos erronées est relevée par la presse, Le Petit journal en tête, mais aussi par la classe politique. De son côté, Julien Bottriaux veut aller plus loin et interroger les habitants pour savoir ce qu’ils pensent réellement de leur quartier. Le photographe reprend alors une méthode qu’il avait utilisée lors d’un précédent projet intitulé Premiers métros: au hasard, dans la rue, il aborde les passants, les shoote et recueille leurs témoignages.
Laury, 30 ans: “Je travaille ici depuis un an. Je suis ingénieure commerciale dans la formation professionnelle. Je ne me suis jamais sentie agressée dans ce quartier.” Lire la suite du témoignage ici. © Julien Bottriaux
“Les gens se confient facilement, ils aiment leur quartier, surtout ceux qui y vivent depuis longtemps. Ils aiment ce brassage culturel”, constate Julien Bottriaux. “Même si ce n’est pas le plus bel arrondissement de Paris, le 19ème reste celui où je préfère me rendre: Les gens y sont davantage ouverts et intéressants, continue-t-il. C’est d’ailleurs à Belleville que j’ai fait la rencontre qui m’a le plus marqué: une bibliothécaire accueille dans sa ludothèque les enfants qui traînent dans la rue, discute avec eux et essaie de leur transmettre des valeurs de respect et de tolérance.”
Vanessa, 28 ans: “Ça fait maintenant quatre ans que je vis ici. Ce quartier, c’est tout sauf le rejet.” Lire la suite du témoignage ici. © Julien Bottriaux
Quant au sentiment d’insécurité, s’il est parfois présent, la majorité des interviewés racontent n’avoir jamais été victimes de réelle violence. Julien Bottriaux, lui, reconnaît les limites de sa démarche: il aborde les gens dans la rue au hasard, leur explique son projet mais, comme dans tous les sondages, la formulation de la question implique souvent la réponse attendue. Les gens qui acceptent de lui répondre sont le plus souvent d’accord avec son point de vue. Il admet volontiers essuyer quelques refus, mais insiste sur le fait que le discours des habitants est majoritairement empreint de tolérance et de solidarité.
Roxane Grolleau
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