On a lu pour vous la tribune de l’Américaine Amani Al-Khatahtbeh, qui raconte son arrestation à Nice et l’obligation qui lui a été faite de retirer son voile, et on vous la recommande.
“Je tremble alors que j’écris ces mots. Je viens d’arriver à Nice pour être jurée au festival de Cannes Lions, et ai failli être expulsée avant même de toucher le sol français. J’ai tellement peur que le policier qui a fait cela se sente suffisamment puissant pour le refaire auprès de femmes musulmanes plus vulnérables que moi que je dois partager cette histoire, en espérant que cela fasse une différence.”
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Amani Al-Khatahtbeh est la fondatrice du site Web américain Muslim Girl, un pure player destiné à rendre la parole aux femmes musulmanes. Jurée au festival de Cannes Lion, le festival international de la créativité (et anciennement festival international de la publicité), la jeune femme a atterri à Nice vendredi 16 juin. Et s’est retrouvée confrontée à une véritable démonstration d’islamophobie de la part des policiers en charge de valider son arrivée sur le territoire:
“Vous êtes en France, et en France, je veux voir vos cheveux!” lui lâche l’officier. “Quand j’ai fermement répondu ‘vous ne verrez pas mes cheveux, continue-t-elle, il est devenu extrêmement hostile et agressif, répétant que c’est la LOI. J’ai dit très bien, mais je ne les montrerai qu’à une policière, pas à vous. (…) ENSUITE J’AI APPAREMMENT FAIT L’ERREUR DE DEMANDER SON MATRICULE À CET OFFICIER. Quand il a de nouveau répondu de façon hostile, je lui ai répondu que c’était la loi donc il ne devait pas avoir besoin de s’inquiéter de quoi que ce soit. À ce moment-là, l’homme a EXPLOSÉ ET M’A CONFISQUÉ MON PASSEPORT. (…)
Pendant tout le temps où je leur demandais le numéro de leur poste pour que mes proches puissent me trouver, tous les officiers du bureau me donnaient du ‘VOUS ÊTES EN FRANCE MAINTENANT, ON NE PARLE PAS ANGLAIS, C’EST LA FRANCE ICI, VOUS N’ÊTES PAS EN AMÉRIQUE, VOICI COMMENT ON FAIT LES CHOSES EN FRANCE!, ELLE DOIT PARLER FRANÇAIS’. Il avait vraiment appelé DELTA EFFING AIRLINES pour mettre en place mon retour immédiat à New York en passant par un vol pour Tunis. Ce n’est que lorsque je leur ai fait comprendre que JE SUIS UNE JOURNALISTE, UNE MEMBRE DU FESTIVAL CANNES LION, QUE DES GENS ALLAIENT DEMANDER OU J’ÉTAIS ET QUE J’ALLAIS ÉCRIRE SUR CETTE HISTOIRE qu’il ont fini par appeler la direction de Delta ou je ne sais pas qui pour leur dire en français ‘oui, nous avons cette journaliste…’. La personne a alors ‘fait la médiation’ en me disant qu’il fallait me taire si je voulais sortir de cet aéroport. Elle insistait pour que je reste silencieuse alors que le policier me criait des provocations comme ‘VOUS AVEZ DEUX OPTIONS. EST-CE QUE VOUS VOUS TAISEZ, OU VOUS PRÉFÉREZ CONTINUER DE CRÉER DES PROBLÈMES?’ Il avait BESOIN de me remettre à ma place. Pour rappel, tout cela n’est arrivé que parce qu’ILS M’ont forcée à enlevé mon foulard religieux, pour aucune autre raison que ‘ICI, C’EST LA FRANCE’, puis se sont énervés quand j’ai demandé le numéro de matricule de l’officier qui l’avait fait. Ah oui, c’est L’ADORABLE OFFICIER DE POLICE DE L’AÉROPORT #1096515.”
Outrée, elle a raconté son histoire sur Facebook, pour que celle-ci serve d’exemple. Elle y a par ailleurs déclaré deux jours plus tard avoir pris contact avec un avocat du CCIF pour s’assurer de l’illégalité des actions de l’officier de douane #1096515 de l’aéroport de Nice. Et continue de militer pour que les femmes musulmanes victimes de ce genre de traitement en témoignent, dans la mesure du possible. Car montrer les injustices, c’est déjà participer à faire évoluer la situation.
À lire en VO (avec beaucoup de majuscules) sur le profil Facebook d’Amani Al-Khatahtbeh
Mathilde Saliou
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