Paris: Les cinq expos Cheek de la rentrée 2020

De la très attendue rétrospective Cindy Sherman à la Fondation Vuitton -qui rouvre ses portes à cette occasion après fermeture pour cause de Covid-19- à la jeune génération d’artistes mise en lumière par la Bourse Révélations Emerige, jusqu’aux légendaires clichés noir et blanc de Sarah Moon, on vous présente nos cinq expositions immanquables de la rentrée et de l’automne 2020 à Paris. 

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Le blockbuster: Cindy Sherman 

Cindy Sherman, Untitled #465, 2008 Épreuve couleur chromogène, 163.8 x 147.3 cm Courtesy de l’artiste et Metro Pictures, New York © 2019 Cindy Sherman

Comme d’habitude, la Fondation Vuitton voit les choses en grand en accueillant une des figures les plus importantes de l’art contemporain. On pourra découvrir pas moins de 170 œuvres de l’artiste -de 1975 à 2020– qui ne cesse de se photographier sous les traits de différents personnages, modelant son propre corps à l’aide d’artifices (perruques, costumes, maquillage, prothèses…). Loin du simple autoportrait, les travestissements de l’Américaine interrogent la notion d’identité et ses modes de construction et de représentation ancrés dans nos imaginaires collectifs et véhiculés par le cinéma, la publicité, les magazines de mode, la pornographie ou l’histoire de l’art. On se réjouit déjà des bonus de cette expo très attendue: une nouvelle série présentant des figures masculines et des couples et une sélection d’œuvres de la Collection de la Fondation jamais montrées et choisies par Cindy Sherman elle-même. Yummy.

Infos: Du 23 septembre 2020 au 3 janvier 2021, Fondation Louis Vuitton

La légende: Sarah Moon

Si pour beaucoup, Sarah Moon reste la photographe de mode délicate aux femmes évanescentes, aux silhouettes floutées et aux contours effacés (souvenez-vous des visuels des collections Cacharel), elle développe également une pratique personnelle, au-delà des commandes qui continuent d’affluer alors qu’elle fête ses 79 printemps. L’exposition PasséPrésent nous plongera dans l’univers sensible et onirique de cette ancienne mannequin passée derrière l’objectif. On découvrira le travail tant photographique que cinématographique de cette grande dame et on l’accompagnera avec délice dans sa recherche perpétuelle de l’imprévisible et de l’instant suspendu. 

Infos: du 18 septembre 2020 au 10 janvier 2021, Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris

L’écolo: Courants verts, créer pour l’environnement 

Khvay Samnang, Rubber Man, 2014, Digital C-Print, 80 x 120 cm Edition of 3 & 1AP, 120 x 180 cm Edition of 4 & 1AP 

À l’heure où il est plus qu’urgent de changer notre rapport à l’environnement et nos mentalités en profondeur face aux défis climatiques qui s’imposent, le regard des artistes sur la question “verte” nous ouvre des horizons nouveaux sans pessimisme ni naïveté. Grâce aux œuvres de Joseph Beuys, Barbara et Michael Leisgen, Lucy et Jorge Orta, Sarah Trouche, Nicole Dextras, Jéremy Gobé, Nathan Grimes et bien d’autres, on découvrira dans cette exposition imaginée par Paul Ardenne, que les artistes peuvent se faire sentinelles et lanceurs d’alerte, acteurs locaux en interaction avec des scientifiques, des territoires, des habitants, ou encore porteurs d’imaginaires puissants prompts à bousculer nos croyances. L’exposition met en exergue ce paradigme: “Nous avons l’art pour admettre le possible d’une autre réalité”. Amen.

Infos: du 16 septembre 2020 au 31 janvier 2021, Espace Fondation EDF 

La relève: Un Monde à votre image 

Giuliana Zefferi, Ouais, moi j’étais gardienne de but, installation recomposant les éléments d’un dialogue entre deux marionnettes au sein du film D’Autres oiseaux marchent eux aussi comme ça, image détournée, matériaux divers, 200 x 50 x 75 cm, 2019 © Maxime Bessières

Véritable défricheuse de talents, la Bourse Révélations Emerige continue de mettre en avant celles et ceux qui feront l’art de demain. Dans la liste des onze nouveaux talents français ou basés en France et âgés de moins de 35 ans de cette septième édition, on craque déjà pour les hallucinations pop et colorées de Marcella Barceló, les compositions éthérées pseudo-tropicales de Clémence Mauger, les films hybrides d’Ismaël Joffroy Chandoutis entre documentaire et jeux vidéos (on pense au fantastique Swatted qui dénonce le cyberharcèlement) ou encore les installations loufoques de Zohreh Zavareh.

Infos: du 16 octobre au 14 novembre 2020, Villa Emerige

La fière: Wu Tsang 

Wu Tsang, Film Still, The Show is over (2020), Produced by Schauspielhaus Zürich, Co-Commissioned by Lafayette Foundation. Courtesy of the artist and Galerie Isabella Bortolozzi, Berlin

Déjà exposée au MOMA, à la Tate ou au Whitney, l’artiste sino-américaine transgenre Wu Tsang nous fait l’honneur d’une première grande exposition en France et on s’en réjouit. Qu’elle s’exprime à travers des films, des installations, des performances ou même des fêtes, Wu Tsang s’intéresse aux histoires invisibilisées et aux trajectoires marginalisées. En maîtrisant parfaitement le fond et la forme, elle propose des œuvres engagées, rythmées, intelligentes, impactantes. Elle transformera la fondation autour d’un nouveau film produit au Schauspiel de Zürich, et de la vidéo One emerging from a point of view, filmée sur l’île grecque de Lesbos, autour des questions de migration. 

Infos: du 21 octobre 2020 au 3 janvier 2021, Lafayette Anticipations

Sophie Peyrard