Mise en scène stérile, vacuité psychologique et pesanteur du discours dans ce film d’horreur inspiré par le génocidaire et ancien dictateur du Guatemala, Efraín Ríos Montt.
Après le sort des Indiens (Ixcanul, 2014) et des homosexuels (Tremblements, 2019), le réalisateur guatémaltèque Jayro Bustamante s’empare d’un autre dossier brûlant de son pays natal : le génocide perpétré par le colonel Efraín Ríos Montt à la suite du coup d’Etat qui l’a installé à la tête du Guatemala entre 1982 et 1983, puis la suspension de son jugement pour crime contre l’humanité en 2013.
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Toujours la même vigueur politique chez Bustamante, à cette grande différence près qu’il abandonne ici le drame pour s’essayer au film d’horreur en ravivant une vieille légende d’Amérique latine : la Llorona (la pleureuse). Les raisons : attirer un public plus jeune qui aime avoir peur au cinéma, confesse le réalisateur.
On passera vite sur cette justification (c’est connu, le jeune public ne s’adonne qu’à la quête effrénée de ses passions et n’aurait jamais pu se sentir concerné autrement par cet épisode de l’histoire), car, malgré cette complaisance, épouser le film de genre semblait être la meilleure nouvelle qui soit pour enfin détourner Bustamante des pesanteurs cinéma-sujet.
Malheureusement, à la fois amorphe sur la représentation de l’épouvante et uniquement voué à la formulation d’un discours, c’est au contraire toute la raideur et l’inopérance de son cinéma qui sont, plus que jamais, exhibées. Si l’investissement de Bustamante dans la densité de sa mise en scène et de ses personnages était proportionnel à la vivacité de son engagement politique, nul doute que le travail d’un cinéaste et non seulement d’un procureur apparaîtrait enfin.
La Llorona de Jayro Bustamante avec María Mercedes Coroy, Sabrina de La Hoz (Gua., Fr., 2019,1h37)
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