Au mois de septembre, Paola Torrente s’attirait de virulentes critiques pour avoir été élue dauphine de Miss Italie tout en faisant du 42. On a demandé à l’ex-Miss France Laury Thilleman ce qu’elle pensait de cette polémique.
Samedi 10 septembre s’est tenue l’élection de Miss Italie. Dans le pays comme hors de ses frontières, certains observateurs ont eu visiblement du mal à comprendre pourquoi Paola Torrente avait décroché l’écharpe de la première dauphine: “Elle était compressée dans un improbable body échancré pendant l’élection” a taclé le quotidien italien d’Il Giornale dans ses colonnes. Miss France ne pourrait-elle donc pas faire du 42? C’est la question qu’on a posée à Laury Thilleman, ex-Miss France. L’accro au running confie d’ailleurs pendant l’interview: “Devenir Miss n’était pas un rêve d’enfant, pour moi c’était même un peu la honte, je n’avais pas forcément envie que ma tête soit affichée devant 7 millions de téléspectateurs.” Les électeurs en décidèrent autrement et Laury Thilleman fut sacrée Miss France 2011. Avec recul mais sans regret, elle avoue en rigolant: “À l’époque, j’étais plutôt style garçon manqué, je n’avais pas de talons, j’y suis allée avec mes colliers en bois et mon style surfeuse”.
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“Personnellement, j’ai toujours préféré les femmes pulpeuses.”
Comme toute Miss, elle a dû jouer pendant un an le rôle de la parfaite princesse Disney: gestes mécaniques de la main, sourire Colgate, chevelure brillante… Pourtant, la jeune femme avait d’autres projets en tête, notamment celui de devenir journaliste sportive. Un rêve accompli puisqu’elle travaille aujourd’hui chez Eurosport. La polémique de Miss Italie ne lui a toutefois pas échappé, et Laury Thilleman nous donne son avis sur le diktat de la minceur qui pèse sur toutes les jeunes femmes, y compris les Miss. Interview.
As-tu été choquée par les critiques envers la dauphine de Miss Italie?
Oui, car si elle participait au concours, c’est qu’elle correspondait aux critères de la beauté italienne. Paola Torrente mérite son titre, ses formes ne doivent pas être un problème! Personnellement, j’ai toujours préféré les femmes pulpeuses. Il suffit de regarder en arrière, dans les années 70, les formes généreuses étaient synonymes de beauté, d’élégance et de richesse.
La dauphine de Miss Italie, à droite (Instagram / Paola_torrentereal)
Crois-tu que le concours de Miss France est devenu has been?
Non, je ne pense pas. Miss France ne ressemble à aucun programme et n’a pas vocation à créer le buzz, on ne verra jamais une fesse dépasser ou deux filles s‘embrasser sur la bouche! Les gens attendent des candidates qu’elles soient dignes d’un conte de fées, cette magie fait du bien, il faut la conserver.
N’attendons-nous que ça d’une Miss aujourd’hui?
Il y aura toujours le petit côté: “Sois jolie, souris et tais-toi”, mais l’image des Miss évolue dans le bon sens. Les candidates sont moins filiformes et ne sont plus seulement là pour leur beauté mais pour porter de vrais messages. Chaque Miss a ses propres convictions, l’idée n’est pas de nous mettre dans un moule mais de créer des différences.
Élire une Miss qui fait du 42 permettrait-il de faire évoluer les mentalités?
Une élection devant des millions de téléspectateurs changerait forcément la donne car l’émission a un écho énorme. Les filles se retrouveraient en elle et se feraient davantage confiance. Mais je pense que c’est aux magazines de jouer ce rôle de prescription, ils devraient faire des Unes avec des modèles taille 42.
Devenir Miss France a-t-il changé ta vision des femmes?
Oui, avant le concours, la femme parfaite était pour moi ma maman: elle avait réussi en ayant fondé sa famille, c’est tout. Aujourd’hui, avant d’être mère, je pense qu’une femme doit être épanouie dans son travail, indépendante de son mari… La femme moderne telle que je me la représente est une working girl qui réussit par elle-même.
Instagram / LauryThilleman
Comment les jeunes peuvent-elles s’émanciper des diktats qui pèsent sur le corps féminin?
Sans aucun doute grâce à la presse féminine et les défilés de mode qui peuvent offrir de nouveaux modèles. Quand je vois Nabilla défiler chez Gaultier ou Zahia chez Lagerfeld, ça casse les codes. Aujourd’hui, les mannequins se ressemblent toutes: des filles grandes, filiformes, aux yeux bleus. Face à elles, Zahia et Nabilla détonnent, d’autant que les mannequins non blanches sont presque absentes des podiums. Le jour où on fera défiler une taille 42, j’applaudirai mais ça risque de prendre encore du temps.
En tant qu’ex-Miss, quel exemple de femme veux-tu être?
Sportive, travailleuse et surtout bien dans sa peau. Pour moi, le sport est central. D’ailleurs, je ne me sens jamais mieux qu’après une séance! En tant qu’ex-Miss, on doit motiver les troupes, être un peu inspirantes. Hier, je sortais d’Eurosport où je travaille, une fille m’interpelle et me dit: “Grâce à vous, j’ai trop envie de me remettre au sport”, c’est hyper signifiant. Si je dois faire passer un message, ce n’est pas celui de devenir Miss mais d’être toujours bien dans son corps.
Propos recueillis par Claire Carisey
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