À 37 ans, Clara* est célibataire et partie pour le rester. Chrétienne, la jeune femme a renoncé il y a quatre ans à mener une vie amoureuse et familiale par amour pour Dieu. Aujourd’hui professeure de français dans une université de la région parisienne, elle témoigne de son engagement.
Je suis célibataire par amour pour Dieu. Je ne vais pas devenir religieuse mais je suis appelée à être laïque du troisième ordre: en quelque sorte, je serai sœur sans porter l’habit. Je vais continuer à exercer mon métier sans vivre recluse. Je ne peux plus demander à un homme de me combler, d’être mon alter ego, maintenant que j’ai rencontré Dieu. Intérieurement, la place est prise. C’est le type parfait, l’amant idéal, au sens du XIXème siècle. Il faut dire que l’amour de Dieu n’a rien à voir avec celui d’un homme. Un humain est faillible, alors que lui est tout le temps là pour moi. Quand je suis malheureuse, il écoute, il est réconfortant et le sentiment de vide n’existe pas. C’est comme si j’étais toujours accompagnée d’une personne pleine d’attention. Je ne ressens plus le besoin d’une présence physique et moi-même, ça m’étonne!
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“Je n’ai pas encore annoncé mon choix de vie à ma famille”
Je suis née en Guadeloupe, d’une mère bretonne et d’un père originaire du Lot. Mes parents croient en Dieu et vont à la messe le dimanche. Ils ne m’ont jamais rien imposé. Plus jeune, j’ai pensé que l’Église pouvait se tromper. J’ai essayé de m’en détacher, mais je n’y suis pas arrivée, j’ai fini par me sentir vide. Je n’ai pas encore annoncé mon choix de vie à ma famille. Je leur laisse tout le temps de venir m’interroger, car je ne veux pas les brusquer. Je pense qu’ils sont en train de comprendre. Ils m’ont posé des questions il y a trois ans, mais je n’ai rien dit, j’ai préféré attendre de trouver ma communauté religieuse: carmélites, dominicains, franciscain ou autres.
Mes amis très proches savent.
Je n’ai rien officialisé devant l’Église pour l’instant: j’attends de trouver une communauté, je suis en stand-by! Mes amis très proches savent. Ils doivent être une vingtaine, croyants et non croyants. Ça ne les étonne pas. Ils trouvent ça cohérent, parce qu’ils savent que je suis une nana spirituelle. Mes collègues de travail, je ne peux pas leur en parler car ils sont, pour beaucoup d’entre eux, anti-chrétiens.
Après avoir beaucoup voyagé, j’ai vécu quatre ans à Mayotte. Je suis rentrée en France en 2008, pour retrouver ma culture et mon ancrage spirituel. À ce moment-là, j’ai demandé à Dieu de me montrer son amour. C’est venu petit à petit, j’ai eu l’impression d’être appelée. C’est passé par l’envie d’aller à la messe, d’entrer dans une église, de sentir que je n’étais pas seule, de communier. Dieu m’a demandé de l’aimer, de lui donner mon cœur, c’était dans des moments où je laissais le silence entrer en moi, souvent à la fin de la messe et dans la prière aussi. Ce n’est pas une voix claire, plutôt une motion intérieure.
“Je n’ai jamais couché avec personne”
Bien sûr, je suis déjà tombée amoureuse d’un garçon. Quand j’avais 18 ou 19 ans, j’ai eu un petit ami. Ensuite, j’en ai eu un autre, mais je ne l’aimais pas. Je n’ai jamais couché avec personne. Si je l’avais fait, ça aurait été par égoïsme, pour être aimée, pour ma propre expérience. J’ai préféré ne pas le faire. La déception amoureuse, je connais: j’ai été raide dingue d’un mec qui, en face, m’a gentiment offert son amitié. J’aimais tout en lui, même ses défauts! Ça n’a jamais été aussi fort que ça… À part avec Dieu. Ça a été très dur de m’en remettre. Mais si je revoyais cet homme aujourd’hui, je pense que je le trouverais insignifiant.
Quand j’ai donné mon cœur à Dieu, j’ai dû renoncer à devenir mère.
Pour moi, être parent est l’une des plus belles expériences qui soient. Je pense qu’il n’y a rien de plus beau. Pourtant, j’ai dû y renoncer. Aujourd’hui, ça ne me manque plus parce que ma vie est riche. Avec le temps que je consacrerais à un homme et à des enfants, je ne pourrais plus mener ma vie comme j’en ai envie. Je suis beaucoup au service des gens, ça ne se voit pas forcément, mais je suis un peu la psy de service.
Éviter les sorties par peur de rencontrer quelqu’un? Non, il n’y a aucune raison car je ne ressens aucune tentation. Avec Dieu, je suis investie de sa force. D’ailleurs, je peux aller voir des personnes que je n’aurais pas été capable d’aborder avant. Je n’ai plus peur. Dieu m’accompagne dans mes choix. C’est lui qui gère, ce n’est pas moi. Aujourd’hui, il tient le gouvernail du bateau. Je le lui ai laissé.
Propos recueillis par Axelle Vaisse
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