Frédéric Mitterrand a obtenu la nomination d’un de ses plus proches conseillers, Mathieu Gallet, à l’Institut national de l’audiovisuel. Ce choix fait beaucoup de jaloux : l’intéressé a 33 ans et manque d’expérience. En partenariat avec Rue89.
[attachment id=298]Frédéric Mitterrand a obtenu la nomination d’un de ses plus proches conseillers, Mathieu Gallet, à l’Institut national de l’audiovisuel. Ce choix fait beaucoup de jaloux : l’intéressé a 33 ans et manque d’expérience.
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Diriger l’INA, ce n’est plus seulement gérer en bon père de famille les archives de la télévision. Le PDG sortant, Emmanuel Hoog, a voulu en faire une machine commerciale et un acteur majeur d’Internet.
La bataille pour la présidence de l’INA commence début avril, avec le départ d’Emmanuel Hoog pour l’AFP. Le ministre de tutelle, Frédéric Mitterrand, a déjà choisi son candidat : le directeur adjoint de son cabinet, Mathieu Gallet. Nicolas Sarkozy n’est pas convaincu.
Une ascension très rapide
Mathieu Gallet n’a que 33 ans, et il n’a jamais dirigé d’entreprise. L’INA emploie tout de même un millier de personnes, et l’ambiance y est tendue. Le nouveau PDG devra être capable de mener à bien les négociations sur une nouvelle convention collective, pour l’instant bloquées.
Frédéric Mitterrand a d’autres arguments à faire valoir. Mathieu Gallet connaît très bien le secteur et la rapidité de son ascension démontre son sens politique.
Mathieu Gallet est passé, successivement, par le label de musique classique Erato Disques (filiale de Warner), Pathé, Studio Canal (filiale cinéma de Canal+), avant de s’occuper du lobbying du groupe Canal+ auprès des politiques.
Il bascule en politique en 2006, en rejoignant le cabinet de François Loos, alors ministre de l’Industrie. Mais c’est auprès de Christine Albanel qu’il se fera un nom. Comme conseiller technique chargé des médias, il participe aux deux principales réformes confiées à la ministre de la Culture :
- – la réforme de France Télévisions, imposée par l’Elysée
- – la loi Hadopi contre le téléchargement illégal
Mathieu Gallet survit même au départ de Christine Albanel, en 2009. Mieux : il est promu au poste de directeur adjoint du cabinet par Frédéric Mitterrand. Il gère tous les dossiers concernant les médias. Par exemple, l’avenir de l’INA et la succession d’Emmanuel Hoog…
Frédéric Mitterrand a donc obtenu gain de cause. Le décret de nomination de Mathieu Gallet au conseil d’administration de l’INA a été publié ce mercredi dans le Journal officiel. Il ne reste plus qu’une formalité à remplir, l’élection officielle du PDG par les administrateurs.
Des candidats expérimentés -et plus âgés- ont été envisagés. Camille Pascal, secrétaire général du groupe France Télévisions, s’est même déclaré candidat publiquement. Contacté par Rue89, il refuse de commenter la nomination de Mathieu Gallet :
« J’ai été officiellement et publiquement candidat, la décision a été prise. Je connais bien Mathieu [Gallet, ndlr], ce n’est en rien un combat personnel. »
Camille Pascal assure que sa candidature « a été étudiée très sérieusement », même s’il n’a pas rencontré Frédéric Mitterrand ou des membres de son cabinet pour la défendre.
Le cabinet de Frédéric Mitterrand, justement, reste silencieux. Aucune réponse, pour l’instant, à nos demandes d’explications sur le choix du ministre et d’entretien avec Mathieu Gallet.
Les salariés de l’INA veulent « juger sur pièces »
Chez les salariés de l’INA, on préfère attendre pour voir. Pas d’enthousiasme pour ce PDG de 33 ans, mais pas d’hostilité de principe. Françoise Lamontagne, déléguée CGT, explique :
« On jugera sur pièces. Ce qui nous intéresse, c’est sa lettre de mission et ce qu’il va faire dans l’entreprise. Les négociations sur la convention collective sont suspendues depuis la nomination d’Emmanuel Hoog à l’AFP, et il sera difficile d’aboutir à la date prévue, le 9 juillet. »
Economiquement, en revanche, « l’INA est une entreprise qui va bien », admet la syndicaliste. En neuf ans, Emmanuel Hoog l’a profondément transformée. Le site Ina.fr est ainsi devenu une nouvelle source de revenus, avec la vente d’archives aux internautes, et plus seulement aux professionnels. Autre débouché : le développement et la vente de technologies de numérisation des images et de lutte contre le piratage.
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