On a lu pour vous cet article du Huffington Post qui interroge les relations entre les artistes et les femmes qui les inspirent avant de devenir parfois leurs proies, et on vous le recommande
“Dans le monde de l’art et celui de la mode -royaumes qui ont historiquement célébré les idées bohèmes, subversives et amorales- les comportements de prédateurs comme ceux de Terry Richardson peuvent apparemment être cachés par l’attirance pour la transgression du glamour. Les artistes comme Richardson sont considérés comme des héros rebelles, qui font fi de la mondanité sociale et du politiquement correct pour capturer quelque chose de brut et vrai. (…)
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Les modèles (féminins pour la plupart) posent devant des artistes (essentiellement masculins) depuis des années, leurs corps sont à portée de main des peintres, sculpteurs, photographes, une situation qui représente un rapport de force important et sous-estimé. ‘Une des premières choses qu’on fait en école d’art est de dessiner une jeune femme nue,’ explique l’artiste et écrivain Christen Clifford. Le corps de la jeune femme est forcément un objet. C’est ce qu’on vous apprend en école d’art.’
Les musées sont remplis de représentations de femmes dénudées, qui ont souvent posé passivement, et sont représentées par des artistes masculins (blancs la plupart du temps). L’intimité est souvent acceptée comme faisant partie de leur processus artistique: Pablo Picasso, dans une déclaration devenue célèbre, confessait que, pour lui, l’art et la sexualité étaient la même chose. Dans le cas de Paul Gauguin, l’intimité se transforme un abus au moment où ses muses polynésiennes, mineures, sont apparemment devenues ses ‘esclaves sexuelles’. Aujourd’hui, les critiques d’art analysent avec difficulté l’œuvre de Gauguin, et prennent en compte le comportement de prédateur qui accompagnait son travail. Pour autant, ses réalisations sont exposées dans les musées, enseignées en école et finalement admirées.
En réponse aux accusations de comportements abusifs, les hommes comme Richardson évoquent souvent les noms de ces icônes érotiques du passé, en passant sous silence les relations non consenties entre artistes et modèles, et en pointant du doigt les annales de l’histoire de l’art pour mieux se défendre.”
Dans un long article publié vendredi dernier, le Huffington Post américain revient sur le cas de Terry Richardson, et interroge la frontière, parfois trop fine, qui sépare l’artiste transgressif du prédateur. Le photographe de mode, accusé d’agressions sexuelles sur plusieurs femmes, a en effet choisi comme principale défense l’argument créatif consistant à évoquer sa manière propre de produire un art “sexuellement explicite”. En mettant en perspective son comportement avec celui d’autres artistes qui l’ont précédé ou lui sont contemporains – le nom de Roman Polanski est d’ailleurs évoqué- la journaliste Priscilla Frank explique pourquoi la liberté artistique ne devrait en aucun cas justifier le mépris de la dignité et de la sécurité des femmes. Le texte élargit ensuite le débat sur la façon dont l’attitude des prédateurs sexuels a longtemps été excusée ou dissimulée derrière l’idée que le propre de l’artiste était de transgresser les règles. “Derrière le comportement de Richardson, la critique se dirige vers un monde artistique qui impose à la sexualité féminine d’être manufacturée et validée par les hommes”, conclut-elle.
À lire le plus vite possible en VO sur le Huffington Post US.
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