La couverture de Vogue Arabia irrite les militant.e.s des droits des femmes avec sa photo de la princesse saoudienne au volant d’une voiture, alors qu’au moins 7 militant.e.s sont toujours emprisonné.e.s.
La lutte pour l’extension du permis de conduire aux femmes n’est toujours pas terminée. Seul pays au monde où les femmes n’ont (toujours) pas le droit de conduire, l’Arabie Saoudite a prévu de lever l’interdiction le 24 juin prochain.
En accord avec l’actualité, la couverture du dernier numéro du Vogue Arabia montre la princesse saoudienne Hayfa bint Abdallah al-Saoud assise sur le siège conducteur d’une voiture décapotable. Ses cheveux apparents malgré son voile, ses talons aiguilles et son maquillage appuyé illustrent volontairement la nouvelle indépendance de la femme saoudienne, bien que toujours opprimée par une société patriarcale et (ultra) conservatrice. Le titre souligne “La célébration des femmes pionnières d’Arabie Saoudite”.
La Une, qui pourrait presque passer pour un coup de communication du gouvernement, a agacé les militant.e.s des droits des femmes. En effet, la supposée pionnière pose juste au volant de la voiture mais ne la conduit pas. En revanche, les militantes qui ont lutté et bravé l’interdiction de conduire ont eu une toute autre destinée. Début mai, au moins 11 militantes ont été arrêtées. Seules quatre ont été libérées, explique La Parisienne grâce aux informations d’Amnesty International. En guise de contestation, la Une du magazine Vogue a été retouchée à de nombreuses reprises et publiée sur Twitter avec les visages des militantes arrêtées.
After @VogueAlArabiya thought it’d make sense to feature HRH in June 2018 issue on “trailblazing women of #Saudi Arabia” & their driving, Saudi women have taken to Twitter to object & replaced her image with 3 of arrested activists labeled as “traitors”: Aziza, Loujain, & Eman. pic.twitter.com/SOZA28YS72
— Nora Abdulkarim نورة الدعيجي (@Ana3rabeya) 31 mai 2018
Cette répression ternit grandement les réformes engagées par le prince héritier Mohammed ben Salmane pour redorer l’image du pays.
Alexandra Vepierre