Peter Doherty en concert à Paris ? Rien d’exceptionnel, pensez-vous. Détrompez-vous : dans son plus simple appareil, l’Anglais à une nouvelle fois charmé la Maroquinerie d’un set habile et touchant. On y était, on vous raconte, vidéos à l’appui.
Le 9 mai à Paris, Maroquinerie
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Il y a presque trois ans, invité à reprendre un morceau du répertoire Disney au festival londonien Meltdown, Peter Doherty a choisi Chim-Chim Cher-ee (en VF, Chem Cheminée), le meilleur extrait de Mary Poppins. C’est le passage où des ramoneurs fanfaronnent sur les toits au clair de lune, un rôle dans lequel on l’imagine sans difficulté sauf que, seul à la guitare au Royal Festival Hall, l’enfant terrible du rock anglais en a donné une version en mode ritournelle patraque, bouleversante de sobriété.
On le retrouve exactement dans le même état sur la scène de la Maroquinerie, où l’Union Jack flotte fièrement. Avec son costume de croque-mort et son chapeau, Peter Doherty débarque seul, simplement armé d’une guitare, et interprète dix-neuf chansons sans setlist pré-établie, sans interruption, sans aucun rappel – il n’a pas l’habitude de se plier au jeu convenu de la fausse fin et des rappels à la chaîne.
Pas de chichis non plus dans son jeu de guitare manouche, propre et carré, ni dans ses manières, gouailleuses juste comme il faut. Et ça tombe bien, c’est justement comme ça qu’il se révèle le plus touchant, quand il met de côté ses déboires (inter)minables pour se recentrer sur ce qui compte : ses mélodies crève-cœur (You’re My Waterloo et Ballad Of Grimaldi, enchaînées à la suite), ses[attachment id=298] brûlots fougueux (Time For Heroes, What A Waster, The Good Old Days), ses berceuses pour chat de gouttière (Music When The Lights Go Out, Salomé, The Lost Art Of Murder).
On apprécie quand il ressort les raretés (Dilly Boys, Hooligans On E, Love Reign O’er Me), dévoile une nouvelle chanson très prometteuse (avec le refrain « tu ne vas nulle part, mais nulle part est sur mon chemin ») et accepte les suggestions du public, très calme pour une fois. D’ailleurs, Doherty le remarque entre deux chansons : « Vous êtes très disciplinés. C’est un changement agréable, surtout pour un concert en France. »
On rappelle que le concert a été annoncé une poignée de jours avant, que les places se sont évidemment écoulées en un clin d’œil, que le management n’a pas voulu distribuer les habituelles invitations gratuites aux journalistes et photographes. Et pour couronner le tout, Peter Doherty a déjà joué plusieurs fois dans la capitale depuis le début de l’année.
C’est donc dans un calme recueilli et attentif que les spectateurs savourent l’instant – peut-être sont-ils aussi complètement assommés par la ribambelle de premières parties (le jeune duo français Lucky Clover, l’Anglaise hilare Anto Dust et Alan Wass, inséparable copain de Doherty). Quelle qu’en soit la raison, la folie un peu épuisante qui explosait en éruption volcanique à la moindre de ses apparitions s’est évaporée, au moins le temps d’une soirée. Derrière la suie et les tribulations, ses pépites peuvent enfin étinceler dans la nuit parisienne.
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