Geneviève est enceinte de Guy, parti combattre en Algérie. Sa mère, marchande de parapluies, la contraint à épouser un diamantaire, Roland, qu’elle n’aime pas. Après en avoir rêvé pendant plusieurs années sans pouvoir le faire, faute de moyens, Jacques Demy parvient enfin à tourner une comédie musicale et, avec son comparse Michel Legrand, il réinvente […]
Geneviève est enceinte de Guy, parti combattre en Algérie. Sa mère, marchande de parapluies, la contraint à épouser un diamantaire, Roland, qu’elle n’aime pas.
Après en avoir rêvé pendant plusieurs années sans pouvoir le faire, faute de moyens, Jacques Demy parvient enfin à tourner une comédie musicale et, avec son comparse Michel Legrand, il réinvente le genre quasiment à partir de zéro. La grande idée du cinéaste, c’est le décloisonnement. Au lieu de conter une histoire guillerette qui finit par des chansons, il trousse un pur mélodrame à l’ancienne, qu’il habille de couleurs pimpantes et d’airs gais. Conception presque schizophrène : dans un même plan peuvent cohabiter les rires et les pleurs. Ensuite, bien qu’il admire le musical hollywoodien et s’en inspire, Demy en prend le contre-pied en allant tourner dans la rue, comme dans ses films précédents, influencés par la Nouvelle Vague. Il tournera plus tard en studio, mais pour l’heure, il s’attache à plier la réalité à ses désirs. Ensuite, il y a l’idée, inouïe, de faire chanter tous les dialogues du film, chose inédite au cinéma. C’est-à-dire qu’au lieu de déclarer « Je t’aime » ou « Passe-moi le sel », on le chante. Effet génial. L’air de rien, Demy vient d’inventer l’opéra cinématographique ou l’opérette brechtienne car distanciation et art populaire se conjuguent ici. C’est à la fois complètement décalé et plus vrai que n’importe quel film hollywoodien. Comme l’écrit Camille Taboulay, « Plongé dans le Demy-monde, le spectateur, euphorique, reçoit en plein cœur la belle panique de la vie… »
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
{"type":"Banniere-Basse"}