Sur son quatrième album, la troublante Australienne poursuit sa quête d’une beauté vénéneuse.
Enigmatique Sarah Blasko. Dans I Awake, son précédent album sorti en 2012, elle survolait les abîmes et, à force de s’exposer, atteignait une fragile perfection entre le fracas océanique des percussions et les bouffées de sensualité du Bulgarian Symphony Orchestra. La formule paraissait trouvée, l’écriture volontairement simple transcendée par une interprétation toujours bouleversante. Mais dans Eternal Return, la biche blessée qui émergeait autrefois de rêves embrumés de surréalisme se mue sans prévenir en reine rayonnante d’une pop foudroyée de romantisme et pénétrée de part en part de luminescences rétrofuturistes. Toujours plus haute, toujours plus nue, la voix ne s’attache plus qu’à la lettre sans se livrer à la moindre vocalise. Et c’est renversant.
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Dès l’ouverture, Blasko atteint le cœur émotionnel de son art magnifiquement épuré, ici réinventé en géométries holographiques, fruits de perpétuels jaillissements synthétiques. L’“éternel retour” est sans doute là, dans ces variations métamorphiques que projette l’électronique tout autant que dans le choix de chanter des refrains assumant jusque dans ses plus humbles platitudes toute la gamme du cliché enamouré. Oser s’avouer aussi sentimentale à 39 ans demande autant d’abandon à la vie, autant de courage, que la réinvention radicale de l’habillage de ses chansons. Mais du courage, on ne doute pas que Sarah Blasko en possède. Sinon, comment nous toucherait-elle autant ? Et d’où viendrait que l’on soit à ce point amoureux de son Eternal Return ?
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