À 19 ans, Tkay Maidza maîtrise autant le chant que le rap, et conceptualise un genre futuriste et incandescent dans lequel hip-hop, électro et 2-step cohabitent à merveille. Récemment signée sur le label Kitsuné, son premier album est prévu pour la rentrée et promet de (très) belles surprises. Découverte d’une artiste à suivre de près.
Tkay Maidza est née au Zimbabwe, dans une famille passionnée par la science (ses parents sont ingénieurs en chimie et en métallurgie) et la musique. À 5 ans, elle déménage en Australie, où elle réside encore aujourd’hui, à Adelaïde. Son père, batteur et guitariste, possède un studio d’enregistrement qu’il met volontiers à la disposition de sa fille. Car depuis son plus jeune âge, Takudzwa Victoria Rosa Maidza -un vrai nom à rallonge-, voue un amour infini à la musique. “J’ai été bercée par des musiques très différentes. Mes parents écoutaient beaucoup de chansons africaines. Plus tard, en Australie, j’ai écouté beaucoup de rappeurs: Nicki Minaj, M.I.A, Azealia Banks, Kendrick Lamar… Pas mal de pop aussi, et de musique alternative. Ce mélange des cultures a eu une influence majeure sur ma personne, sur ma musique”, explique-t-elle à Konbini.
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Un succès précoce et fracassant
À 16 ans, la jeune femme obtient son baccalauréat mais réalise peu de temps après que ses préoccupations profondes ne sont pas d’ordre scolaire, mais plutôt artistique. C’est ainsi qu’elle décide d’abandonner ses études pour se consacrer à sa passion, encouragée par ses parents qui lui assurent un soutien indéfectible. Un jour, alors qu’elle rappe depuis seulement un an, Tkay poste sur le net Handle My Ego, composé avec le producteur Badcop.
Le titre, un ego trip au culot assumé et aux tonalités dancehall et dubstep, fait l’effet d’une bombe, et sera téléchargé des milliers de fois en quelques heures. Voilà la carrière de Tkay Maidza lancée: elle devient une star dans son pays d’adoption, et ce succès ne devrait pas tarder à se propager sur le Vieux Continent.
Un génie reconnu et exhorté par ses pairs
Sur des compositions hybrides à mi-chemin entre hip-hop et dubstep, elle dépose tantôt son flow acéré, tantôt sa voix de velours. La multiplicité de ses talents devient sa marque de fabrique, et très vite l’artiste se fait remarquer par la crème des producteurs, comme l’Australienne George Maple, What So Not, ou encore Paces. Puis, c’est au tour de Rita Ora, Mark Ronson ou encore Charlie XCX de l’adouber, en lui offrant les premières parties de leurs concerts à guichets fermés. Sur scène, Tkay Maidza déploie une énergie et un charisme redoutables. Et ce ne sont pas les chanceux qui ont assisté à son show lors du dernier Printemps de Bourges qui diront le contraire. Son style interpelle, et sa capacité quasi-schizophrénique à passer du flow mitraillette à un chant mâtiné de soul la place dans la lignée de ses consoeurs, quelque part entre Azealia Banks, M.I.A ou encore Iggy Azalea, qu’elle a d’ailleurs déjà remplacée au pied levé sur le titre Fancy lors d’un concert de Charlie XCX. Parfois même, quand son débit approche la vitesse de la lumière et que ses textes fleurent bon l’ego trip, elle rappelle le mastodonte américain Busta Rhymes en version féminine.
Mais Tkay Maidza ne se considère pas pour autant comme une rappeuse pur jus. “Je dirais juste que ma musique est éclectique, variée. J’ai aussi envie de dire que c’est de la dance music, de la pop… Mais puisque je rappe, je dirais aussi que c’est du hip-hop; mais pas du vrai rap, car je ne me considère pas comme une rappeuse pure et dure”, confesse-t-elle. Malgré tout, rien n’effraie la chanteuse à l’ADN multiple, qui n’en finit pas d’explorer les sons et d’élaborer des titres pourvus de mutations génétiques assez extraordinaires. Un talent d’alchimiste (peut-être hérité de ses parents scientifiques) qui lui permet de télescoper les genres avec un naturel déconcertant et parfois au sein d’un même titre, à l’instar de l’entêtant Brontosaurus, lui aussi composé avec l’aide de Badcop, du morceau Ghost produit par Baauer (le créateur du célèbre Harlem Shake), ou encore de U-Huh, présent sur son EP Switch Tape sorti l’hiver dernier. Un registre sans fin qui fait d’elle une incroyable défricheuse de tendances, qui n’a sûrement pas fini de nous surprendre.
Julie Pujols Benoit
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