Notre sélection hebdomadaire de spectacles à ne pas louper.
Nous campons sur les rives, de Mathieu Riboulet, mise en scène Hubert Colas
Découvrir des auteurs est l’un des plus beaux atouts du théâtre et ce n’est pas Hubert Colas, auteur, metteur en scène et fondateur du Festival Actoral à Marseille qui dira le contraire. C’est du reste à Actoral qu’il a déjà invité plusieurs fois l’écrivain Mathieu Riboulet. Pour sa création au théâtre Nanterre-Amandiers (du 23 au 26 janvier et du 6 au 9 février), Hubert Colas réunit sous un titre unique, Nous campons sur les rives, deux textes de Mathieu Riboulet et deux acteurs, Frédéric Leidgens et Thierry Raynaud qui l’accompagnent dans (presque) toutes ses créations théâtrales. Frédéric Leidgens prend en charge le premier texte, Nous campons sur les rives, une allocution commandée à Mathieu Riboulet par l’historien Patrick Boucheron pour le Banquet du livre de Lagrasse en 2017. Thierry Raynaud interprète Dimanche à Cologne, extrait de Lisières du corps, dont le seul titre fait rêver. Deux introductions à cette “convocation de l’intime (qui) ne passe pas par l’autofiction, mais nous met en contact avec un intime viscéral qui, tout en étant au plus proche de l’auteur, nous renvoie aussi à nous-mêmes”, constate Hubert Colas.
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Massacre, de Lluïsa Cunillé, mise en scène Tommy Milliot
Les choses vont vite pour Tommy Milliot, jeune metteur en scène primé au Festival Impatience de 2016. Cet été, on applaudissait sa mise en scène de La Brèche de Naomi Wallace au Festival d’Avignon. On le retrouve au Studio-Théâtre de la Comédie-Française avec Massacre de Lluïsa Cunillé, du 23 janvier au 8 mars. Lui aussi, passé d’ailleurs par le Festival Actoral à ses débuts, s’intéresse exclusivement aux auteurs contemporains. Il nous fait découvrir l’autrice catalane Lluïsa Cunillé avec cette pièce qui réunit dans le huis clos d’un hôtel perdu dans les montagnes, trois femmes, toutes à une étape cruciale de leur vie. “Toute la pièce est arrimée à des situations très concrètes ; ce qui en fait la particularité, c’est qu’on a l’impression que l’autrice les explore au microscope. Son déroulement s’inscrit dans un avant et un après auxquels on n’a que partiellement accès. C’est aussi un théâtre de la douleur, une douleur rentrée”, indique Tommy Milliot qui signe également la scénographie de Massacre. Un espace qu’il dit construire petit à petit, “sans jamais venir se plaquer sur l’écriture, mais en l’accompagnant”.
Vertiges, texte et mise en scène Nasser Djemaï
Jamais deux sans trois. Après Invisibles à la MC93 et Héritiers à la Colline début janvier, Nasser Djemaï présente Vertiges, toujours au Théâtre de la Colline, du 29 janvier au 8 février. Le vertige du titre résume le parcours de Nadir, quadragénaire divorcé essayant de se rapprocher de sa famille et du quartier de sa jeunesse et plongeant dans un monde appauvri, où certains se sont radicalisés et où son père se meure. Des trois pièces, Nasser Djemaï dit qu’elles ressemblent “à une tentative de consolation, de réparation avec le passé. Comme si j’avais besoin de sauvegarder encore un peu les derniers lambeaux de temps anciens, un temps que je n’ai jamais connu et qui lutte encore dans son dernier souffle contre un nouveau monde qui, lui, est en train de s’écrire et se dématérialiser sous nos yeux à la vitesse de l’éclair.”
Réouverture du Théâtre 14
Nommés l’an passé à la direction du Théâtre 14, Mathieu Touzé et Edouard Chapot font de sa réouverture un moment de fête théâtrale mémorable en annonçant : “C’est un immense honneur et une grande joie de pouvoir présenter le titre planétaire Clôture de l’Amour avec les rockstars Audrey Bonnet et Stanislas Nordey. Un spectacle fondamental dans notre vie de spectateurs qui a changé nos esthétiques, notre rapport au Théâtre et constitué indéniablement les professionnels que nous allions devenir. Nous sommes aujourd’hui directeurs pour permettre la transmission de ces chocs amoureux.” Après Marina Hands et Pascal Rambert qui ont joué Clôture de l’amour le 20 janvier et Audrey Bonnet et Stanislas Nordey le 21 janvier, Véro Dahuron et Guy Delamotte reprennent le 22 janvier, Reconstitution de Pascal Rambert. Puis, c’est Anne Théron qui prend la relève avec la création de Supervision de Sonia Chiambretto du 28 janvier au 8 février.
Le duo n’entend pas rester seul aux commandes du théâtre. Les artistes associés Yuming Hey, Sephora Pondi, Océane Cairaty, Olga Mouak et Estelle N’Dsendé participent également à la programmation du théâtre qui affiche les mois à venir les spectacles d’Elise Vigier, Louise Vignaud, Benoit Bradel, Cécile Backès, Laurent Cazanave, Olivier Py, Lola Naymard, Julie Guichard, tg STAN, Charles Berling et Eva Doumbia.
Le Silence et la peur, de David Geselson
C’est après sa création du formidable En route Kaddish en 2015 que David Geselson tombe sur une biographie de Nina Simone écrite par le journaliste David Brun-Lambert. Avec Le Silence et la peur, créé au TNB de Rennes du 22 au 29 janvier, David Geselson se jette à l’eau : “Nina Simone, presque trop connue pour que l’on puisse s’en approcher, est sans doute irreprésentable sur un plateau de théâtre. Jouer une Nina Simone, faire chanter comme Nina Simone, est un pari risqué : on sera toujours pâle à côté du réel. Pourtant il y a là quelque chose d’infiniment attirant. Parce qu’elle est, malgré elle, l’héritière directe d’une bonne partie de l’histoire des Etats-Unis et d’une part majeure de notre histoire commune elle est, aussi, le véhicule d’un héritage que nous avons à porter aujourd’hui.” Réunissant une équipe franco-américaine, Le Silence et la peur ne prétend pas “s’approprier une histoire qui n’est pas nôtre, celle des Afro-Américains, mais plutôt de tenter de faire communauté et de faire se rencontrer les protagonistes héritiers de deux histoires aux conséquences bien différentes pour tenter de construire, au-delà des blessures laissées par nos aïeux, un lieu commun”.
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