Marie Cosnard, la directrice des tendances de Happn, répond aux questions geek de Cheek.
À moins d’avoir passé l’année dernière dans une grotte, vous avez forcément entendu parler de Happn, l’appli française de rencontres qui commence à sérieusement concurrencer le pionnier Tinder. Marie Cosnard est la directrice des tendances de la boîte; à 26 ans, cette ancienne stagiaire en communication débarquée dans la start-up à son lancement il y a deux ans, a pris du galon aussi rapidement que l’appli, désormais installée sur la plupart des smartphones de célibataires.
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Le principe est résumé dans la baseline de la marque: “Retrouvez qui vous croisez”. Au supermarché, à la salle de sport, dans le bus, Happn géolocalise ses utilisateurs à 250 mètres et fait apparaître sur les écrans de téléphone les profils qui sont à proximité. Pour la suite, on like, on matche, et on entame la conversation (ou pas). “La force de Happn, comme celle de Tinder -qui a ouvert la brèche-, c’est que l’app est reliée à la vraie vie, souligne Marie Cosnard. Tu as croisé 34 fois cette personne, à ton Monop ou dans le café de ton quartier mais vous ne vous êtes jamais vus… vous auriez pu vous rencontrer, et Happn vous met en contact, la géolocalisation est un filtre naturel: si vous fréquentez les mêmes lieux, ça dit quelque chose de votre identité.” Happn, une déclinaison numérique et ludique des thèses de Pierre Bourdieu sur l’endogamie? Peut-être, mais pas que, défend Marie Cosnard: “On peut ne se croiser qu’une fois et saisir l’opportunité, c’est aussi ça, la beauté de la rencontre, quand le hasard nous met sur le même chemin.”
“À Paris, on aime moins chatter, on préfère aller boire un verre rapidement, un peu comme si on s’était rencontrés au café.”
12 millions d’utilisateurs sont déjà convaincus dans le monde, et la start-up en vise 30 millions d’ici 2017. Pour les moins de 40 ans, installer ce genre d’app n’a plus rien de tabou et les comportements amoureux s’adaptent, avec plus ou moins de réticences, à cette nouvelle façon de faire des rencontres. Marie Cosnard, qui voyage régulièrement pour accompagner le lancement de Happn dans le monde, s’amuse des micro-différences culturelles en la matière. “Au Brésil, les gens aiment se parler longtemps, déjà parce qu’ils sont culturellement beaucoup plus sociables, mais aussi parce que c’est un pays parfois dangereux, une jeune femme m’a dit qu’elle avait besoin d’être sûre avant de passer à la rencontre physique.”
Et en France, quelles sont les habitudes? “À Paris, on aime moins chatter, on préfère aller boire un verre rapidement, un peu comme si on s’était rencontrés au café”, observe celle qui est elle-même utilisatrice. Encore un peu taboue au Chili mais libératrice en Thaïlande où la timidité règne, l’app Happn n’en finit pas de s’exporter, sans toujours être identifiée comme une entreprise française. Pourtant, on peut déjà parler d’une success story pour cette start-up fondée par Didier Rappaport, Antony Cohen et Fabien Cohen, qui, certes, cherche encore son modèle économique, mais a déjà levé 12,5 millions d’euros pour se développer. En attendant d’interviewer les mariés Happn, puis un jour les bébés Happn, on a soumis Marie Cosnard à notre entretien connecté.
Geek de la première heure ou geek formée sur le tas?
Ça dépend ce qu’on entend par geek. Je ne sais pas coder, mais j’ai été la première de mes potes à savoir télécharger un film sur Internet, et je faisais des montages photos bien avant d’avoir Photoshop. Disons que je m’intéresse à ce que je peux faire avec les outils digitaux.
iPhone ou Android?
iPhone. C’est assez récent, ça date de mon arrivée chez Happn, mais j’ai atteint un point de non-retour!
Tinder, Happn ou Once?
Happn évidemment! Tinder, je l’ai utilisé aussi, mais j’ai arrêté, j’ai remarqué qu’il y avait un côté addictif, comme un jeu sans fin: on le fait pendant des heures et un jour, on le désinstalle. Quant à Once, le discours est intéressant (Ndlr: l’app propose la rencontre “slow” en ne montrant qu’un profil par jour) mais ne se reflète pas dans l’appli, car si tu payes plus, on te montre plus de gens.
Ton dernier match?
C’était au Brésil, où j’étais il y a quelques jours, j’ai matché avec un journaliste que je devais rencontrer pour le travail mais que je n’avais pas réussi à voir, et il m’a proposé de sortir le week-end. Sauf qu’entre le boulot de dingue et les sorties toute la nuit pendant mon séjour, on était trop crevés pour se voir le jour j et on a tous les deux annulé.
Ton compte fétiche sur Instagram?
Minimal Zine, pour voir de la belle photo, et Collecteurs, pour découvrir des belles pièces d’art tous les jours. Pour les conneries, je suis très Thefatjewish.
Uber addict ou taxi G7?
Uber, que j’ai testé dans tous les pays! D’ailleurs au Pérou, même les Uber t’arnaquent. (Rires.) à Lima, le chauffeur a commencé sa course avant et l’a terminée après. Ceci dit, l’autre jour, je n’ai pas réussi à trouver mon Uber à l’aéroport et j’ai pris un taxi, qui m’a permis de redécouvrir G7: il y avait une bouteille d’eau, un chargeur de téléphone, et une machine à cartes pour payer!
Snapchat ou MMS?
Snapchat à fond! Comme j’ai pas mal habité à l’étranger et que je bouge tout le temps, j’ai souvent envie de partager des photos, mais sans forcément vouloir qu’on les garde. J’envoie des trucs pas si importants que ça, envoyer un Snap, c’est comme faire un petit coucou.
L’appli que tu as installée et dont tu ne te sers jamais?
Camcard, l’appli qui numérise les cartes de visite. En fait, je me souviens généralement des gens, et la plupart du temps j’ai déjà leur adresse email dans ma boîte, donc je ne m’en sers jamais.
Whatsapp, textos ou BBM?
BBM, ça existe encore? (Rires.) À Paris, je suis surtout texto et iMessages, et j’utilise Whatsapp pour les gens à l’étranger qui n’ont pas iMessage.
Ce que le Web a le plus changé dans ta vie?
Je ne connais pas la vie sans le Web, j’ai grandi avec. J’ai eu Internet avant d’avoir un portable, je fais partie de la génération MSN et Skyblog. D’ailleurs, un de mes grands regrets, c’est de ne pas avoir continué à être blogueuse, j’aurais eu la vie facile. (Rires.)
Propos recueillis par Myriam Levain
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