Reprise du deuxième film américain d’Hitchcock, encore dans la lignée de sa période anglaise. Peu avant la Seconde Guerre mondiale, un reporter américain choisi pour son inexpérience (il est censé poser un regard vierge sur les événements), est envoyé en Grande-Bretagne enquêter sur l’éventualité d’un conflit et est pris dans une affaire d’espionnage. Le film, […]
Reprise du deuxième film américain d’Hitchcock, encore dans la lignée de sa période anglaise.
Peu avant la Seconde Guerre mondiale, un reporter américain choisi pour son inexpérience (il est censé poser un regard vierge sur les événements), est envoyé en Grande-Bretagne enquêter sur l’éventualité d’un conflit et est pris dans une affaire d’espionnage. Le film, qui illustre le thème hitchcockien du héros naïf plongé dans les méandres d’une intrigue où tout est faux-semblants et mensonges, utilise en outre le fameux McGuffin, à savoir une information secrète, prétexte aux agissements des personnages et aux péripéties du scénario.
Malgré des intentions très sérieuses (il s’agit clairement pour Hitchcock d’intéresser le public américain à la guerre qui secoue l’Europe), Correspondant 17 appartient à la catégorie de ses films frivoles. Hitchcock est encore dans la dimension feuilletonesque du genre. En 1940, l’inquiétude n’habite pas encore le cinéma américain en général. Le cinéaste anglais, avec son deuxième film tourné aux Etats-Unis (mais qui ressemble plus aux films britanniques antérieurs qu’à ses futurs chefs-d’œuvre hollywoodiens), paie sa dette au serial et ose le grand spectacle lors d’un incroyable épisode-catastrophe.
S’il ne lésine pas sur les effets photographiques et les maquettes, conçus par William Cameron Menzies, magicien des trucages, Hitchcock n’oublie pas que l’exotisme et le dépaysement sont affaires… de familiarité.
Avec un génie consommé du cliché, il utilise les caractéristiques les plus banales des pays visités par son héros, petits détails qui se transforment en machines à fabriquer : 1. des gags, 2. du suspense. Ainsi, Londres est immédiatement associée au port du chapeau melon (Joel McCrea a égaré le sien) et à Big Ben. La Hollande, à la pluie et aux moulins à vent (si Correspondant 17 avait été en couleurs, confesse Hitchcock à Truffaut, il aurait filmé un champ de tulipes rouges). Le film contient également un des plus beaux morceaux d’anthologie de l’œuvre hitchcockienne, le meurtre d’un diplomate en haut de marches encerclées par une forêt de parapluies, dans lequel le cinéaste, promis à de nombreuses imitations, se souvient lui aussi d’une scène-clé du cinématographe, l’escalier d’Odessa du Cuirassé Potemkine.