Film a priori le plus atypique de Truffaut, et le seul tourné en anglais, cette adaptation du célébrissime roman de Ray Bradbury ne relève que superficiellement de la science-fiction. La limpidité de la fable satisfaisait le goût secret du cinéaste pour la structure du conte (déjà perceptible dans Tirez sur le pianiste et salué par […]
Film a priori le plus atypique de Truffaut, et le seul tourné en anglais, cette adaptation du célébrissime roman de Ray Bradbury ne relève que superficiellement de la science-fiction. La limpidité de la fable satisfaisait le goût secret du cinéaste pour la structure du conte (déjà perceptible dans Tirez sur le pianiste et salué par Truffaut critique chez Hitchcock, Lubitsch ou… Bergman), et cette célébration du livre libérateur, autant qu’un manifeste contre la censure, lui fournissait l’occasion explicite de faire entendre des livres lus à haute voix, comme dans Jules et Jim, comme plus tard dans Les Deux Anglaises. Et pourtant, Fahrenheit 451 reste sans doute son film qui comporte le plus de séquences muettes, mû sans doute par le rêve inaccessible de reproduire la facture hitchcockienne, en faisant une œuvre où le dialogue s’effacerait devant l’immédiateté visuelle, soutenue par une
musique forcément signée Bernard Herrmann. Un souci plastique (cadrages, raccords, couleurs) qu’on allait retrouver dans les deux adaptations de William Irish (comme Fenêtre sur cour !). Une émulation du Maître qui aboutit fatalement à de grands films malades, et qui rend Fahrenheit 451, film peu revu et mal aimé
(par Truffaut lui-même), d’autant plus attachant.
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