A 25 ans seulement, Marine Serre est loin d’être une débutante. Passée par des stages chez Maison Martin Margiela (sous Matthieu Blazy), Dior (sous Raf Simons) et actuellement junior designer chez Balenciaga, la jeune femme originaire de Corrèze présente au festival de Hyères l’une des collections les plus convaincantes et abouties.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Sortie de La Cambre il y a seulement six mois, Marine Serre a choisi la mode alors qu’elle avait 17 ans. “Gamine, je n’ai jamais été très grande, je faisais du tennis à haut niveau et j’avais un côté garçon manqué. Ma première action en rapport avec la mode a été de couper mes pantalons, parce que je n’en trouvais jamais à ma taille”, explique-t-elle sur les marches de la Villa Noailles. Le chemin parcourut par ce nouvel espoir de la mode française, sélectionnée simultanément pour le prix LVMH, est déjà impressionnant. Alors que sa collection, frontale et engagée, s’arrachera dès septembre à travers les différents points de vente de Dover Street Market, nous l’avons découverte en avant-première et en avons discuté avec sa créatrice.
Que raconte la collection que tu présentes au festival?
Elle s’appelle Radical Call For Love. Elle trouve son point de départ juste après les attaques de Paris et Bruxelles. Elle s’inspire de ce qui se passe aujourd’hui, de là où on en est. Je n’avais pas envie de faire juste des shorts, j’avais envie que ça raconte quelque chose. Je voulais que ce soit intelligent, qu’on ait envie de le porter. Il y a vraiment cette conversation entre le sportswear et la couture. Il y a des tas de références arabisantes au niveau des coupes et bien sûr au niveau du logo, avec le croissant de lune. Pour moi, cette collection est là pour qu’on arrête de séparer les choses, pour créer des ponts.
Tu penses que la mode a un rôle politique à jouer?
Oui, ou au moins sociétal, bien sûr. Un vêtement contient des codes, même un jean réfère à quelque chose. Toutes les pièces que je présente sont très étudiées, et il me semble très important de comprendre le vêtement avant d’en faire un. Il faut comprendre son histoire, sa signification: l’histoire d’un jean et celle d’un tailleur sont complètement différentes, par exemple.
“C’est une collection féminine, mais ce n’est pas doux.”
Comment imagines-tu les femmes qui portent tes vêtements?
Je n’ai pas une femme, ni une muse en particulier. Toutes les filles qui ont porté mes vêtements jusqu’ici sont des amies. Je n’ai pas du tout envie de fermer le cercle, mais je pense que ce sont tout de même des personnes un peu radicales, avec un côté fort, mais aussi un côté sportswear un peu “team”. C’est une collection féminine, mais ce n’est pas doux. Dans une pièce comme l’intégrale catsuit, par exemple, tu es pratiquement à poil! (Rires.)
Être sélectionnée au festival de Hyères pour toi, ça signifie quoi?
C’est chouette, c’est un super événement, familial. C’est le sud et c’est aussi un peu là où j’ai grandi. Et puis évidemment, c’est un festival international donc c’est une belle opportunité de pouvoir montrer son travail et rencontrer des gens.
Comment s’est passée la rencontre avec le jury?
Je crois qu’ils ont bien aimé. Il y a eu de belles conversations, ils étaient très intéressés par l’aspect technique et la maturité de la collection. Avoir de bons retours à chaque fois que je présente cette collection, c’est plutôt rassurant.
Propos recueillis par Faustine Kopiejwski
{"type":"Banniere-Basse"}