Dans Phallaina, on suit sur notre smartphone ou notre tablette les aventures d’Audrey, une jeune femme inventée par la dessinatrice Marietta Ren, qui publie sa première bande défilée. Interview.
Il y a des baleines dans le monde de la dessinatrice Marietta Ren, ou plutôt dans celui de son héroïne, Audrey. À mi-chemin entre la B.D. et le dessin animé, la bande défilée Phallaina raconte l’histoire d’une jeune femme en proie à des hallucinations durant lesquelles elle voit des baleines envahir son quotidien. Des examens neurologiques lui révèlent qu’elle est épileptique, mais pas que. Alors, pour tenter de calmer ses crises, la jeune femme accepte de participer à une étude… La suite, il faut la lire sur son smartphone ou sa tablette: Phallaina est une application que l’on peut télécharger gratuitement sur l’AppStore, coéditée par le studio Small Bang et France télévisions nouvelles écritures. Son auteure, Marietta Ren, 31 ans, issue de l’école des Gobelins et dessinatrice sur plusieurs films d’animation, s’est inspirée de rouleaux illustrés chinois et japonais du XIème au XVIème siècle. “Au départ, Phallaina devait être publiée sur papier, mais son histoire, trop longue, m’a forcée à repenser le format, à trouver autre chose.” La solution, elle la trouvera quelques années plus tard: “La bande défilée s’est imposée à moi un peu par hasard, au fur et à mesure du développement du projet, j’ai compris que le numérique convenait parfaitement”.
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“Au Japon, il y a beaucoup de femmes mangaka avec de très longues carrières derrière elles.”
Au total, cinq ans auront été nécessaires à la réalisation de cette B.D. animée. Et le résultat est à la hauteur de l’attente. En noir et blanc, en mouvement et en musique, Phallaina nous happe doucement dans un univers aquatique et mythologique. La lecture, fluide, s’effectue en scrollant de gauche à droite ce parchemin numérique que l’on déroule du bout des doigts. Une innovation qui n’a pas échappé au Festival d’Angoulême où Phallaina a été présentée au Pavillon Jeune Talent lors de la dernière édition. Un extrait sous la forme d’une fresque d’environ 115 m, a également été exposée sur les remparts de la ville. “Un bon moyen de promouvoir ce format”, se réjouit Marietta Ren, qui était présente au festival et s’est évidemment étonnée de ne voir aucune femme sélectionnée au Grand Prix 2016: “La polémique est justifiée, c’est vraiment très bizarre que sur trente auteurs, il n’y ait aucune femme. Même s’il s’agit d’une maladresse, je trouve cela navrant. Surtout qu’au Japon, il y a beaucoup de femmes mangaka comme Masami Tsuda ou Ryoko Ikeda avec de très longues carrières derrière elles. En France, nous en avons de plus en plus depuis les 20 dernières années, le festival ne peut qu’être amené à changer.” Alors que le monde entier découvre cette première bande défilée, on a soumis Marietta Ren à notre entretien connecté.
Geek de la première heure ou geek formée sur le tas?
Je suis une geek par défaut! Je fais du dessin animé donc je suis obligée de passer par des programmes. Quand j’étais au lycée, je me servais de Photoshop comme outil de dessin. Aujourd’hui, je passe du temps sur les réseaux sociaux, et je vais être obligée d’apprendre à coder, c’est indispensable quand on fait de la B.D. numérique pour ne pas être larguée et faire n’importe quoi. (Rires.)
Plutôt Mac ou PC?
J’utilise les deux, je n’ai pas de préférence.
Ton appli culte?
Mixbooth, qui mélange plusieurs portraits et donne des têtes bizarres: le résultat est bien fun! J’adore!
© Marietta Ren
Plutôt Facebook ou Twitter?
Les deux, je n’ai pas le même rapport avec chacun. Mais je passe plus de temps sur Facebook parce que mon compte est plus ancien.
Ton compte fétiche sur Instagram?
Adolie Day, une illustratrice française. C’est cool, elle montre les étapes de ses peintures.
Booking, TripAdvisor ou Airbnb?
Airbnb, ça permet de belles rencontres. Et j’ai eu la chance d’être toujours bien tombée.
Appli plans ou sens de l’orientation?
Si je suis à Paris, j’utilise le plan à la sortie du métro. Ok, dit comme ça, c’est un peu old school mais l’avantage c’est que je continue à développer mon sens de l’orientation et la projection spatiale! (Rires.) Et si vraiment je ne trouve pas, je me rabats sur Google Maps.
La dernière personne que tu as taggée?
Eric Castaing, un ami chorégraphe de danse contemporaine, qui m’a invitée lors des répétitions pendant lesquelles j’ai fait quelques croquis.
Ce que le Web a le plus changé dans ta vie?
Mon rapport aux gens qui sont à l’autre bout de la planète. Les contacts, les discussions sont tellement plus faciles. On peut apprendre à connaître des personnes de n’importe quel pays du monde, rencontrer les gens qui ont les mêmes intérêts et envies. On peut même parler avec quelqu’un qui est en Australie et l’avoir comme “penfriend”!
Propos recueillis par Aude Lambert
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