En panne d’idées pour votre liste de cadeaux? On vous file un coup de main avec cette liste de livres qui font notre hiver.
Comme chaque année, vous vous dites qu’il faudrait vous pencher sur la liste des cadeaux de Noël et vous procrastinez. Pour vous éviter de vous retrouver à acheter en last minute des babioles laides et inutiles, on vous a préparé une liste de lectures féministes à glisser sous le sapin. Vos proches nous remercient déjà.
Recommandé par Faustine Kopiejwski
Nous aurons aussi de beaux jours, de Zehra Dogan (Des Femmes)
Pourquoi c’est Cheek: Parce que les femmes sont au cœur de ce récit épistolaire entre l’artiste et journaliste kurde Zehra Dogan, qui a fondé JINHA, la première agence de presse de femmes en Turquie, et la journaliste d’origine turque Naz Öke, qui réside en France. La première écrit à la seconde depuis la prison de Diyarbakir, où elle est incarcérée de juin 2017 à février 2019. Son crime? Avoir réalisé une œuvre qui dénonce les ravages commis par l’armée turque dans la ville de Nusaybin. Depuis sa geôle, Zehra Dogan raconte le quotidien des prisonnières politiques, leurs espoirs, leurs débats, leurs luttes, l’âpreté -et parfois l’horreur- de vies confisquées par la guerre. Elle ponctue son récit de nombreuses réflexions sur le patriarcat et raconte comment elle continue de peindre avec les moyens du bord alors que son matériel artistique lui a été confisqué: cheveux, sang de règles ou concentré de tomate font office de matières premières. Un livre qui dit toute la puissance créatrice des femmes et leur formidable aptitude à la résilience.
À qui on l’offre: Mère, amie, cousine, tante, grand-mère, sœur…Qu’importe, tant qu’on l’offre à une femme qu’on aime. Nous aurons aussi de beaux jours est une célébration de la sororité entre femmes de tous âges, de toutes confessions et de tous pays, un appel à s’unifier autour de ce qui nous rassemble et à cultiver l’espoir d’un monde meilleur, dans lequel les femmes auraient enfin toute leur place.
Rhapsodie des oubliés, de Sofia Aouine (La Martinière)
Pourquoi c’est Cheek: Parce que Sofia Aouine est une nouvelle voix passionnante de la littérature française. Avec Rhapsodie des oubliés, qui a obtenu le Prix de Flore, cette primo-romancière, qui travaille par ailleurs en tant que journaliste radio pour RFI ou France Culture, fait une entrée remarquée dans le monde de l’édition. Si elle raconte le quartier parisien de la Goutte d’or, dans lequel elle a grandi, avec la voix d’un garçon de 13 ans -son narrateur s’appelle Abad, il évoque à la fois l’Antoine Doinel des 400 coups de François Truffaut et le Zain du Capharnaüm de Nadine Labaki-, ses personnages féminins sont de ceux qu’on aimerait lire plus souvent. Une pute, une vieille, une psychanalyste juive, une jeune femme voilée de la tête aux pieds qui se rêve en écrivaine: Sofia Aouine fait le portrait de ces Parisiennes qui n’ont pas leur place dans les magazines de mode, mais qui sont pourtant le cœur battant de certains quartiers de la capitale.
À qui on l’offre: A n’importe qui sachant manier les dictionnaires urbains en ligne et les moteurs de recherche, la langue de Sofia Aouine étant truffée de mots d’argot moderne, d’expressions en arabe et de références qui ne parlent pas à tout le monde, mais font justement le sel de sa langue.
Recommandé par Myriam Levain
Les Choses humaines, de Karine Tuil (Gallimard)
Pourquoi c’est Cheek: Parce que le nœud de l’intrigue est l’histoire d’un viol commis lors d’une soirée trop arrosée par un jeune premier élevé au sein de la bourgeoisie parisienne. Inspiré du “procès de Stanford”, ce roman décrit avec acidité le microcosme des privilégiés, et l’impunité dont jouissent les hommes qui y évoluent, à l’image du protagoniste Alexandre, incapable de prendre conscience de l’agression qu’il a commise. Face à ce polytechnicien promis à un brillant avenir, la parole de Mila, juive religieuse ayant décroché des études, ne pèse pas bien lourd. Autour de ces deux figures qui se confrontent aux Assises, évoluent d’autres personnages féminins forts dont on suit les états d’âme face à l’indépendance, au vieillissement, à la maternité et à la carrière. On ne vous spoilera pas en vous dévoilant que toute les femmes du livre s’avèrent perdantes face à la puissance du patriarcat, incarnée par Alexandre et son père, un autre exemple de masculinité toxique.
À qui on l’offre: À un·e passionné·e de faits divers (ça fait du monde) qui se laissera emporter par le récit de ce procès d’assises inspiré de faits réels, jugés, eux, par la justice américaine. Et à toutes les personnes qui n’ont toujours pas compris ce qu’était le consentement. Ce récit minutieux d’une soirée qui dérape montre bien les lignes rouges à ne pas franchir, et qui le sont pourtant quotidiennement.
Un Bébé nommé désir, de Fanny Lesbros et Pauline Aubry (Steinkis)
Pourquoi c’est Cheek: Parce que le sous-titre, c’est “Pourquoi fait-on des enfants?” Et parce que derrière la forme légère et accessible de cette BD qui accompagne la première grossesse de sa co-autrice, se cachent des thématiques féministes de fond sur l’injonction à la maternité, et des interviews avec des spécialistes du sujet. Yvonne Knibiehler, René Frydman, Charlotte Debest… leurs points de vue éclairent la réflexion de Fanny Lesbros autour du désir d’enfant, qui n’est peut-être pas si naturel que ça et certainement beaucoup plus influencé par les époques qu’on ne le pense.
À qui on l’offre: À sa BFF qui ne veut pas d’enfant, à sa collègue qui en a trois, à sa cousine lesbienne qui est enceinte par PMA. La force de ce livre est qu’il interroge le rapport de toutes les femmes à la maternité et aux mille angoisses qu’elle peut convoquer, loin du tableau idyllique de la perfect mom qui plane encore sur beaucoup trop de têtes.
Recommandé par Julia Tissier
La Maison, d’Emma Becker (Flammarion)
Pourquoi c’est Cheek: Parce que l’autrice Emma Becker choisit un poste d’observation des rapports hommes-femmes singulier et radical: une maison close allemande. Durant deux ans et demi, cette vingtenaire -elle a 30 ans aujourd’hui-, fascinée par les travailleuses du sexe, s’est prostituée dans un bordel berlinois, La Maison, pour vivre cette expérience extrêmement intime jusque dans sa chair et la raconter dans un livre. Son récit à la première personne, inclassable et addictif, ne parle pas tant des clients mais plutôt des mécaniques qui se jouent entre les sexes et du désir féminin.
À qui on l’offre: À tout le monde, parce que pour une fois c’est une femme, qui a elle-même expérimenté le travail du sexe, qui écrit sur les prostituées. Et aussi parce qu’il y a peut-être quelque chose de profondément féministe dans la façon qu’ont les femmes de se réapproprier un corps supposé n’appartenir qu’aux hommes en monnayant leurs services sexuels.
Recommandé par Pauline Le Gall
Je transporte des explosifs on les appelle des mots, poésie et féminisme aux États-Unis (éditions Cambourakis)
Pourquoi c’est cheek? Parce que cette anthologie des éditions Cambourakis est particulièrement inspirante et stimulante. À travers un essai de Jan Clausen et des extraits d’œuvres d’Audre Lorde, d’Adrienne Rich ou de Bell Hooks, le livre explore la force politique et intime de la poésie et la manière dont les femmes de tous horizons se sont emparées des mots pour raconter des vies trop souvent passées sous silence.
À qui on l’offre? À notre nièce de 16 ans pour l’encourager à coucher sa rage sur le papier.
Corps à cœur, cœur à corps, de Léa Castor (Editions Lapin)
Pourquoi c’est cheek? Pendant deux ans, l’illustratrice Léa Castor a recueilli et mis en image des témoignages de femmes qui lui racontaient leurs complexes: des vergetures, des petits seins, un nez jugé trop grand… Elle montre en quoi ces complexes, qui peuvent paraître anodins, disent quelque chose de la condition des femmes et des injonctions qui pèsent sans arrêt sur leurs corps. Une petite BD pleine de pouvoir et de douceur.
À qui on l’offre? À une ado qui a besoin d’apprendre à aimer son corps.
La Cheek Team