À l’occasion des 40 ans de la loi Veil, Marisol Touraine, ministre de la Santé, veut renforcer le droit à l’avortement. Elle lance un programme national d’action pour améliorer l’accès à l’interruption volontaire de grossesse.
Chaque année, en France, 217 000 femmes ont recours à une interruption volontaire de grossesse (IVG). À l’occasion du 40ème anniversaire de la dépénalisation de l’avortement, Marisol Touraine a présenté son programme national d’action pour améliorer l‘information des femmes sur leurs droits, simplifier leur parcours, et assurer un accès à l’avortement sur tout le territoire.
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Le gouvernement va mettre en place en septembre 2015 un numéro d’appel national. Anonyme et non surtaxé, il permettra à celles qui le souhaitent d’être informées sur des questions de sexualité, de contraception ou d’avortement. La ligne pourra également orienter, conseiller les femmes et les accompagner dans leur démarche. La ministre de la Santé souhaite améliorer sa prise en charge financière. Aujourd’hui, l’IVG est remboursé à 100%, mais pas les actes afférents, à l’image par exemple de l’échographie post-IVG ou des analyses. Bientôt, ils seront également remboursés.
“L’infirmière ne m’a même pas dit que je devais faire un contrôle gynécologique ensuite. J’ai été traitée comme un chien.”
Pour beaucoup de femmes, l’avortement est un véritable “parcours du combattant”. Marie, âgée de 20 ans quand elle y a eu recours, en a fait les frais. “J’étais accroupie par terre, à me contorsionner de douleur, le front posé sur une chaise. […] Je suis restée quatre à cinq heures comme ça, toute seule dans une salle d’attente. Jamais l’infirmière qui m’avait donné le cachet abortif ne m’a proposé un antalgique. Elle ne m’a même pas dit que je devais faire un contrôle gynécologique ensuite. J’ai été traitée comme un chien”, a-t-elle raconté à L’Obs en novembre 2014.
Concernant les procédures d’interruption de grossesses entre 10 et 12 semaines, Marisol Touraine a souligné dans Le Parisien qu’elles doivent être “réalisées en urgence du fait de la proximité avec le délai légal”, et qu’il faut “éviter le plus possible les avortements tardifs, qui sont toujours plus risqués”. Cependant, aujourd’hui, les interruptions chirurgicales -aspiration, curetage-, ne peuvent se pratiquer qu’en établissement hospitalier. La ministre propose d’autoriser les médecins des centres de santé à la pratiquer. Si la grossesse peut être interrompue avant 5 semaines, l’IVG se fait par voie médicamenteuse. Le ministère de la Santé souhaite autoriser les sages-femmes à pratiquer ces avortements médicamenteux pour réduire les délais d’attente. Encore trop de femmes dépassent le délai légal et se voient obligées de se rendre à l’étranger pour avorter.
22 millions de grossesses non désirées aboutissent à un avortement non-médicalisé chaque année.
Enfin, la prise en charge des femmes désirant arrêter leur grossesse est moins bien garantie en milieu rural qu’en ville. Le gouvernement va donc donner l’ordre aux agences régionales de santé (ARS) d’établir un plan régional favorisant l’accès à l’avortement. Selon Marisol Touraine, “toutes les femmes pourront trouver à côté de chez elles un moyen d’avorter”.
Dans le monde, 22 millions de grossesses non désirées aboutissent à un avortement non médicalisé chaque année. Cet avortement entraîne une infirmité temporaire ou définitive chez 8 millions de femmes et causent la mort de 50 000 d’entre elles.
Camille Thorin
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