La fête des mères célèbre nos chères génitrices et encense la maternité. Pourtant, être mère n’est pas forcément une partie de plaisir, comme on a tendance à nous le faire croire. Le septième art aime à nous le rappeler…
La fête des mères s’entend parfois au sens littéral du terme: dans les films suivants, les cinéastes -presque tous des hommes à l’exception de Lynne Ramsay, réalisatrice de We Need to Talk About Kevin– ont visiblement décidé de faire leur fête aux génitrices. Enceintes de monstres sanguinaires, en excès d’amour maternel ou au contraire dépourvues de ce sentiment, en proie au baby blues ou revenant pourrir la vie de leurs enfants même après leur mort, les mamans sont à l’honneur de cette sélection ciné qui montre leurs galères comme leurs travers.
Alien 3, de David Fincher (1992)
Le pitch: Le lieutenant Ellen Ripley est encore dans une panade pas possible. Son vaisseau vient de s’écraser sur une planète habitée par un pénitencier, lui-même peuplé de locataires pas très recommandables. Manque de pot, il se trouve que la petite bestiole gourmande en chair fraîche, héroïne de la saga Alien, se trouvait à bord de son bolide. Pour en rajouter une couche, le personnage interprété par Sigourney Weaver devient un objet de désir pour tous les détenus et échappe au viol, avant d’apprendre qu’elle est l’heureuse mère d’un alien.
Ce que cela nous dit: Ce troisième volet de la saga Alien transpire le religieux, de par l’architecture des décors, la foi des détenus mais aussi à travers les rôles attribués à Ripley. Lors de son arrivée, elle est l’objet de toutes les convoitises et manque de se faire violer, puis son statut change quand elle constate sa grossesse. Puisqu’elle porte en elle un alien, la reine mère, qui rôde dans les parages, ne lui fera pas de mal. Elle devient alors la seule pouvant détruire la bestiole, et passe du statut de putain à celui de mère. De Marie-Madeleine à la Sainte Vierge. Manque de pot, elle porte en elle l’antechrist, pas le fils de Dieu.
Rosemary’s baby de Roman Polanski (1968)
Le pitch: La jeune et fraîche Rosemary (Mia Farrow) respire le bonheur dans le nouvel appartement spacieux et peu coûteux où elle vient d’emménager à New York, avec son acteur de mari, Guy. Deux éléments manquent au tableau: un jeune bambin et une véritable carrière pour l’époux. Deux éléments qui ne vont pas tarder à arriver.
Ce que cela nous dit: Rosemary constate que son petit rejeton n’est pas celui de son mari, mais celui de Belzebuth, et que ses charmants et excentriques voisins ont tout mis en œuvre pour faire venir à terme le petit être maléfique. Conclusion: si vous vous apprêtez à donner la vie, ne suivez surtout pas les conseils alambiqués de votre entourage, encore plus s’il fricote avec les satanistes, et écoutez votre propre bon sens.
We Need to Talk About Kevin, de Lynne Ramsay (2011)
Le pitch: Eva a choisi de mettre de côté sa carrière pour se consacrer à sa vie de famille. Bien mal lui en a pris. Cette mère de deux enfants, campée par la géniale Tilda Swinton, a beaucoup de difficultés à communiquer avec son fils aîné, et semble être la seule à voir son côté maléfique. Lorsque l’adolescent commet l’irréparable, sa mère revient alors sur sa vie et ce qui aurait pu influencer son enfant.
Ce que cela nous dit: Et si cette croyance populaire qui nous laisse entendre qu’un amour indéfectible relie une mère et son enfant était finalement fausse? Autre élément apporté par le film, (et qui fait un bien fou): l’éducation prodiguée par une mère n’est pas forcément responsable du comportement de l’enfant.
Mother, de Joon-ho Bong (2009)
Le pitch: Dans ce film coréen, le rôle principal, qui n’a d’ailleurs pas de nom, est ce que l’on peut appeler une maman poule. Une mère courage qui tente tant bien que mal de protéger son fils de presque 30 ans, incapable d’être autonome. Une existence pas si évidente qui devient encore plus compliquée quand ledit fils, baptisé Do-Joon, est accusé du meurtre d’une adolescente. Sa mère va tout faire pour l’innocenter, et partir en quête du meurtrier.
Ce que cela nous dit: Aimer son fils, c’est bien. Faire tout pour qu’il échappe à ses responsabilités l’est moins. Joon-ho Bong explore ici cette image de mère qui laisse tout passer à son enfant, et le materne à outrance.
Psychose, d’Alfred Hitchcock (1960)
Le pitch: Norman Bates est l’heureux propriétaire d’un motel où est assassinée la jeune Marion, alors en fuite avec une importante somme d’argent qu’elle vient de voler. La responsable ne serait autre que la mère du très fragile Norman.
Ce que cela nous dit: Tout comme un enfant peut être une créature abominable, une mère peut être aussi abjecte. La preuve, avec cette charmante madame Bates qui a réussi à vivre à travers son fils (lequel a quelques troubles d’identité), depuis l’au-delà.
Un Heureux événement, de Rémi Bezançon (2011)
Le pitch: Barbara n’est que bonheur et amour avec Nicolas. Une histoire idyllique qui va virer au cauchemar avec l’arrivée d’un enfant au sein du couple.
Ce que cela nous dit: Dans l’imaginaire collectif, les premiers jours de la maternité riment avec journée au lit, avalanche de cadeaux et sieste avec bébé. Rémi Bezançon nous explique qu’ils s’accordent plutôt avec crise de nerfs et de larmes. Un film qui met à mal le cliché de la femme épanouie dans la maternité et évoque sans détours le baby blues.
Lisa Agostini