Du phénomène Emma Cline à la révélation française Line Papin, en passant par le roman d’anticipation féministe de Chloé Delaume, on a sélectionné pour vous les romans les plus Cheek de la rentrée littéraire.
Quels bouquins vont nous accompagner cet automne? Parmi les 560 romans de la rentrée littéraire, nous avons sélectionné treize livres dont le pitch nous rend déjà accros: le premier roman d’Emma Cline, The Girls, événement littéraire comme seuls les Américains savent en faire, le nouveau volume de Chloé Delaume, Les Sorcières de la République, et son propos résolument féministe ou encore L’Eveil, première œuvre de la jeune Line Papin, déjà désignée comme une nouvelle auteure qui va compter, sont de ceux-là. On vous fait les présentations.
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The Girls, d’Emma Cline (Editions de la table ronde)
Le pitch: Adolescente, Evie Boyd a été embrigadée dans une secte. C’était les années 60, la Californie, et la jeune femme avait 14 ans. Devenue adulte, elle raconte: sa vie dans un ranch en bordure du monde, sa fascination pour Suzanne, l’aînée du groupe, son basculement hors d’elle-même.
Pourquoi on a envie de le lire: Emma Cline était déjà un phénomène littéraire avant même d’avoir écrit son livre. Pour la signer, son éditeur américain a déboursé deux millions de dollars, une somme délirante pour un premier roman. On a évidemment envie de savoir si le montant du chèque était justifié, mais on est aussi séduits par cette fiction qui s’appuie, de manière à peine dissimulée, sur l’histoire de la famille Manson. Un thème aussi traité par Simon Liberati dans son California Girls, qui sort en France au même moment. Mais qui n’a, quant à lui, pas la chance d’avoir été adoubé par Lena Dunham.
Féminine, d’Emilie Guillaumin (Fayard)
Le pitch: Après une rupture sentimentale, Emma Linarès s’engage dans l’armée. Elle qui a toujours été fascinée par les défilés militaires et rêvait une vie d’aventures se met pourtant à douter de son engagement à mesure que les jours passent.
Pourquoi on a envie de le lire: Parce qu’Emilie Guillaumin, l’auteure de ce premier roman, est partie de sa propre expérience d’un an et demi dans l’armée de terre pour parler de la grande muette. Cette journaliste passée par Radio Classique a sans doute beaucoup de points communs avec sa narratrice, dont un goût très prononcé pour la lecture. Il y a des chances qu’on s’identifie.
Les Cosmonautes ne font que passer, d’Elitza Gueorguieva (Verticales)
Le pitch: L’histoire d’une petite fille de 7 ans qui, dans la Bulgarie communiste des années 80, rêvait de devenir cosmonaute… Avant d’être rattrapée par la pré-adolescence et le début d’une nouvelle ère politique, qui engendrera chez la narratrice un certain nombre de remises en questions.
Pourquoi on a envie de le lire: Pour savoir comment une jeune femme de notre âge -Elitza Gueorguieva est née en 1982- s’est construite dans un contexte si différent de celui de notre enfance. Née en Bulgarie, l’auteure de ce premier roman vit en France depuis 15 ans désormais, et pose un regard tendre et drôle sur son enfance de l’autre côté du mur.
Désorientale, de Négar Djavadi (Liana Lévi)
Le pitch: Alors qu’elle se trouve dans une salle d’attente pour recevoir une insémination artificielle et avoir un enfant avec sa compagne, Kimiâ Sadr se remémore son enfance, dans un Iran qu’elle a quitté à l’âge de 10 ans pour s’exiler avec sa famille à Paris.
Pourquoi on a envie de le lire: “Un récit qui évoque l’Iran des années 1970, la France d’aujourd’hui, l’exil, l’homosexualité, l’identité, la transmission et la PMA”, raconte le site Livres Hebdo, pour présenter le livre de Négar Djavadi. Des thématiques qui éveillent notre intérêt, surtout que le même média indique que la romancière a placé “en exergue du roman les paroles d’une chanson de PJ Harvey”.
L’Eveil, de Line Papin (Stock)
Le pitch: A Hanoï au Vietnam, de nos jours. Les histoires d’amour de deux filles et deux garçons, dont celle de Juliet, fille de l’ambassadeur australien, tombée raide d’un français qui, lui, est hanté par une autre.
Pourquoi on a envie de le lire: Le titre de ce premier roman et le décor où il s’ancre nous évoquent immanquablement Marguerite Duras et son Amant. La jeune Line Papin -née en 1995-, deviendra-t-elle une auteure aussi importante que son illustre aînée? C’est un peu tôt pour le dire mais, tous ceux qui ont fricoté de près avec ce roman d’amour fou sont tombés raides du style de la jeune romancière.
Le Grand jeu, de Céline Minard (Rivages)
Le pitch: Une femme part s’isoler dans la montagne pour se confronter aux éléments et tenter de répondre à la question suivante: comment vivre? Mais alors qu’elle s’apprête à rencontrer la solitude, surgit une ermite qui fait vaciller ses plans.
Pourquoi on a envie de le lire: Dans le tumulte de nos vies ultra-connectées, les récits d’isolement sont souvent une occasion de faire taire le bruit ambiant. Céline Minard en est coutumière puisqu’elle était aller vivre, pour l’écriture de son précédent livre, Faillir être flingué (2013), dans une tente à 2000 mètres d’altitude.
Voici venir les rêveurs, de Imbolo Mbue (Belfond)
Le pitch: En 2007 aux Etats-Unis, les destins croisés de deux familles. L’une est celle de Jende Jonga, qui a immigré du Cameroun et espère obtenir ses papiers, l’autre celle de Clark Edwards, banquier chez Lehman Brothers.
Pourquoi on envie de le lire: A l’instar de Chimamanda Ngozi Adichie, la Camerounaise d’origine Imbolo Mbue interroge les relations entre Afrique et Etats-Unis. Sur fond de crise des subprimes, Voici venir les rêveurs déconstruit le mythe de l’American Dream, chiffonne la carte verte, et pousse à poser un regard neuf sur le monde et l’Afrique en particulier.
Le Syndrome de la vitre étoilée, de Sophie Adriansen (Fleuve noir)
Le pitch: Stéphanie et Guillaume, après 10 ans de vie commune, veulent un enfant. Mais l’enfant ne vient pas. Dans Le Syndrome de la vitre étoilée, la narratrice retrace l’histoire d’un désir d’enfant qui n’a pas abouti, conduisant à la fin d’une relation.
Pourquoi on a envie de le lire: Comme le rappelle une statistique recensée dans le bouquin, un couple sur cinq rencontre des difficultés pour avoir un enfant. Le livre de Sophie Adriansen, écrit comme un journal de bord, explore de l’intérieur le désir de maternité et questionne la place de la femme nullipare dans la société. Que l’on s’identifie personnellement à l’histoire de ce couple ou pas, assurément un thème qu’on a envie d’explorer.
Oreo, de Fran Ross (10/18)
Le pitch: Tout juste sorti en poche, Oreo est un incontournable de cette rentrée. Ce roman, qui date de 1974, n’a atteint le statut de livre culte que quarante ans après sa première parution, soit lors de sa ressortie en 2014. Depuis, il est considéré comme un classique de la littérature afro-américaine féministe.
Pourquoi on a envie de le lire: Parce qu’en essayant de retrouver son père dans un New York labyrinthique, la narratrice, Oreo, nous embarque au cœur de questions universelles et plus que jamais d’actualité. “Parodie du mythe de Thésée, ce texte truculent est un questionnement sur l’origine, mais aussi sur l’utopie d’une réconciliation toujours en devenir”, nous indique le communiqué de presse. “Figure ambiguë, métissée, Oreo, l’héroïne, fait montre d’une liberté de mouvement et de ton qui illustre le refus de toutes les frontières.” Un “must read”.
Chanson douce, de Leïla Slimani (Gallimard)
Le pitch: Myriam et son époux décident d’engager une nounou pour leurs deux jeunes enfants. Après une recherche poussée, Louise est recrutée. Cette dernière prend immédiatement une place importante dans le cœur des enfants, ainsi que dans la vie de la maison. “Peu à peu le piège de la dépendance mutuelle va se refermer, jusqu’au drame”, indique le communiqué de presse.
Pourquoi on a envie de le lire: On pense instantanément à La Main sur le berceau, thriller 90’s qui mettait en scène Rebecca de Mornay dans la peau d’une nounou machiavélique. Et on en frissonne d’avance…
I Love Dick, de Chris Kraus (Flammarion)
Le pitch: Une femme tombe folle amoureuse de Dick (Si le mec s’était appelé Gérard ce serait moins fun), un homme qu’elle a vu une seule fois dans sa vie. Elle décide d’entamer une correspondance épistolaire avec ce dernier, à laquelle se joint aussi son mari quelque temps après.
Pourquoi on a envie de le lire: Paru aux Etats-Unis en 1997, I Love Dick de Chris Kraus (rien à voir avec les petits rappeurs qui mettaient leurs fringues à l’envers), vient seulement d’être traduit à l’international. Il était temps, car cette œuvre est selon les Inrocks “furieusement féministe, immoral[e] et romantique”, quand le Guardian la présente carrément comme “le livre le plus important sur les relations hommes-femmes qui ait été écrit au XXème siècle.” Rien que ça.
Les Sorcières de la République, de Chloé Delaume (Seuil)
Le pitch: Entre 2017 et 2020, la France a été dirigée par le Parti du Cercle, émanation d’une secte féministe qui a voulu compenser des millénaires de domination masculine. Plus de quarante ans plus tard, au Stade de France, qui tient alors lieu de Tribunal du Grand Paris, Sybille, la fondatrice du Parti du Cercle, va être jugée.
Pourquoi on a envie de le lire: Ce roman d’anticipation qu’on imaginerait bien dans un décor à la Jacky au royaume des filles est apparemment emprunt d’un humour mordant. C’est un bon argument, mais pas autant que celui avancé par Chloé Delaume elle-même dans cette vidéo: selon elle, le livre a “pour objectif assumé de réveiller les femmes” et pour devise “liberté, parité, sororité”.
Mauvaises filles, incorrigibles et rebelles, de Véronique Blanchard et David Niget (Textuel)
Le pitch: D’Augustine, la patiente du Professeur Charcot dont a récemment été tiré un film, à Albertine Sarrazin, emblème rebelle dans les années 50, ce livre relié, qui regroupe de nombreux documents, dresse les portraits de 20 “mauvaises filles”, de 1940 à 1980.
Pourquoi on a envie de le lire: La grande histoire a majoritairement retenu le nom de celles qui ont fait avancer la cause féministe par leurs actions institutionnelles. Mais, ces électrons libres qui n’avaient souvent d’autre objectif -ou d’autre choix- que de vivre leur vie comme elles l’entendaient, méritent autant, pour leurs vies tumultueuses et loin des conventions, qu’on fasse leur connaissance.
Faustine Kopiejwski
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