Une déconstruction de la famille sous forme de fables fantasques.
Il y a Papa, le gros costaud ultrasensible qui meurt et renaît régulièrement, le colérique et insatisfait Toto, fiston monté en graine dont le visage déjà tout ridé reflète les contrariétés provoquées par les nouvelles responsabilités – il est devenu père à son tour. Quant à Maman, au physique crumbien, elle aime tous les enfants jusqu’à ce qu’ils vieillissent et perdent grâce à ses yeux.
Depuis quelques années, Lucas Méthé se consacre à cette drôle de famille – “une maison de fous”, selon la fiancée de Toto – dont chaque membre cherche à s’émanciper de son rôle programmé… à commencer par la chèvre Biquette qui se rêve en castor.
Avec son trait libre et végétal, le dessinateur français transmet une forte énergie graphique à cette suite de contes champêtres délirants dont on peinera à énoncer la morale, petit théâtre de cruautés familiales dont les racines semblent à chercher autant du côté du Pim Pam Poum de Rudolph Dirks que dans les œuvres plus fantasques de Topor, Fred ou Nicole Claveloux.
Chapitre après chapitre, Méthé arrive à maintenir cette séduisante atmosphère surréaliste où rien n’est acquis ou attendu (le voyage dans l’espace avec une fusée creusée dans un tronc !). Un livre dépaysant, ambigu et sauvage.
Maman amoureuse de tous les enfants (Actes Sud BD), 112 p., 22€