LE CARDINALUn an après son génial Tempête à Washington sur le Sénat américain, Preminger réalise une nouvelle fresque à la fois monumentale et intimiste, consacrée au fonctionnement de l’Eglise catholique, avec l’intention avouée de la décrire comme une organisation politique et de critiquer sa position complaisante lors de l’annexion de l’Autriche par Hitler. Lors de […]
LE CARDINAL
Un an après son génial Tempête à Washington sur le Sénat américain, Preminger réalise une nouvelle fresque à la fois monumentale et intimiste, consacrée au fonctionnement de l’Eglise catholique, avec l’intention avouée de la décrire comme une organisation politique et de critiquer sa position complaisante lors de l’annexion de l’Autriche par Hitler. Lors de la cérémonie où il est fait cardinal en 1939 à Rome, le Bostonien Stephen Fermoyle se souvient des principales étapes de sa vie. Un parcours qui pourrait sembler édifiant (le jeune prêtre découvre l’humilité dans un trou perdu du Canada, combat le racisme en Géorgie, devient un expert en diplomatie au Vatican et tente de convaincre l’évêque de Vienne du danger du nazisme), s’il n’était semé de tragédies privées directement causées par le rigorisme de sa foi ou son ambition carriériste. Lorsqu’il ne filmait pas des adaptations d’opéras ou de pièces de théâtre, Preminger aimait aborder les grands sujets de société et d’histoire, en adaptant les best-sellers du moment. Une tactique commerciale qui lui permettait d’évoquer des thèmes sensibles, comme ici les coulisses de l’Eglise, dans des films longs et au propos austère malgré la somptuosité des moyens mis en œuvre, et qui se révélait souvent payante (même si Le Cardinal fut un demi-échec à sa sortie et reste un titre sous-estimé et incompris). En effet, Preminger et ses scénaristes parvenaient à transcender un matériau littéraire médiocre, mélodramatique ou bien-pensant (comme pouvait l’être le roman d’Henry Morton Robinson) pour élever une superproduction au rang d’œuvre classique. Ainsi Le Cardinal est-il un film de moraliste sous des apparences de spectacle consensuel. Admirablement mis en scène et d’une intelligence mordante, Le Cardinal décortique une à une les ambiguïtés du pouvoir et de la foi, même si l’épisode viennois, sur l’intervention antinazie du Vatican, est empreint d’une forme d’idéalisme démocratique que Preminger était le premier à revendiquer.
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