Une classe de CM1/CM2 se mobilise contre le sexisme véhiculé par les yaourts de la marque Yoplait.
“Je vous annonce que vous faites du sexisme. Et vous retirez les rêves de certaines filles qui ont voulu devenir: pompier, policier, footballeuse…” – Eyvan.
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“Une femme peut très bien faire du football. Exemple, moi je fais du football alors que je suis une fille.” – Fatima.
“Je suis navrée de vous signaler que c’est du sexisme. Il y a eu des dizaines de manifestations contre le sexisme en France. Les femmes se sont battues pour faire comprendre que nous sommes égaux et libres.” – Aya
Voici quelques exemples extraits des lettres envoyées par les élèves d’une classe de CM1/CM2 à Yoplait, pour dénoncer le sexisme des yaourts Petits Filous. Lancée par un enseignant de la ville de Denain, dans le Nord, l’initiative s’inscrit dans la continuité d’un travail sur l’égalité femmes-hommes mis en place par le professeur: “J’ai remarqué que les yaourts Petit Filous de Yoplait étaient décorés de personnages, chacun représentant un métier ou un rôle. Cependant, sur les 12 pots, seuls quatre portaient un dessin de petite fille. Aussi, la répartition des rôles était très stéréotypée: pompier, policier, astronaute etc. pour les garçons et danseuse, chanteuse, vétérinaire et princesse pour les filles. Le travail mené en classe consistait à vérifier auprès des élèves si chacun des rôles pouvait être tenu par un homme ou une femme”, nous explique l’enseignant dans un mail.
“Certaines élèves pensaient qu’elles ne pouvaient pas devenir astronautes car elles n’avaient jamais vu de femme astronaute.”
DR
Résultat, ce dernier constate que les clichés sont déjà bien ancrés dans la tête de ses élèves, dont certain.e.s sont incapables de se projeter dans des métiers traditionnellement associés au sexe opposé: “Certaines élèves pensaient qu’elles ne pouvaient pas devenir astronautes car elles n’avaient jamais vu de femme astronaute, même chose pour les pirates, pour les dompteurs/dompteuses etc. Certains garçons souriaient à l’évocation de danseurs classiques.”
Après un exercice de déconstruction de ces clichés, au cours duquel le professeur a montré à sa classe des “photos, vidéos, gravures, dans lesquels les rôles attribués aux garçons par Yoplait étaient tenus par des femmes et inversement”, les 40 élèves impliqués dans le projet ont pris la plume et écrit à la marque pour “dénoncer ce sexisme ordinaire et proposer des solutions égalitaires.”
Le professeur, lui aussi, s’est fendu d’une lettre à Yoplait, dont il nous a envoyé la copie. Il y explique sa démarche en ces termes: “L’individu de demain se construit par deux biais: l’éducation et la société. En tant qu’enseignant, je considère faire ma part au quotidien pour lutter contre les inégalités. L’exemple de vos pots de yaourts peut paraître dérisoire, mais il est révélateur de ce avec quoi les enfants grandissent: une société qui véhicule, répand, pérennise des stéréotypes néfastes pour le développement personnel.” La classe au grand complet attend avec impatience la réponse de Yoplait. Et nous avec.
Olga Rigue
Mise à jour le 23/02/17:
Yoplait nous a adressé la réponse envoyée à l’instituteur, que nous publions ci-dessous.
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