Du dance-floor au dance-hall, il n’y a qu’un pas. Pour la pochette de son nouvel album, Bob Sinclar se prend pour Marley et troque son image de DJ craignos contre un kit de rastaman accroupi.
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1 > La rastafari credibility
Pour son Made in Jamaïca, Bob, inspiré par Jah, est allé chercher ce qui se fait de mieux en musicos locaux en recrutant les mythiques Sly & Robbie. Soit, pour les béotiens, des monstres sacrés du reggae qui, en tant que musiciens ou producteurs, ont marqué l’histoire de la musique ces quarante dernières années (outre les gloires nationales, ils ont également collaboré avec Grace Jones, Bob Dylan, Mick Jagger ou Serge Gainsbourg). Grosse crédibilité donc et grosse pression pour cet album qui reprend tous les plus gros succès du DJ à la sauce reggae. Oui, oui, reggae. “L’anti-club” selon Bob lui-même qui n’a cependant pas renoncé au bling-bling en carton. En témoigne ce sympathique logo qui ressemble à une étude autour du drapeau jamaïcain d’un designer de Christian Audigier. Rastafarai de coke, en somme.
2 > Graffiti selecta
Bon point : le mur contre lequel s’appuie Bob respecte parfaitement le code couleur vert-jaune-rouge du drapeau éthiopien. Mauvais point : il semble tout droit produit par un chef déco un peu fly, foncedé, faya, fonfon, marave, bref sous l’influence de substances illicites, quoi. Si c’est le cas, celui-ci a mal révisé ses fondamentaux reggae car le champ lexical mystique et politique du genre n’a pas été respecté. En effet, ces inscriptions restent globalement toutes centrées autour d’un même axe : l’amour. Où sont donc passés les “babylone style”, “rastafari”, “ganja man” et autres “King Selassie” ? Certes, l’amour est au coeur même de l’oeuvre musicale des deux Bob, et particulièrement de celle du DJ qui, de Love Generation à My Only Love en passant par Love You No More s’est évertué à questionner ce sentiment complexe. Mais était-ce une raison légitime pour oublier de dénoncer Babylone, man ?
3 > Bob en bonnet
Petit bonnet, cheveux longs en guise de dreads du pauvre et position accroupie du man à la cool qui a bien bédave à midi : Bob nous la joue donc rasta light et oublie pour un temps ses T-shirts imprimés et ses lunettes sur la tête. Une attitude bien différente de celle de Serge Gainsbourg qui, lors de l’enregistrement de son album reggae, persistait à garder son total look jean malgré les 60 degrés en studio. En toute modestie, Bob Sinclar révélait dernièrement que sa démarche lui avait été inspirée par l’homme à tête de chou. C’est sûr que de Aux armes et caetera à Feel the Love Generation, il n’y a qu’un pas et caetera.
4 > La symbiose avec mère nature
Bob n’a pas fait que poser devant un mur typique, il est aussi allé enregistrer en Jamaïque comme en témoigne une vidéo visible sur internet, où il parle de son projet assis en tailleur. Pour trouver un “son chaud” avec de “vieux instrus”, se débarrasser de toute “l’artificialité” qui lui colle à la peau et saisir les “bonnes vibes” (“on prend de l’énergie, on prend du soleil pour donner ça aux gens”, affirme-t-il), Bob a dû se relier à mère nature. Il porte donc logiquement des chaussures orthopédiques, comme tous ceux qui ne s’encombrent pas de préoccupations bassement matérielles ou esthétiques. Parce que Bob aurait pu être pieds nus pour communier avec la terre, mais là y a des cailloux et accroupi ça fait mal, quoi, genre ça rentre dans la plante des pieds, après tu les enlèves mais c’est toujours douloureux et les trucs se sont imprimés en négatif dans ta voûte plantaire. Aïe.
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