Kiffe ton cycle est une formation en ligne qui promet de gagner en confiance, endurance et efficacité grâce au cycle menstruel… le tout en 8 semaines. Notre journaliste Arièle Bonte a testé pour vous.
“C’est parti pour 8 semaines d’aventure au cœur de ton cycle menstruel.” Telle est la promesse de Kiffe ton cycle, un programme lancé par Gaëlle Baldassari, “hackeuse de cycle menstruel” auto-proclamée. Avec sa formation (une série de vidéos, tests et planches d’une valeur de 197 euros), la coach assure aux femmes qu’elles peuvent tirer des bénéfices de leur nature “cyclique”. Voilà pour les présentations. Je grince déjà des dents.
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Avec la montée en puissance du “féminin sacré” et l’omniprésence de discours sexistes autour des menstruations, j’ai peur d’être à nouveau tombée sur un terrain glissant: celui d’une formation qui se présente au service des femmes mais qui souhaite en réalité les asservir, les culpabiliser et leur imposer de nouvelles injonctions au prétexte de les aider à s’émanciper.
J’accorde toutefois le bénéfices du doute à Kiffe ton cycle car me revient en mémoire cet article de Slate dans lequel on apprend que les joueuses de l’équipe américaine de football ont suivi avant leur victoire à la Coupe du monde un programme d’entraînement et un régime adaptés à leurs règles. Une démarche qui n’est pas née de superstitions mais de faits très scientifiques, démontrés par la chercheuse américaine Georgie Bruinvel, une pionnière dans ce type d’approches. J’embarque donc dans cette aventure, perplexe certes, mais on ne peut plus curieuse.
Une formation qui refuse les dogmes et les clichés (ouf!)
Dans Kiffe ton cycle, Gaëlle Baldassari présente le cycle menstruel comme une “ressource”. Bien exploitée, elle serait alors la promesse de plus d’efficacité et de confiance en soi au quotidien. Mais pour en tirer profit, il faut maîtriser la théorie. À la manière d’un cours de SVT, la formatrice rappelle comment fonctionne le cycle menstruel, qu’elle divise ensuite en 4 “phases”, plus ou moins équivalentes à une semaine chacune, et imagée grâce à la métaphore du surf: la phase de prise d’élan, debout sur sa planche, dans le tube de la vague et posée sur sa planche.
Mais attention, la coach précise bien, et ce tout au long du programme, qu’après la théorie, il y a surtout la pratique. En d’autres termes: il ne faut pas tomber dans le dogme de la cyclicité, face au dogme de la linéarité. “Le plus important est de s’observer”, assure Gaëlle Baldassari, “comment tu te sens, qu’est-ce que tu as envie de présenter au monde, et qu’est-ce que tu as envie de faire”.
Une invitation à s’écouter
Si vous pensiez repartir de cette formation avec un agenda clé en main, passez votre chemin. En revanche, si vous avez besoin de reprendre les bases et d’être guidée pour pouvoir mieux vous écouter et vous observer, vous êtes au bon endroit. Kiffe ton cycle propose en effet de se servir des quatre phases pour être plus efficace au quotidien et tirer le meilleur de ce que la nature nous a donné. Un discours un poil essentialiste mais qui tient d’une certaine réalité: il y a des jours avec et des jours sans. Comment faire pour rester la tête hors de l’eau et ne plus culpabiliser quand on a envie de tout envoyer valser ou de rester toute la journée enfouie sous sa couette? Prendre en compte les spécificités de chaque phase de son cycle peut représenter un début de réponse.
Une mise en pratique à conscientiser
Mais attention, comme le rappelle à maintes reprises Gaëlle Baldassari durant le programme, chaque cycle est différent et il est donc impossible pour elle, via cette formation, de s’adresser spécifiquement à une personne en particulier. D’autant plus que le cycle menstruel n’est évidemment pas le seul élément à influer sur notre mental comme notre physique. Ajoutés à cela le cycle des saisons et nos tracas du quotidien, nous voilà face à un cocktail qui peut s’avérer complexe à décortiquer!
Mais à force de regarder les vidéos et d’écouter mes sensations et émotions, ma conscience de moi-même en devient plus précise: “J’ai la flemme de travailler. Est-ce dû à mon cycle?”, “Aujourd’hui, je suis dans le faire, mon corps appelle à bouger”, puis-je lire dans mes notes. Je cherche les indices et vois en mes périodes de baisse de motivation une occasion de repli réparateur plutôt que d’une perte de temps. Si après huit semaines, j’ai encore du mal à mobiliser les connaissances de la formation, je m’interroge et m’observe sans jugement. Un bon point de départ à la portée de toutes et de tous: “Tout le monde est cyclique”, rappelle en effet Gaëlle Baldassari. Un argument à jeter à la figure du prochain qui vous dira: “T’as tes règles ou quoi?!”
Arièle Bonte
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