On retrouve le bon vieux mais toujours vert Nick Cave en crooner possédé dans trois rééditions envoûtantes – trois albums primordiaux dans la longue carrière de l’Australien, en écoute ici-même.
Pas trop partisan du “deux salles, deux ambiances”, Nick Cave aime à couler ses disques dans une unité de ton, de lieu et d’action. Ainsi, Tender Prey, dernier album de l’ère berlinoise, en porte-t-il encore les traces : gris pluvieux mais à l’architecture aussi décousue qu’enthousiasmante. “Einmal Berlin, immer Berlin”, disent ses habitants. The Mercy Seat une fois, The Mercy Seat toujours, peut répondre Nick en écho. Ce titre grandiose, grigri de l’Australien en live, ouvre le disque sur un incroyable crescendo narratif.
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[attachment id=298]Nick Cave affiche son goût pour l’humour macabre sur Up Jumped the Devil, affine son art du songwriting avec Deanna, voire du songwriting imbibé sur Slowly Goes the Night ou ce New Morning sur le fil. Pour la tendresse, il faudra attendre The Good Son, en 1990 : l’entame sur le romantique Foi Na Cruz relègue soudain très loin les atmosphères foutraques de Tender Prey.
Nick Cave y fait ses classes de crooner, adoubant la composition au piano. Disque plus serein qui respire le soleil du Brésil et l’apaisement d’un Nick amoureux et clean, The Good Son ne porte aucune trace des sons du cru et privilégie (trop) les ballades. Mais sur les classiques langoureux comme The Ship Song ou The Weeping Song, l’Australien commence à orienter ses fans vers ce que sera demain. Retour aux grandes déclarations rock avec Henry’s Dream, qui croise plusieurs destinées au gré de dix plages de haute volée.
Si La Nuit du chasseur était un disque, ce serait ce road-movie musical tout en violence sousjacente, avec des Bad Seeds au top. Nick Cave, plus prêcheur perché que jamais, y déclame d’une voix sépulcrale sur Christina the Astonishing ou John Finn’s Wife. Le son d’Henry’s Dream sera déprécié par son auteur, la faute au clinquant d’une production qui lui a échappé. Il reste pourtant un sommet sans âge mais pas sans âme qui hisse son ours mystique de créateur au niveau de Tom Waits, Leonard Cohen ou Bob Dylan.
Albums : Tender Prey ; The Good Son ; Henry’s Dream (Mute/EMI)
NB: Henry’s Dream et The Good Son en écoute, respectivement à cette adresse et à celle-ci.
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