Le Crime était presque parfait Reprise Avec Le Crime était presque parfait, on est en pleine « trahison télévisuelle post-cinéma » pour paraphraser les bricolages théoriques de Loulou S. (voilà une matrice plausible de la série Colombo). Ce film de chambre repose aussi sur une vieille aspiration du cinéma : la reproduction des trois dimensions. Or, à […]
Le Crime était presque parfait
Reprise Avec Le Crime était presque parfait, on est en pleine « trahison télévisuelle post-cinéma » pour paraphraser les bricolages théoriques de Loulou S. (voilà une matrice plausible de la série Colombo). Ce film de chambre repose aussi sur une vieille aspiration du cinéma : la reproduction des trois dimensions. Or, à l’instar du « plan unique » de La Corde, le relief n’engendrera que quelques expériences isolées et ne deviendra jamais un outil répandu du cinéma. Si les trois dimensions donnent lieu à de jolis effets (une paire de ciseaux se détachant de l’écran pour venir flirter « dangereusement » avec le nez du spectateur…), il faut bien admettre que ce film qui décline l’éternel thème hitchcockien de l’échange de culpabilité peut aussi bien s’apprécier en version « normale », le 3D apparaissant comme un simple gimmick dont l’apport essentiel (mais pas indispensable) consiste à surligner la profondeur de champ.
Le procédé du relief est finalement peu intéressant pour plusieurs raisons. Il nécessite une logistique technique un peu compliquée : projecteurs spéciaux, lunettes à distribuer aux spectateurs… Il devient vite fatigant pour les yeux et convient mieux au format court (cf. le clip de Michael Jackson diffusé à Disneyland). Surtout, le relief au cinéma est inutile, pléonastique, car il existe déjà : la troisième dimension est suggérée par la profondeur de champ et par le travelling avant/arrière qui permettent de creuser la surface bi-dimensionnelle de l’écran. On soutiendra aussi que la troisième dimension prend vraiment corps dans le regard et le cerveau du spectateur. De son siège, il reçoit les informations projetées sur l’écran via le projecteur situé derrière lui et il « projette » lui-même vers le film ses propres pensées et réactions il se fait son film en même temps que le film qui défile. Cette circulation permanente entre l’écran et le spectateur, ce dédoublement entre images filmées et images mentales constituent le vrai relief du cinéma. Hitchcock le sentait d’ailleurs tellement bien qu’il n’a plus jamais fait de film en 3D, mais plutôt des chefs-d’œuvre métaphorisant cette relation cinéma/spectateur (Fenêtre sur cour, La Mort aux trousses…), des films qui possèdent tellement de « relief » qu’ils rendent parfaitement dispensable et obsolète le procédé 3D. Quant au Crime…, ça reste un délice de ciné-théâtre à l’anglaise.
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