Ce matin, sur France Inter, l’auteure Éliette Abécassis s’est fendue d’une chronique bien sexiste sur le football, cette “valeur refuge de la masculinité”.
Affligeant, c’est le premier mot qui nous est venu à l’esprit ce matin lorsqu’on a écouté la chronique d’Éliette Abécassis -qui tient la rubrique Fan de foot durant l’Euro 2016-, intitulée Foot, valeur refuge de la masculinité.
L’écrivaine commence ainsi sa chronique: “Les pauvres, on leur demande de tout faire, d’assister aux accouchements, langer les enfants, les sortir au parc, on les croise dans les Monoprix en train de faire les courses à 19 heures et d’en sortir avec du lait et des paquets de courses; bon d’accord, on n’a toujours pas inventé l’homme qui achète le papier toilette quand y en a plus, mais ils font la cuisine, ils soignent leur barbe comme Giroud et leur look comme dans la pub The Kooples, ils se consacrent à leurs enfants qui sont tout pour eux […]”
Ça commence déjà très mal mais la suite est encore pire, la preuve: “Les hommes, en fait, il y a un seul lieu où ils peuvent encore l’être, c’est le foot.” Ah bon? Et l’écrivaine de continuer: “Pas question de rentrer du travail le soir et de dire ‘chérie, je vais prendre une bière avec des potes, je reviens plus tard, je sais pas quand’.” Ah bon (bis)? “Avec le foot, c’est magique, c’est possible, c’est socialement acceptable de passer la soirée avec des copains en train de prendre une bière si et seulement si c’est pour un match de foot.” Donc, selon Éliette Abécassis, les femmes interdisent à leurs mecs de sortir le soir boire des bières mais quand y a foot, elles les “autorisent”. Ne parlons même pas du fait que les nanas aussi ont envie d’aller boire des coups.
Ensuite, on apprend que le foot est “réservé aux hommes”: “Tout comme peu de femmes regardent les matchs de foot, c’est réservé aux hommes, aux vrais, c’est le lieu où ils peuvent être ensemble, entre mecs avec leur langage qu’eux seuls comprennent.” Éliette Abécassis illustre alors son propos par des phrases particulièrement difficiles à comprendre -pour les femmes bien sûr: “T’as vu la compo? Qui est sur le banc?” Mais qu’est-ce que cela peut bien signifier?
Et de terminer par cette affirmation: “Les joueurs de foot, ce sont des hommes, des vrais, ils bondissent, ils frappent, ils assurent, ils surmontent avec brio le but pris dans la deuxième minute de jeu. (Ndlr: Sympa pour tous les mecs qui ne jouent pas au foot, et pour ceux qui ne ‘frappent pas’) […] Le foot, c’est le dernier refuge de la masculinité dans une société où elle tente de regagner du terrain, par le retour du patriarcat qu’incarne aussi le foot, parce qu’on y va de père en fils et qu’on le regarde entre hommes comme une transmission secrète et initiatique d’un ballon qui est le flambeau, le dernier vestige, le phallus qu’il s’agit tout de même de mettre dans le but.” On ne savait pas que le patriarcat avait disparu, que la “masculinité” avait perdu du terrain donc merci pour ce moment, Éliette Abécassis.
Julia Tissier