Ce week-end s’est tenu le Mondial du tatouage à la Grande halle de la Villette. En traînant dans les allées de l’évènement, on a demandé à 11 jeunes femmes tatouées si elles estimaient que le tatouage était victime de son succès. Voici leurs réponses.
Cécile, 22 ans, esthéticienne, 10 tatouages
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
© Julia Tissier pour Cheek Magazine
“Oui, trop de gens ne voient que le côté esthétique, pas les valeurs qui s’y rattachent. Certaines personnes se tatouent sans connaître l’histoire du tatouage et sans savoir que ça a beaucoup de signification. Au départ, le tatouage vient du peuple, il marque l’appartenance à une ethnie ou à un rang social. Malgré tout, je n’arrêterai jamais de m’en faire, car je suis passionnée.”
Jessica, 24 ans, étudiante en mathématiques, 1 tatouage
© Julia Tissier pour Cheek Magazine
“Il est plus populaire en France qu’en Italie, d’où je viens. Chez moi, le tatouage est en plein développement, et on peut imaginer qu’il se sera vraiment démocratisé d’ici 2020. C’est une bonne chose que ça devienne populaire, car c’est avant tout une démarche artistique.”
Cécilia, 26 ans, coordinatrice transport, 3 tatouages
© Julia Tissier pour Cheek Magazine
“Ce n’est pas un souci que le tatouage se popularise, tant que ça reste discret et que ça raconte une histoire. Avec lui, le corps devient un peu la nouvelle toile de peinture. Le problème, selon moi, serait plutôt que les bons artistes se font rares et ne transmettent pas leur savoir-faire. Il faudrait laisser davantage la place aux jeunes.”
Lhéa, 29 ans, assistante dans un shop de tatouage et vendeuse, 15 tatouages
© Julia Tissier pour Cheek Magazine
“Un endroit comme le Mondial du tatouage reste fréquenté majoritairement par des initiés. Mais en shop, on voit beaucoup de non-connaisseurs qui viennent pour se faire tatouer des motifs à la mode, comme un signe de l’infini, une plume ou une ancre marine. D’un côté, c’est cool que ça rentre dans les mœurs car on est mieux acceptés, moins regardés de travers. Mais pour l’histoire du tatouage et son côté artistique, c’est un peu dommage.”
Julia, 19 ans, étudiante, 1 tatouage
© Julia Tissier pour Cheek Magazine
“Non, je ne pense pas que le tatouage soit devenu trop populaire. Même si la plupart de mes amis ont au moins un tatouage, ça reste toujours un peu mal vu, notamment au travail. Mes parents ne sont pas fermés par rapport à ça, ma mère aussi a des tatouages et mon père a un peu plus de mal, mais il reste ouvert d’esprit. D’ailleurs je vais leur dédier l’un de mes prochains tatouages.”
Elodie, 32 ans, responsable marketing et promotion, 2 tatouages
© Julia Tissier pour Cheek Magazine
“Je ne pense pas que ce soit un problème. Aujourd’hui, il y a tellement de styles de tatouages différents que chacun peut exprimer sa singularité. C’est sûr qu’il y a des modes, notamment chez les filles qui se font des motifs mignons, comme par exemple des étoiles. C’est devenu à la mode grâce à des chanteuses comme Rihanna ou Miley Cyrus. Je dis bien “grâce à” et pas “à cause de” car au final, ça a permis que les gens tatoués soient moins stigmatisés.”
Miriem, 36 ans, chef de pub, 9 tatouages
© Julia Tissier pour Cheek Magazine
“Peut-être que le tatouage est devenu très populaire, mais les gens ont quand même toujours des préjugés. Comme au boulot par exemple. Même si ça s’est un peu amélioré, moi je fais toujours attention à ne pas choquer les gens avec lesquels je travaille. Cela dit, c’est vrai que le tatouage n’est plus autant un signe d’appartenance à un groupe, il est plutôt devenu un ornement, comme un bijou. C’est pour ça que certaines filles se font juste un petit truc discret.”
Marta, 27 ans, dans les ressources humaines, 2 tatouages
© Julia Tissier pour Cheek Magazine
“Je ne trouve pas que le tatouage soit victime de son succès. Tout le monde est différent et tous les tatouages le sont aussi, on peut toujours exprimer son originalité. Et puis, si vous aimez la qualité, vous n’aurez aucun mal à trouver un bon artiste, il y en a plein.”
Charlotte, 23 ans, apprentie cuisinière, 30% du corps recouvert
© Julia Tissier pour Cheek Magazine
“Ce qui est certain, c’est qu’il s’est banalisé. Il y a un effet de mode et une personne sur deux est tatouée. C’est dommage, car cette tendance ne véhicule pas forcément une bonne image du tatouage. Mais, d’un autre côté, je trouve ça bien d’en voir partout: pour moi, c’est comme des œuvres d’art, ça raconte des histoires. Moi, je continuerai à m’en faire jusqu’à ce que je n’aie plus de place.”
Magali, 34 ans, restauratrice, 4 tatouages
© Julia Tissier pour Cheek Magazine
“Ça s’est clairement démocratisé, on en voit de plus en plus. Ce qui est chiant, c’est quand les motifs sont trop similaires. L’objectif avec un tatouage, c’est plutôt d’être original. En ce moment, on voit beaucoup de roses, d’oiseaux ou d’étoiles. Chez les pin-ups, le grand classique, c’est les cerises. C’est une façon d’appartenir à un mouvement, comme avant avec les fringues. Moi, j’ai attendu d’avoir 30 ans pour me lancer, je ne voulais pas que ce soit un truc de jeunesse, je voulais être sûre de ne pas regretter.”
Zineb, tatoueuse, 32 ans, 70% du corps recouvert
© Julia Tissier pour Cheek Magazine
“Pour être “in”, il faut être tatoué. Aujourd’hui, tout le monde veut se faire tatouer, mais personne ne sait quoi. Le tatoueur doit être un peu psy, trouver du sens à la place du client. Il y a aussi beaucoup de gens qui veulent faire comme les autres pour éviter la faute de goût. Ceux-là partent du principe que si c’est comme tout le monde, c’est bien.”
Propos recueillis par Faustine Kopiejwski
{"type":"Banniere-Basse"}