Lancée début novembre, la marque de culottes Breakfast Club prône l’empowerment et le made in France dans un coton 100% bio. À l’occasion d’une collaboration entre le jeune label et Médecins Sans Frontières, rencontre avec sa créatrice, Amandine Romero.
Ces derniers temps, Amandine Romero “passe [sa] vie à la poste”. Début novembre, l’ex-bras droit de Pedro Winter chez Ed Banger -le label de musique pour lequel elle a bossé plus de huit ans-, a lancé Breakfast Club, sa propre marque de culottes. Et à quelques semaines de Noël, elle assure elle-même les envois.
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À 33 ans, Amandine Romero a investi son argent personnel dans cette petite entreprise, avec l’envie de créer une culotte à la fois basique et sexy, “pour tous les culs”. Un sous-vêtement qui donne confiance en soi et respecte la planète, conçu en coton bio et fièrement made in France. Alors qu’elle vient de s’associer à Médecins Sans Frontières à l’occasion d’une campagne de crowdfunding, nous l’avons rencontrée.
Comment est née l’envie de lancer ta marque?
J’ai bossé près de huit ans chez Ed Banger, que je considère comme une marque -car c’est un label avec une grosse personnalité et une forte identité visuelle. Cette expérience a été géniale, notamment parce que j’ai été sensibilisée à plein d’aspects de la direction artistique. Et cela m’a donné envie de créer ma propre marque: déterminer un univers visuel et graphique fort, imaginer la femme qui porterait ces culottes…
“Je ne suis pas super à l’aise quand je suis à poil, mais avec une culotte, je suis la reine du monde!”
Pourquoi des culottes en particulier?
D’abord, c’est clairement ce qu’il y a de plus facile à produire en fringues, après le tee-shirt. Et puis, c’est un vêtement que tout le monde porte quotidiennement. C’est un vêtement qui touche à l’intimité, et je trouvais intéressant de réfléchir à la façon de créer un objet que personne ne voit, mais qui peut néanmoins avoir un impact sur ton humeur du jour. C’est dingue qu’un si petit bout de tissu puisse donner autant d’assurance. Personnellement, je ne suis pas super à l’aise quand je suis à poil, mais avec une culotte, je suis la reine du monde!
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Tes culottes sont en coton, basiques et confortables, totalement typiques des culottes portées par les filles de notre génération. Pourquoi ce choix?
Quand on a la volonté de créer quelque chose, avec tout ce qu’on sait désormais sur le réchauffement climatique et l’impact de la production sur l’environnement, on se dit direct qu’on va polluer. Du coup, on se creuse la tête pour faire sa marque de manière la plus éthique et eco-friendly possible. Assez rapidement, je me suis donc rendu compte que je voulais utiliser des matériaux naturels. J’en suis rapidement arrivée au coton, et je me suis aperçu qu’en France, il n’y avait pas de marque de culottes en coton un peu sexy. Petit Bateau par exemple, même si des femmes achètent leurs culottes, garde un positionnement “enfant”.
“Je voulais faire une campagne ‘Benetton 3.0’ avec beaucoup de diversité.”
Dans ton communiqué de presse, tu parles d’empowerment, mais tu dis que ta marque n’est pas “complètement féministe”. C’est un terme que tu n’assumes pas?
Ce n’est pas que je n’assume pas, c’est que ma marque n’est pas politique, ni revendicative. J’ai envie que tout soit léger dans l’approche, même si je défends des valeurs: ce n’est pas parce que c’est bio que c’est chiant, et ce n’est pas parce que c’est féministe que c’est agressif. Je voulais recréer l’héritage des années 70, l’esprit du mouvement No Bra -moi-même, je ne porte pas de soutien gorge-, dans une version plus contemporaine. À tous les égards, je n’avais pas envie d’être trop littérale.
Tu as quand même réfléchi à l’image que tu voulais donner, aux mannequins que tu choisirais, pour coller à ton discours?
Oui, et je suis hyper contente du shooting que nous avons fait avec la photographe indépendante Sunny Ringle. J’aurais bien aimé qu’il y ait plus de modèles, car je voulais faire une campagne “Benetton 3.0” avec beaucoup de diversité. Mais, faute de temps et d’argent, on a réduit le casting. J’ai finalement fait appel à des copines, et elles ont été géniales: elles ont toutes accepté de montrer leur cul sans être retouchées et avec très peu de maquillage.
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Tu dis que tes culottes sont “pour tous les culs”. Comment as-tu déterminé les tailles?
Au départ, c’est pareil, je voulais faire des tailles françaises pour aller au bout de la démarche made in France. Mais, toujours pour des raisons de coût, j’ai réduit le champ des tailles et j’ai opté pour les tailles américaines S, M et L. J’adorerais pouvoir faire du XL et du XXL, mais ce sera peut-être dans un second temps -ça va aussi dépendre de la demande. En revanche, j’ai fait l’impasse sur le XS car je considère que passé 18 ou 20 ans, plus grand monde ne fait de XS -et je ne suis pas sûre que ma marque parle aux meufs de 18/20 ans, car je ne sais pas si elles ont 35 euros à mettre dans une culotte, si elles sont sensibles au made in France et au coton bio. Moi, en tout cas, à cet âge-là, je m’en foutais. Quand je dis “pour tous les culs”, je parle en termes de tailles, mais aussi de couleur de peau.
Un mois après le lancement de Breakfast Club, tu viens de t’associer à MSF pour une campagne de crowdfunding. Peux-tu nous en dire plus?
C’est une campagne pour inciter les gens à donner à l’association, tout en récupérant une contrepartie. Ils ont donc créé une plateforme de crowdfunding et se sont associés avec plein de marques pour créer des éditions spéciales MSF. Je suis hyper fière de cette collaboration, d’abord parce que les valeurs de Médecins sans Frontières, c’est de n’être rattaché à aucun gouvernement, d’être complètement indépendants, et d’être juste là pour sauver des vies. Mais aussi parce que le ton de cette campagne est léger.
Tu t’es associée avec l’artiste Fafi pour cette collaboration, pourquoi elle?
C’est une amie et on est assez en phase sur notre vision des femmes et du féminisme. Elle est beaucoup plus revendicative que moi, mais on a trouvé un bon équilibre en écrivant sur la culotte “Move your ass”. C’était une manière d’inciter les gens à bouger leur cul pour soutenir cette association, qui est plus que jamais utile avec ce qui se passe dans le monde. Je trouve que c’est une bonne manière de sensibiliser les jeunes à une cause humanitaire apolitique et indépendante.
Propos recueillis par Faustine Kopiejwski
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