Fermé depuis juin dernier, le Péripate va rouvrir, Fawa, un collectif de trois anciennes du club alternatif, ayant remporté l’appel à projet de la Ville.
Quel avenir pour le Péripate et pour son restaurant, le Freegan Pony ? En juin 2019, le club alternatif avait fermé à la suite, dit-on, des pressions de la préfecture après un signalement du SNEG & CO pour concurrence déloyale – le syndicat de lieux festifs représentant, historiquement, plusieurs établissements de nuit gays, reprochant à l’ancien squat de ne pas respecter les réglementations en vigueur.
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Le futur de ce lieu emblématique de la fête underground à Paris, réputé pour ses nuits déchaînées et ses horaires à rallonge, prisé par les fêtards hédonistes en général et les clubbers gays et queers en particulier, semblait alors plus qu’incertain. L’annonce, en décembre dernier, d’un appel à projet par la Ville de Paris pour la reprise de l’espace, avait largement rouvert le champ des possibles – et mis potentiellement en difficulté Aladdin Charni, l’incontournable squatteur qui avait ouvert le Péripate en 2015 après feu le Pipi Caca, et obtenu une convention d’occupation de deux ans, arrivée à son terme en décembre 2019.
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Et il semblerait qu’en effet, le vent ait tourné concernant ce local atypique de près de 1000 mètres carrés situé sous le périphérique dans le 19ème arrondissement. Jeudi 15 janvier, la décision de la mairie de Paris est tombée, et c’est le collectif Fawa, mené par trois femmes familières des lieux, qui reprend la gestion de l’espace pour une durée de 5 ans : Camelia Ben et la DJ Corbeille Dallas, passées toutes les deux par plusieurs postes au sein de l’ancien Péripate, seront accompagnées de Jane Sargos-Vallade, régisseuse anciennement en charge de la gestion administrative du lieu. Déposé début janvier, le dossier d’Aladdin Charni n’a de son côté pas été retenu.
https://twitter.com/jb_r/status/1217509594773315585
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“Fawa est un projet visant à soutenir et encourager le développement d’initiatives alternatives, sociales et écologiques, à travers l’organisation d’évènements culturels, solidaires et culinaires” a annoncé le collectif dans un communiqué. Dans la lignée du Péripate et du Freegan Pony, les trois porteuses du projet devraient en effet préserver la double identité du lieu : côté restauration, elles envisagent de rouvrir rapidement le restaurant solidaire en investissant progressivement dans de nouveaux équipements.
Côté fête, elles prévoient l’organisation de deux soirées par mois, préservant – on l’espère – l’atmosphère libertaire et queer propre à l’espace depuis son ouverture. “Fawa envisage les deux versants de cette identité comme devant communiquer l’un avec l’autre afin de créer et de renforcer le lien social” poursuit le communiqué. “Il s’agit d’un enjeu particulièrement important dans une zone d’interfaces et d’infrastructures qui créent des frontières et des obstacles entre Paris et sa proximité et entre leurs habitants”.
Plusieurs challenges
Un projet, donc, qui s’inscrit dans la continuité du Péripate mais semble-t-il plus en accord avec les réglementations et les demandes de la mairie – un critère décisif, se dit-il, dans la décision de cette dernière. Si la convention entre Fawa et la Ville doit encore être soumise pour approbation au prochain Conseil de Paris, le collectif célèbre déjà publiquement sa victoire : “Fawa et toute l’équipe de l’association sommes heureux‧se‧s et honoré‧e‧s du choix fait par la Ville de Paris et nous nous réjouissons de pouvoir redonner pleine vie à un lieu à la fois emblématique de la vie nocturne parisienne et charnière pour la construction de solidarités entre Paris et la petite Couronne. Nous sommes aussi conscient‧e‧s de l’ampleur des défis économiques et techniques devant nous. Nous donnons rendez-vous à nos publics pour notre ouverture dans les prochains mois” ont déclaré Camelia Ben, Jane Sargos-Vallade et Corbeille Dallas.
Et en effet, plusieurs challenges attendent le collectif, qui n’a pas encore récupéré les clefs : mener à bien les travaux nécessaires afin de mettre l’espace davantage aux normes, notamment sur la sécurité et la ventilation, et fédérer la communauté des fidèles du Péripate autour de ce nouveau projet, pour commencer. Du côté du Conseil de Paris, celui-ci devrait a priori ratifier la décision de changement d’équipe sans trop de problèmes, l’adjoint à la maire Frédéric Hocquard chargé de la vie nocturne et de la diversité de l’économie culturelle ayant même relayé la nouvelle sur son compte Twitter. Les teufeurs parisiens ont encore de belles nuits devant eux.
C’est donc le projet Fawa qui succédera au Peripate/freegan poney porte de la Villette
L’aventure continue avec un projet de Restauration solidaire et responsable, créatif, festif, nocturne et féminin.
💚💪🌙🎉 pic.twitter.com/ssUNmxUZXW— Frédéric Hocquard (@Fredhoc) January 15, 2020
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