Les conseils de lecture estivale de la rédaction pour bronzer sans se griller les neurones.
Que vous soyez déjà en vacances ou que le bout du tunnel soit proche, on vous livre nos conseils littéraires pour vos vacances d’été. De l’incroyable Tour du monde en 72 jours de Nellie Bly aux réflexions de Maïa Mazaurette sur la beauté et ses injonctions absurdes, qui décomplexent avant l’enfilage du maillot de bain, voici les livres que la rédaction a préférés cette année et qu’on vous suggère d’emporter dans votre valise.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Recommandé par Myriam Levain:
Le nouveau nom, d’Elena Ferrante (Gallimard)
Le pitch: Le deuxième tome de L’amie prodigieuse nous emmène à nouveau dans le Naples populaire des années 60, où l’on retrouve Lila et Elena, deux amies d’enfance aux personnalités hors du commun, dont on suit l’entrée dans l’âge adulte et les questionnements sur leur identité de femme, dans une Italie aux valeurs traditionnelles.
Pourquoi je le recommande: Une saga, c’est un peu comme une série, et j’ai été ravie de retrouver pour une deuxième saison ces figures féminines fortes, dont les interrogations, qu’on pourrait penser datées, font souvent écho aux nôtres. Et si l’auteure était de notre génération? Impossible de répondre à cette question car son identité est une énigme littéraire non résolue: on ne sait toujours pas qui se cache derrière le pseudo d’Elena Ferrante. Ce qui ne nous empêche pas d’attendre avec impatience les deux prochains tomes, en cours de traduction. Et pour celles et ceux qui sont complètement passés à côté de ce spectaculaire bouche à oreille, il n’est pas trop tard: le premier tome est désormais disponible en poche, donc encore plus facile à glisser dans une valise.
Un lieu à soi, de Virginia Woolf (Denoël)
Le pitch: La féministe anglaise du début du XXème siècle démontre que si les femmes sont historiquement restées à l’écart du pouvoir, c’est parce qu’elles n’avaient ni revenu ni lieu à elles pour pouvoir réfléchir et créer.
Pourquoi je le recommande: Parce que malheureusement, un siècle plus tard, cet essai n’a pas beaucoup vieilli, et nous rappelle que les droits des femmes sont une conquête permanente pour toutes les générations. En plus, ce texte de référence vient d’être à nouveau traduit, et pas par n’importe qui: c’est Marie Darrieussecq herself qui est l’auteure de la traduction 2016.
La légèreté, de Catherine Meurisse (Dargaud)
Le pitch: La dessinatrice Catherine Meurisse a miraculeusement échappé à l’attentat de Charlie Hebdo et, pour ne pas sombrer, a décidé de réaliser une BD en guise de thérapie. Elle nous raconte cette année 2015 pas comme les autres en texte et en images.
Pourquoi je le recommande: Si Catherine Meurisse a été frappée de plein fouet par la tragédie Charlie, un certain nombre d’entre nous ont été traumatisés par la série d’attentats qui frappent la France depuis l’année dernière. Plonger dans la BD de Catherine Meurisse, c’est une façon de se confronter à ces nouvelles angoisses collectives, tout en retrouvant (un peu) le goût de la légèreté, que l’auteure veut nous transmettre à travers des dessins à la poésie salvatrice.
Recommandé par Faustine Kopiejwski:
Le Tour du monde en 72 jours, de Nellie Bly (Éditions du Sous-Sol)
Le pitch: En 1889, Nellie Bly, reporter pour le quotidien New York World, se lance un pari fou: réaliser un tour du monde en 72 jours et battre ainsi, pour de vrai, le record imaginaire inscrit par Phileas Fogg dans le célèbre roman de Jules Vernes.
Pourquoi je le recommande: Effectuer Le Tour du monde en 72 jours aux côtés de Nellie Bly, c’est comme voyager à bord d’une machine à remonter le temps avec une pote féministe sapée en costume d’époque. Elle est intrépide, drôle, et s’il faut bien admettre que son approche de l’anthropologie est parfois un peu datée, Nellie Bly étonne le plus souvent par sa modernité et sa détermination. Surtout, Nellie Bly semble avoir traversé les âges pour nous porter ce message simple: on peut partir en voyage pendant deux mois et demi en emportant seulement un micro sac -oui, elle est partie avec pour seul bagage le petit machin qu’on voit sur la photo. Y repenser très fort au moment de faire sa valise.
Recommandé par Julia Tissier:
Sexpowerment, de Camille Emmanuelle (Anne Carrière)
Le pitch: Les corps, les apparences, l’éducation sexuelle, les plaisirs, les sexualités, le féminisme, voici en gros les thèmes abordés dans cet essai qui mélange enquête, récits persos et reportages gonzos. Le tout avec une écriture enlevée et drôle.
Pourquoi je le recommande: Parce que ce livre défend, avec une grande détermination, une vision positive des sexualités, qu’il vulgarise avec subtilité et humour ce sujet essentiel et que ça vaut vraiment le coup d’apprendre la signification du mot “sexpowerment”. En plus, les punchlines de Camille Emmanuelle -“Je fais Nicolas le jardinier avec ma chatte, quoi”- valent le détour. Je vous défie de ne pas terminer ce livre avec un grand sourire.
Recommandé par Virginie Cresci:
Belle toute crue! Comment survivre dans le monde des obsessions beauté, de Maïa Mazaurette (Marabout)
Le pitch: Être belle sans se faire belle, discrète mais avec du rouge aux lèvres … Tous les jours, magazines, médias et fausses bonnes copines nous bombardent d’injonctions qui n’ont ni queue ni tête. Résistons! nous dit Maïa Mazaurette.
Pourquoi je le recommande: Si la beauté peut sembler un sujet délicat et superficiel, Maïa Mazaurette l’a rendu à la fois drôle et intelligent. Avec elle, on entre en résistance contre les diktats schizophréniques des apparences. Finis les bad hair day et repoudrage de nez, plus on tourne les pages, plus on se sent belle sans artifices. Bien plus efficace qu’un régime: à lire absolument avant d’enfiler un maillot de bain pour s’accepter comme on est.
Recommandés par Pauline Le Gall:
Sex and the séries, d’Iris Brey (Soap Editions)
Le pitch: Iris Brey décortique les séries américaines modernes et explique comment elles ont participé à modeler le regard que l’on porte sur la sexualité féminine. Des séries les plus conservatrices aux plus contemporaines, rien n’échappe à son regard acéré.
Pourquoi je le recommande: Cet essai brillant nous fait reconsidérer tout ce qu’on a pu voir à la télévision ces vingt dernières années. Tout ce qu’on a binge-watché -sans (forcément) réfléchir- prend d’un coup un tout nouveau sens, des dialogues de Sex and the City aux pieux de Buffy contre les vampires en passant par les scènes de cul de Girls. Iris Brey pose aussi des questions très pertinentes sur la représentation de l’homosexualité, sur l’invisibilisation de certaines sexualités et sur le langage. Qui intéresseront un public bien au-delà des sériephiles.
Riot grrrls: Chronique d’une révolution punk féministe, de Manon Labry (Editions La Découverte)
Le pitch: Une odyssée dans le mouvement des riot grrrls, de son émergence au début des années 90 à sa progressive disparition.
Pourquoi je recommande : L’essai de Manon Labry est génial sur deux tableaux: il est à la fois une merveilleuse porte d’entrée dans la musique des riot grrrls et la lecture politique extrêmement édifiante d’un mouvement féministe. L’auteure a une écriture aussi punk que les groupes dont elle parle, et sa passion pour le féminisme exalte et emporte le lecteur à chaque page. Elle montre aussi qu’il est toujours possible, avec deux guitares et deux amplis pourris, de secouer les fondations du patriarcat.
L’attente infinie, de Julia Wertz (Agrume)
Le pitch: En trois histoires autobiographiques, Julia Wertz raconte sa maladie et son alcoolisme mais aussi des histoires tendres et nostalgiques sur l’enfance et son passage difficile (voire impossible) à l’âge adulte.
Pourquoi je le recommande: Si les sujets abordés paraissent tous plus déprimants les uns que les autres, le trait faussement enfantin de Wertz et son humour ravageur, bourré de second degré et agrémenté d’une pointe de cynisme, rendent L’attente infinie irrésistible. Et surtout hilarant.
La rédaction de Cheek Magazine
{"type":"Banniere-Basse"}