Le collectif Georgette Sand s’est créé autour de l’interrogation suivante: “Faut-il vraiment s’appeler George pour être prise au sérieux?” Avant que la récente polémique sur “Madame LE Président” n’éclate, il y avait déjà eu les Unes sexistes de grands hebdomadaires français ou encore l’acharnement médiatique sur certaines femmes politiques. Mais surtout, une absence: 20% de femmes expertes dans les médias, une quasi-invisibilité dans les manuels scolaires, la hiérarchie des entreprises ou encore l’espace public.
Le collectif Georgette Sand a choisi de militer sur deux axes: la déconstruction des stéréotypes de genre et la valorisation de l’expertise des femmes.
Dans la sphère privée, même constat. Présentes mais derrière, plus bas, à l’écart, du fait d’un mécanisme parfois ostentatoire, parfois inconscient, et parfois même de leur fait, notre culture valorisant la retenue des petites filles dans un pays où l’on dépense 139,4 milliards d’euros pour l’éducation des femmes et des hommes. En somme, une perte d’énergie et d’argent, surtout quand on sait que la majorité de celles qui ont accumulé diplômes et savoir-faire ne l’exploiteront pas à 100% pour de mauvaises raisons.
Dans la galaxie féministe, qui se bat globalement pour modifier un système de violence, d’exclusion et d’inégalités, le collectif Georgette Sand a choisi de militer sur deux axes: la déconstruction des stéréotypes de genre et la valorisation de l’expertise des femmes. Car elles s’excusent souvent de prendre la parole et ne se sentent pas légitimes, signe qu’il faut donc travailler sur la prise de parole, la capacité d’(auto)mentorat, la construction d’un langage et de comportements qui ne véhiculeraient pas de stéréotypes sexistes ou de l’auto-censure.
Connasse c’est has been
L’insulte fait intrinsèquement partie de notre quotidien et marque notre inconscient collectif. Georgette Sand tient beaucoup à ce défouloir. Sauf que la grande majorité des insultes usuelles sont sexistes, racistes, homophobes ou encore transphobes… La banalité apparente des conventions langagières traduit des rapports humains. Les insultes, comme beaucoup de mots, d’expressions ou de phrases nous enferment malgré nous dans une vision déformée du monde et des relations entre les individus, une vision profondément inégalitaire. Si la plupart des insultes sont sexistes, pour changer la société, changeons également d’insultes: comme Florence Foresti le dit, “Connasse, c’est has been!”
Le marketing genré fait douiller
En France, les femmes gagnent 27% de moins que les hommes, occupent 82% des emplois à temps partiel et leur retraite est inférieure de 42%. Pourtant le marketing genré ne se contente pas de segmenter le marché entre filles et garçons et de véhiculer des stéréotypes: il pousse à la surconsommation et inflige une taxation spécifique aux femmes. Coiffeur, produits d’hygiène, pressing, retoucherie, vous pensiez que femmes et hommes payaient le même prix? Vous en avez la preuve inverse ici, avec la “woman tax”. (Ndlr: le sujet a fait la Une du Parisien le 3 novembre)
Georgette, la nouvelle Aurore
Georgette Sand doit son nom à une certaine Aurore Dupin, contrainte à son époque de s’habiller en garçon et de se faire appeler George Sand pour être prise au sérieux. La même qui disait que l’éducation à l’émancipation était prioritaire à l’émancipation elle-même, car pourquoi donner des droits à celles qui n’auront pas la liberté de les utiliser? Libérer la parole, dénoncer le marketing genré ou des éléments de langage sexistes ne relève pas d’un combat pour des droits fondamentaux mais s’avère indispensable pour que l’égalité entre femmes et hommes devienne réelle. Dans son manifeste, Georgette Sand affirme son ambition: combattre les visions essentialistes “qui considèrent comme naturelles l’assurance des hommes et la réserve des femmes alors qu’il s’agit de la traduction d’acquis éducatifs”. Et souhaite “coacher pour aider les femmes à se projeter sur ce qu’elles ont toujours connu décliné au masculin”.