Du 21 au 25 avril, la jeune génération de stylistes, de photographes et de musiciennes s’est donné rendez-vous au festival de Hyères. On y sera et on vous en offre un avant-goût.
Comme chaque année, le Festival international de mode et de photographie de Hyères met en avant la jeune scène artistique dans l’enceinte de la spectaculaire villa Noailles, l’un des chefs-d’œuvre architecturaux du Français Robert Mallet-Stevens. En parallèle des défilés et des expositions, l’agence Stage of the Art, qui programme les concerts sur place en partenariat avec Converse, a sélectionné cette année deux artistes féminines et hexagonales, les très prometteuses Juliette Armanet et Petite Meller. Avant de les retrouver plus longuement sur Cheek, on vous les présente, ainsi qu’une poignée de stylistes et de photographes nouvelle génération qui nous ont tapé dans l’œil.
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MODE
Clara Daguin
© Alice Brygo
Son CV: Née en 1987, Clara Daguin a grandi dans la Silicon Valley avant de venir s’installer à Paris. Titulaire d’un bachelor en beaux-arts et design graphic obtenu à San Francisco, elle est fraîchement diplômée de l’École nationale supérieure des arts décoratifs (ENSAD) de Paris, où elle a validé un master en design vêtements.
Pourquoi elle est Cheek: Son enfance au pays de Steve Jobs et Raymond Kurzweil a profondément marqué le travail de Clara Daguin. Le patron transhumaniste de Google est d’ailleurs l’une des nombreuses sources d’inspiration très geek de la jeune designer, qui travaille sur “la technologie comme extension du corps”. Comme elle le confie dans une interview à écouter sur Le Fashion Post, elle s’est “beaucoup inspirée des réseaux, des serveurs informatiques, de tout ce qui fait l’Internet d’aujourd’hui”. Dans le monde virtuel qui la fascine, elle aime remettre l’humain au centre et utilise, pour réaliser ses créations, aussi bien des techniques nouvelles que très anciennes, comme la broderie, convaincue qu’il est essentiel de perpétuer le savoir-faire manuel. Bref, une créatrice à la fois chic et geek.
Wataru Tominaga
Capture d’écran du site watarutominaga.com
Son CV: Déjà auréolé de plusieurs récompenses, le Japonais Wataru Tominaga a étudié dans son pays d’origine, mais aussi en Finlande et en Grande-Bretagne. Diplômé de la célèbre Central Saint Martins, dont sont issus les plus grands (Stella McCartney, Phoebe Philo, Alexander McQueen…), le jeune designer est aussi passé par Paris, où il a effectué un stage auprès de John Galliano, au moment où ce dernier a rejoint les rangs de la maison Margiela.
Pourquoi il est Cheek: Même si les collections de Wataru Tominaga sont a priori prévues pour les hommes, le designer aime à abolir les frontière entre les genres. “Au delà des stéréotypes masculin et féminin, le styliste observe ce qui dans le textile, le motif ou la couleur, se prête souvent à un classement de genre. Il constate que les vêtements masculins sont souvent privés de la fantaisie concédée aux dames […] Il s’inspire des groupes marginaux émancipés de ces clivages, comme les hippies ou les nerds qui partagent indifféremment leurs vêtements entre filles et garçons”, nous apprend sa présentation sur le site du festival de Hyères. Bref, ce jeune homme a tout pour nous plaire.
MUSIQUE
Juliette Armanet
© Erwan Fichou et Théo Mercier
Son CV: D’origine lilloise, Juliette Armanet fait parler d’elle depuis 2014 et la publication sur SoundCloud de son morceau L’Amour en solitaire, produit par le rémois Yuksek. Lauréate du concours les Inrocks Lab la même année, la musicienne est issue d’une famille d’artistes (père jazzman, mère pianiste) et a commencé à composer dès l’âge de 14 ans. Promise à un avenir musical radieux sur les traces de Michel Berger et de Kate Bush, cette musicienne hybride, à qui la presse déroule déjà le tapis rouge, publiera un nouvel Ep intitulé Cavalier Seule le 29 avril.
Pourquoi elle est Cheek: Cette trentenaire slasheuse, à la fois documentariste et musicienne, affiche une discrétion insidieuse. Son image, à la sophistication tranquille, cumule sens de l’esthétique et incursions dans l’étrange, comme sur la pochette de Cavalier Seule, signée par l’artiste Théo Mercier, où elle arbore une queue de cheval dans tout son sens littéral. Pour illustrer L’Amour en solitaire, elle posait en pull mohair et bras d’hommes. Dans sa musique aussi, on retrouve ce goût si particulier pour une sobriété décalée, où le bizarre vient doucement chatouiller l’évidence. À la fois accessible et arty, Juliette Armanet nous plaît énormément.
Petite Meller
DR
Son CV: Sivan Eva Meller, alias Petite Meller, est née à Paris et a étudié la philosophie à Tel Aviv. À 29 ans, elle n’est pas une débutante dans le monde de la musique puisque, avant d’œuvrer en solo, elle faisait partie du groupe électro israélien Terry Poison, avec lequel elle a tourné à travers le monde. Depuis 2013, elle distille ses propres morceaux avec des clips ultra léchés qui multiplient les références ciné (Jean-Luc Godard, Wes Anderson…), réalisés par le duo a.t. mann et Napoleon Habeica, comme celui de Backpack ou de Baby Love, visionné plusieurs millions de fois.
Pourquoi elle est Cheek: Derrière ses allures de femme-enfant qui a forcé sur le blush, Petite Meller est une vraie cérébrale, dotée d’une démarche artistique sans concession. “Je me nourris beaucoup de philosophie. Freud, Jacques Lacan, Gilles Deleuze… Pour moi, la philosophie française est la meilleure!”, confiait-elle à Neon. Intrigante et limite dérangeante, elle a tout de la performeuse ultime, et ses concerts, notamment à Londres où elle a élu domicile, ne cessent de faire parler d’eux. On a l’impression d’assister à la (re)naissance d’une future grande.
PHOTO
Anaïs Boileau
Pauline, Plein Soleil, 2014 © Anaïs Boileau
Son CV: Formée à l’Ecole cantonale d’art de Lausanne (ECAL), Anaïs Boileau est une photographe française de 24 ans. Elle a assisté le photographe Charles Fréger sur l’ouvrage L12.12, publié à l’occasion des 80 ans de Lacoste, et a travaillé à Hong Kong le temps d’une résidence au Design Institute de la ville. Elle est l’une des photographes à l’origine du collectif Upho (Unité photographique).
Pourquoi elle est Cheek: En photographiant des femmes qui bronzent sur la côte méditerranéenne pour la série Plein Soleil, son projet de fin d’études, Anaïs Boileau montre des corps tels qu’ils sont, sans chercher à cacher leurs imperfections. La morphologie de ses sujets s’efface d’ailleurs derrière une esthétique pop, un environnement graphique qui semble leur offrir une jeunesse éternelle. “Les portraits de cette communauté matriarcale se nourrissant de soleil, entre documentaire et fiction, sont représentatifs d’une oisiveté que l’on retrouve dans le Sud et manifestent un certain désir d’exotisme”, explique-t-elle à propos de ses clichés sur le site La Boîte verte. Preuve qu’enfiler un maillot de bain n’a rien d’une épreuve pour celles qui savent s’abandonner au temps qui passe.
Émilie Regnier
Abidjan, Ivory Coast, Portrait of Brigitte Adjoua, Hair, 2014 © Emilie Regnier
Son CV: Née à Montréal d’une mère canadienne et d’un père haïtien, Emilie Regnier a grandi en Afrique et principalement au Gabon, avant de revenir à Montréal pour faire des études de photo. Depuis 2008, elle passe du temps en Afrique de l’Ouest pour son travail personnel, mais cette photographe indépendante qui collabore aussi bien à Libération qu’au Monde Magazine ou à Der Spiegel, parcourt plus largement le monde pour capturer ses clichés.
Pourquoi elle est Cheek: On est absolument fascinées par son travail pour la série Miroir miroir, dis-moi qui est la plus belle, que la photographe trentenaire a réalisée en Côte d’Ivoire. Elle y célèbre la féminité puissante des “go”, ces femmes dont la coquetterie ne recule devant aucun artifice, de la coloration aux perruques: “On a trop souvent tendance à croire que ces femmes se coiffent ainsi parce qu’elles sont formatées et victimes du néocolonialisme. Mais j’ai pu constater qu’au contraire elles se sont réapproprié ces coiffures et qu’elles s’en amusent. La perruque permet toutes les extravagances. C’est une manière d’affirmer son identité, son caractère, son goût ou simplement son humeur du jour”, explique-t-elle dans Jeune Afrique. Une formidable collection de diptyques qui prouve une fois de plus que l’Afrique, c’est chic.
Faustine Kopiejwski
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