On a écouté le podcast Double Vie dans laquelle la documentariste Élodie Font interroge notre rapport aux réseaux sociaux et on vous le recommande.
Elle est bien connue de la rédaction de Cheek Magazine puisqu’elle a signé notre premier podcast sur la PMA en 2017, Il était une fois la PMA. La talentueuse Élodie Font vient à nouveau squatter nos écouteurs, toujours accompagnée à la réalisation de Charlène Nouyoux, pour nous parler de nos multiples vies -IRL et en ligne- qui parfois divergent à tel point qu’elles ne se rencontrent plus jamais. Dans son documentaire sonore Double Vie, en 5 épisodes, Élodie Font s’interroge sur notre rapport aux pseudos, à la liberté de parole, à la drague en ligne, à la protection des données. Toutes les questions que pose notre quotidien connecté sans qu’on en ait forcément conscience.
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C’est en répondant à un appel à projets du service public, en septembre 2018, intitulé Ma vie sur les réseaux sociaux, que la journaliste a eu l’idée de se pencher sur “un thème assez éloigné des thèmes portés par mes précédents documentaires (Coming In, Il était une fois la PMA)” nous explique-t-elle. “Mais s’il y a un fil rouge dans mon travail, c’est celui de m’intéresser à nos identités, à qui nous sommes et, en l’occurrence, à qui nous sommes sur les réseaux sociaux. Certain·e·s m’ont raconté qu’ils sont plus elles ou eux-mêmes sous pseudo sur les réseaux que dans la vie de tous les jours.” Interview express.
Alors, impossible de ne pas avoir une double vie en 2019?
Une double vie, je ne sais pas, mais des identités multiples, je pense que nous en avons tous! Même en dehors des réseaux, d’ailleurs, nous ne sommes pas les mêmes en fonction de nos interlocuteurs. Mais les réseaux sociaux exacerbent cette possibilité. Que ce soit cachés derrière un pseudo ou avec notre identité administrative (nos vrais prénoms et noms). Certains en ont besoin, ils sont sous pseudo pour des raisons politiques, sexuelles, religieuses. Pour d’autres, cette double identité n’est pas un besoin, mais un jeu. Un jeu parfois chronophage: dans l’épisode 1, l’étudiant qui prête sa plume à Dieu sur Twitter et Instagram nous confie que cette double vie est un travail à mi-temps, il consacre à ce compte plusieurs heures par jour, sans que personne ou presque autour de lui ne sache qu’il en est l’auteur.
“C’est comme si les réseaux sociaux s’étaient incrustés dans nos vies.”
Qu’est-ce qui t’a le plus marquée pendant ton enquête?
Beaucoup de choses! Déjà, je me suis rendu compte, assez naïvement peut-être, que je pensais connaître nos pratiques et ce que les réseaux sociaux font résonner en nous comme questions existentielles, or je n’ai pas cessé d’être surprise. C’est comme si les réseaux sociaux s’étaient incrustés dans nos vies, que l’on ne sait plus trop comment c’était avant, et que l’on n’avait pas forcément pris le temps de les interroger. Je ne dis pas de s’en méfier, chacun est libre, mais de les interroger. Sinon, j’ai été très touchée par le témoignage de Meryl (Meryl.bie sur Instagram et TikTok), à la fin de l’épisode 2, qui raconte à quel point les réseaux lui permettent d’accepter et d’affirmer qu’elle se sent femme, née dans un corps d’homme. Et aussi par le témoignage sans langue de bois, très fort, de Cécile Duflot sur le cyberharcèlement qu’elle subit depuis dix ans. Son témoignage ouvre l’épisode 5, et je pense qu’il est précieux et, surtout, infiniment juste.
Une bonne raison d’écouter cette série documentaire selon toi?
Parce que je suis certaine que vous serez surpris·e·s -même si le thème ne vous interpelle pas, croyez-moi, on a essayé de le rendre vivifiant! Aussi parce que -je peux le dire puisqu’il ne s’agit pas de moi- la réalisation de Charlène Nouyoux est top (elle a déjà réalisé avec moi Il était une fois la PMA et Je bois donc je lis). On a accompagné nos réflexions d’une réalisation théâtrale, axée sur le corps, la danse. Mais aussi d’une réalisation animale, avec des extraits de documentaires animaliers que je vous laisse découvrir. Et puis je sais que 5 épisodes, c’est long mais je ne sors qu’un documentaire par an!
Propos recueillis par Myriam Levain
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