Vendredi dernier, Irene, jeune étudiante féministe de 20 ans, a laissé couler son sang dans les rues de Paris pour dénoncer la précarité menstruelle. On lui a posé quelques questions.
Pratiquer le free bleeding pour dénoncer la précarité menstruelle? C’est ce qu’a fait Irene (Ndlr: à prononcer “Iréné”), une jeune militante féministe de 20 ans, dans les rues de Paris vendredi dernier. “Je suis allée en cours, puis voir mes amis et une exposition. La seule différence avec les autres jours, c’est que j’avais mes règles et que j’ai décidé de ne pas mettre de protections périodiques”, raconte cette jeune étudiante en art. Une prestation qu’elle a partagée sur son compte Instagram. Pour en savoir plus, on lui a posé quelques questions.
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Qu’est-ce qui t’as poussée à pratiquer le free bleeding?
Lorsqu’on demande à l’État de prendre en charge le prix de nos protections périodiques, on se rend compte que beaucoup de gens sont contre cette idée. Ils ne veulent pas payer de taxes pour ça parce qu’ils ne se sentent pas concernés. L’idée c’était de dire “Regardez ce qu’il se passera si je décide de ne pas les mettre et dites-moi si l’espace public vous concerne ou non”. Je voulais montrer que les conséquences impliquent tout le monde.
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RÉVOLUTION SE CONJUGUE AU FÉMININ Aujourd’hui, vendredi premier février 2019, mon sang a coulé dans Paris. Car il était temps de remettre les choses au clair : quoi que vous pensiez, nous avons le dernier mot. Nous avons le pouvoir de décision. Vous avez beau ne pas vouloir payer pour nos protections, vous avez beau trouver ma performance inutile, sale, ignoble, vous ne pourrez pas empêcher nos flux se libérer. Nous payons le prix de l’oppression, le prix de la mysoginie, le prix des inégalités, vous n’allez quand même pas croire que nous allons en plus payer pour foutre du chlore dans nos chattes pendant que vous continuez de stigmatiser et diaboliser notre sang, nos poils et notre merde. Aujourd’hui, j’ai laissé couler mon sang pendant 12h et j’ai réalisé à quel point cela ne m’a demandé aucun effort, aucun courage, aucune force. Ma journée a été d’une normalité ahurissante, ce qui, j’espère, vous fera trembler de peur. Car oui, contrairement à ce que les pubs de tampons montrent, avoir ses règles est banale, normal, quotidien. La moitié de la population les a. Ainsi, vous qui nous voulez complexées, ignorantes de notre propre nature et silencieuses, vous qui nous voulez dans la précarité économique, subissez notre nature, notre rage et notre détermination. Je ne perdrai pas une seule seconde à débattre. Je ne demande pas la prise en charge des protections périodiques réutilisables (dans la mesure du possible) pour toutes les personnes menstruées. Je l’exige. Vous n’êtes pas d’accord ? Je tâche. Le sang coule et le sexisme tâche. LA RÉVOLUTION EST FÉMINISTE Photo : @eliz_za1 Merci à @lafloredumal , à @cdelastreet et l’équipe de @madandwomen , à @madmoizelledotcom et à @cyclique_fr pour m’avoir accompagnée aujourd’hui ❤️ Merci à vous pour tous vos partages et mots d’amour, et tout particulièrement à @28.jours et à mes bien aimées @clitrevolution ❤️ Ce n’est que le début 🔥 #monsangcoule #çatache #lesexismetache #paris #feminist #feminism #feministe
Une publication partagée par Irene (@irenevrose) le 1 Févr. 2019 à 1 :35 PST
C’était la première fois que tu faisais ça?
Oui! Honnêtement, j’avais super peur d’être gênée, que ce soit physiquement ou mentalement, mais pas du tout. J’étais super à l’aise, je sentais à peine le sang couler, je me suis vite habituée, et ça n’a pas été handicapant pour mes activités de la journée.
Pourquoi as-décidé de partager cette expérience sur Instagram?
Je considère que les réseaux sociaux sont des outils super importants pour faire passer des messages. Si j’avais fait cette prestation dans mon coin, il n’y aurait pas eu d’impact et on ne serait pas en train de parler de précarité menstruelle dans pas mal de médias aujourd’hui.
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RÉVOLUTION SE CONJUGUE AU FÉMININ Aujourd’hui, vendredi premier février 2019, mon sang a coulé dans Paris. Car il était temps de remettre les choses au clair : quoi que vous pensiez, nous avons le dernier mot. Nous avons le pouvoir de décision. Vous avez beau ne pas vouloir payer pour nos protections, vous avez beau trouver ma performance inutile, sale, ignoble, vous ne pourrez pas empêcher nos flux se libérer. Nous payons le prix de l’oppression, le prix de la mysoginie, le prix des inégalités, vous n’allez quand même pas croire que nous allons en plus payer pour foutre du chlore dans nos chattes pendant que vous continuez de stigmatiser et diaboliser notre sang, nos poils et notre merde. Aujourd’hui, j’ai laissé couler mon sang pendant 12h et j’ai réalisé à quel point cela ne m’a demandé aucun effort, aucun courage, aucune force. Ma journée a été d’une normalité ahurissante, ce qui, j’espère, vous fera trembler de peur. Car oui, contrairement à ce que les pubs de tampons montrent, avoir ses règles est banale, normal, quotidien. La moitié de la population les a. Ainsi, vous qui nous voulez complexées, ignorantes de notre propre nature et silencieuses, vous qui nous voulez dans la précarité économique, subissez notre nature, notre rage et notre détermination. Je ne perdrai pas une seule seconde à débattre. Je ne demande pas la prise en charge des protections périodiques réutilisables (dans la mesure du possible) pour toutes les personnes menstruées. Je l’exige. Vous n’êtes pas d’accord ? Je tâche. Le sang coule et le sexisme tâche. LA RÉVOLUTION EST FÉMINISTE Photo : @madandwomen Merci à @eliz_za1 @lafloredumal , à @cdelastreet et l’équipe de @madandwomen , à @madmoizelledotcom et à @cyclique_fr pour m’avoir accompagnée aujourd’hui ❤️ Merci à vous pour tous vos partages et mots d’amour, et tout particulièrement à @28.jours et à mes bien aimées @clitrevolution ❤️ Ce n’est que le début 🔥 #monsangcoule #çatache #lesexismetache #paris #feminist #feminism #feministe
Une publication partagée par Irene (@irenevrose) le 1 Févr. 2019 à 1 :36 PST
Quelles ont été les réactions sur les réseaux sociaux?
Elles étaient partagées! J’ai reçu beaucoup de messages positifs, d’encouragements. Mais il y avait aussi des personnes qui trouvaient ça sale, dégueulasse, ignoble, tout ça parce que j’ai osé montrer mon sang.
Et dans la rue?
Je n’ai pas vraiment eu de réactions parce que les gens ont préféré m’ignorer ou juste me regarder bizarrement. La seule petite perturbation que j’ai eue, ce sont des jeunes filles qui étaient super choquées, qui m’ont prise en photo en rigolant donc j’ai posé pour elles, sourire aux lèvres et les jambes grandes écartées.
Propos recueillis par Wendy Le Neillon